Accueil Actu Belgique Société

"Aucun vétérinaire de garde n’a voulu se déplacer pour soigner mon chien hurlant à la mort": Agnès est en colère, que répondent les professionnels ?

Impossible de trouver un vétérinaire de garde à domicile. C’est le constat amer dressé par Agnès. Elle nous raconte la difficulté à trouver un vétérinaire pour soigner son chien en urgence. Une situation "inacceptable" pour cette habitante de Montigny-le-Tilleul. Qu’en est-il exactement ? Les vétérinaires se déplacent-ils de moins en moins ?  

Il y a quelques semaines, Agnès a vécu un "dimanche d’enfer". Son chien Gamin, âgé de 15 ans, est victime d’une crise probablement d’arthrose. "C’était très douloureux. Dès qu’il bougeait, il se plaignait. C’était même hurler à la mort. J’ai dû fermer les fenêtres de la maison pour ne pas réveiller les voisins", se souvient cette habitante de Montigny-le-Tilleul, dans le Hainaut. 

Edition numérique des abonnés

D’après Agnès, la douleur est tellement forte qu’il est impossible de le déplacer. "Il ne savait plus poser la patte par terre. Dès qu’il bougeait un peu, il avait mal. Il était donc intransportable", assure-t-elle. 

 J’ai téléphoné de 7h du matin à plus de 15h30 

Très inquiète, Agnès décide de trouver un vétérinaire qui pourrait venir le soigner à son domicile. "J’ai passé de 7h du matin à plus de 15h30, toute la journée à téléphoner. J’ai composé tous les numéros que j’ai pu trouver sur internet. Les vétérinaires de garde, les cabinets vétérinaires...", explique la propriétaire de Gamin. 

Mais ses nombreuses tentatives restent vaines. Aucun vétérinaire n’est disposé à se rendre chez elle. "Personne ne savait se déplacer. Je devais me rendre à leurs cabinets, mais c’était impossible", martèle la sexagénaire. 

Edition numérique des abonnés

Face à cette situation, Agnès est totalement désemparée. "Je ne savais plus quoi faire. Et quand j’ai posé la question, on m’a dit : "Je ne sais pas". Que l’on ne me trouve aucune solution, aucun conseil pour soulager Gamin, je trouve ça inacceptable", estime-t-elle. 

"J’ai eu plus mal de voir mon chien souffrir que d’accoucher"

Au fil des heures, Agnès ressent même un sentiment de colère monter en elle. "J’ai dit : "Comprenez-moi, mon animal souffre".  J’étais carrément perdue, épuisée. Cela a été le dimanche le plus douloureux de toute mon existence. J’ai eu plus mal de voir mon chien souffrir que d’accoucher. C’était horrible"

"Les urgences, c’est notre quotidien"

En tant que vétérinaire, Fabienne Marchand est habituée à devoir gérer ce type d’urgences. Tous les jours, son agenda est chamboulé par des demandes inopinées. "Les urgences, c’est parfois compliqué quand on est occupé à autre chose, mais cela fait partie de notre quotidien. Et forcément, on essaie de faire au mieux parce que ce n’est pas toujours facile d’intercaler", confie le docteur qui est responsable d’un cabinet vétérinaire à Écaussinnes. "Mais pour nous, c’est le soin, l’animal qui est le plus en difficultés qui prime", ajoute-t-elle. 

Edition numérique des abonnés

Au moment de notre entretien, le docteur Marchand est justement en train de soigner Toby, un chien âgé de 14 ans. Victime d’un accident avec une camionnette, il vient d’arriver en urgence avec sa propriétaire Aline. "On va voir si son état de choc se stabilise et, en fonction de ça, on verra s’il rentre à la maison, si tout va bien", explique la vétérinaire à la fin de la consultation.  

Le déplacement, un problème de plus en cas d’urgence 

D’après elle, la majorité des vétérinaires font le maximum pour satisfaire les demandes de soins et surtout les soins urgents. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un métier en pénurie. Se déplacer devient dès lors problématique car cela représente une perte de temps non-négligeable. 

Edition numérique des abonnés

"Si un vétérinaire ne se déplace pas, ce n’est pas parce qu’il ne veut pas mais parce qu’il ne peut pas. Si vous devez faire 20km pour soigner un chien pour lequel il faut faire des radios, il faudra quand même venir au cabinet. Vous avez juste perdu du temps puisque nous ne sommes pas équipés sur place pour ce genre d’examens", souligne Fabienne Marchand, tout en précisant que certains confrères ont développé des soins à domicile avec des véhicules adaptés. 

Le mal-être des vétérinaires qui quittent la profession 

La vice-présidente de l’union professionnelle des vétérinaires constate d’ailleurs avec regret les nombreux départs dans la profession. "On a 30 à 40% des jeunes vétérinaires qui changent de métier après 5 ans de diplôme. Les confrères qui partent en pension ne sont pas suffisamment remplacés", indique-t-elle. 

Une situation liée à un certain mal-être. Les vétérinaires sont confrontés à une augmentation du stress et de la charge de travail. "Les soins aux animaux sont en hausse. On travaille entre 60 et 70 heures par semaine. C’est difficile avec une vie de famille. Des confrères ne tiennent pas le coup", regrette le docteur.

Edition numérique des abonnés

De multiples agressions 

Un phénomène plus récent contribue également à ce mal-être : le lynchage sur les réseaux sociaux. "Quand vous n’êtes pas disponible en un claquement de doigt, vous vous faites agresser", regrette Fabienne Marchand. 

Pour la fédération, il devient urgent et nécessaire de se pencher sur les conditions de travail des vétérinaires pour éviter une pénurie plus importante, mais aussi pour continuer à assurer des soins de qualité. 

Aujourd’hui, Agnès reste inquiète pour l’avenir. Sous traitement, son chien se trouve dans un état stable. Mais elle craint une nouvelle crise. "Je suis vraiment en colère parce que si cela se reproduit, je fais quoi ? Pour moi, il faut trouver des solutions tout de suite et pas attendre. Parce qu’un animal qui souffre, c’est inacceptable", répète la sexagénaire. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous

Commentaires

2 commentaires

Connectez-vous à votre compte RTL pour interagir.

S'identifier S'inscrire
  • Il y a trop peu de vétérinaires en Belgique parce que 20% d'entre-eux viennent se former ici, aux frais de notre système d'enseignement, puis retournent en France. Et il y a quelques années, ils étaient même majoritaires. De plus, ils se sont plaints de discrimination parce qu'au concours d'entrée, des questions avaient trait à des races animales spécifiquement belges !

    Jean Neymar
     Répondre
  • Pourquoi ne pas faire piquer son chien si il a tant souffert et qu'il risque de souffrir encore? C'est une sadique ou quoi?

    Olivier -
     Répondre