La Belgique en passe de devenir un narco-État? Notre spécialiste tempère: "Ce n'est pas Marseille"

C'était l'une des phrases choc de l'interview de François De Smet ce mercredi face aux Puncheurs. "On est en train de se transformer en narco-État. Voyez comme le trafic s'est installé à Baltimore, en Colombie ou à Marseille, c'est le même schéma qui s'installe", déclarait le président de DéFI ce mercredi soir. 

Ce jeudi sur le plateau du RTL info 13H, notre journaliste spécialisée dans les affaires judiciaires, Dominique Demoulin, a tempéré ces propos. "Un narco-État, c'est un État dont toutes les institutions sont gangrénées par la drogue. On n'en est pas là en Belgique, il n'y a pas un écroulement de l'État et une corruption généralisée. Ce à quoi on assiste ces derniers jours, ce sont des guerres de territoire entre gangs rivaux", explique-t-elle. 

"Bien sûr, cela crée de l'insécurité, mais heureusement ce n'est pas Marseille, pas encore disent certains. À titre de comparaison, à Marseille en 2023 on a enregistré 150 fusillades, 120 blessés et 47 morts. On est loin de ça à Bruxelles, même s'il est vrai que les truands marseillais sont présents. On constate par contre que la drogue s'infiltre dans tous les milieux. Parmi les prévenus jugés en ce moment au méga procès Sky ECC, il y a un avocat, un policer, un frituriste à côté de chimistes colombiens et de trafiquants albanais. Il y a peu, on a découvert des pacsons de cocaïne dans un cabinet ministériel", poursuit-elle. 

"Les revenus de la drogue génèrent une économie parallèle et illégale qui entre en concurrence avec l'économie légale et qui la menace. Ce ne sont pas seulement des trafiquants de drogue contre lesquels il faut lutter, disent les policiers, ce sont des groupes criminels structurés et internationalisés qui ont mis en place leur propre économie. À côté de la drogue, ils sont aussi actifs dans le trafic de migrants, la prostitution, les armes,... l'ennemi est une pieuvre", conclut Dominique Demoulin.