En pleurs, Marc Tarabella s'exprime pour la première fois sur "la pire période de sa vie"

Pour la première fois depuis le début du scandale qui entoure le Parlement européen, Marc Tarabella a pris la parole spontanément et s'est livré sur ses sentiments et la façon dont il a vécu le dossier du Qatargate.

Face aux caméras, l'eurodéputé a commencé par retracer jour après jour la manière dont les choses ont débuté. C'était le 9 décembre dernier, quand on apprend que Pier Antonio Panzeri est lié à une affaire de corruption. "J'ai été surpris, je suis tombé des nuées. J'ai pensé à une erreur", confie Marc Tarabella à propos de celui qu'il considérait comme "un ami".

"L'impensable" se produit

C'est le jour suivant que sa vie va basculer. Le soir du 10 décembre, il est en famille lorsque "l'impensable" se produit: "Des policiers, nombreux, arrivent à la maison, acccompagnés du juge d'instruction et de ma présidente d'assemblée pour une perquisition", se souvient-il. Il se dit "stupéfait", "abasourdi". "Ma femme et mon fils sont sous le choc."

Les agents sont venus chercher de l'argent liquide, des objets de luxe. Mais Marc Tarabella affirme ne pas comprendre et ne rien avoir à se reprocher. "La suite, vous la connaissez...", poursuit-il. 

"J’ai lu beaucoup de choses, parfois absurdes, choquantes, beaucoup de choses qui m’ont fait beaucoup de mal", rajoute l'eurodéputé lors de son point presse. "Ces choses venaient en fait de celui que je croyais être mon ami, mon pote de longue date." 

Les larmes aux yeux

Pris soudainement par l'émotion, Marc Tarabella ne peut retenir ses larmes: "Je vois mon visage à la Une du JT. Tous les soirs, mon nom est partout, dit-il la gorge serrée. Le nom que porte ma famille, ma maman, ma femme, ma soeur, ma fille, mon fils… qui, eux non plus, n’ont jamais mérité ça. Tout ça sur la seule base de dires d'un homme qui aurait admis par la suite être à la tête de l'organisation criminelle et qui a jeté mon nom en pature pour espérer ne pas être dévoré. On a tous, un jour, été déçu par un ami qui vous a menti."

Pendant plusieurs mois, il fait le choix de se taire et de ne pas répondre aux demandes d'interview. Il rappelle qu'il a été perquisitionné à plusieurs reprises: chez lui, à la commune, à son bureau au Parlement européen. "Aucune perquisition n’amènera le moindre élément", affirme-t-il. 

"Et puis, c'est l'horreur : je passe plusieurs mois en prison", continue-t-il de raconter. "Malgré la détention, je n'avais rien d'autre à leur donner que la vérité. J'ai répondu à tout." 

"Je ne suis pas dans la rancœur, même si j’ai beaucoup souffert"

Le juge d'instruction a décidé, deux jours avant la Chambre du conseil, de lui retirer son bracelet électronique. La détention préventive n'est plus justifiée. "Après 5 mois, avoir traversé cette période difficile, la pire période de ma vie, même si le combat n'est toujours pas fini, j’accueille la décision prise par juge d’instruction hier très favorablement."

"Je ne suis pas dans la rancœur, même si j’ai beaucoup souffert", conclut-il.

Marc Tarabella affirme en effet que son accusateur ment pour se protéger. Mais il ne peut pour l'instant apporter aucun élément pour ne pas entraver la procédure. "Je veux bien prendre la position qui viendrait à dire qu'il est coupable à la fin. Vivre ce qu'il a vécu, c'est dur pour tout le monde. Mais comme il l'a dit, vivre ce qu'il a vécu alors qu'on est innocent...", expose son avocat Maxim Töller.

Son avocat, , rappelle que Marc Tarabella reste inculpé et va continuer à participer à l'enquête et répondre aux questions. L'eurodéputé va cependant faire des demandes pour pouvoir occuper à nouveau sa fonction de bourgmestre d'Anthisnes.