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"J'ai envie d'apprendre": comment des jeunes porteurs de handicaps sont intégrés dans les "classes inclusives" du secondaire

Cette semaine 900 000 élèves sont retournés à l’école. Une rentrée scolaire un peu particulière pour ces huit enfants en situation de handicap mentale. Depuis mardi, ils participent à une classe inclusive intégrée au sein d’un établissement ordinaire, le collège Saint-André d’Auvelais. L'objectif: améliorer leur intégration et leur autonomie.

Ce n'était pas un matin comme les autres. Lundi dernier, Carmela accompagnait son fils Luther pour sa rentrée en secondaire. Âgé de 12 ans, Luther est porteur d’une trisomie 21 et d’autisme. Et comme pour de nombreuses mamans, une rentrée dans une nouvelle école est souvent stressante. "Ce qui me stresse le plus, c'est peut-être les premiers moments de rencontre", confie Carmela, la maman de Luther. "Parce que Luther a ses particularités, et il n'est pas verbal. Hugo et Aya, eux sont verbaux donc peuvent peut-être raconter à leurs parents comme s'est passée la journée. Moi, je vais devoir deviner un peu mais je compte sur ses copains pour pouvoir me raconter."

Comme Luther, Hugo effectue ses primaires au sein d’une classe inclusive. Une première intégration dans une école ordinaire. Une expérience bénéfique pour le jeune garçon. "Il y a 11 enfants en inclusion dans la classe: je vous mets au défi de les trouver dans la cour de récréation tellement ils sont mélangés et tellement ils sont intégrés", s'enthousiasme Coralie, la mère du jeune Hugo. 

De la récré à la salle de classe

Maëlle est la nouvelle professeure de cette classe inclusive. Elle accueille ses élèves sous le regard bienveillant des mamans. "Vous vous sentez comment, ce matin?", sonde l'enseignant. Son objectif premier est de permettre à chaque enfant de trouver sa place au sein du groupe afin qu'il puisse développer ses aptitudes et apprendre selon ses capacités... Même quand cela n'est pas forcément évident. "Des mots que je ne comprends pas, j'ai envie de les apprendre", explique Valentino. "Certaines expressions aussi, j'ai envie d'apprendre et de comprendre ce que ça veut dire pour au moins mieux m'exprimer devant les gens."  

Avec le temps, la confiance doit s’installer entre l’élève et son professeur. La formation s’adapte au rythme de l’enfant. "L'échange n'est pas toujours verbal, comme on pourrait s'y attendre", souligne Maëlle Massin, enseignante. "Mais c'est un échange riche parce qu'il est souvent très sincère, très honnête."

"Tous nés sur la même planète"

Rencontrer et accepter l’autre dans sa diversité commence au niveau des collations et des repas. Tous les élèves se réunissent dans la même pièce, d’où l’importance de rassurer les enfants porteurs d’une déficience intellectuelle. "Des choses de tous les jours prennent beaucoup de temps, même si ça va en prendre de moins en moins", poursuit la jeune professeure. "Mais ça fait partie de l'apprentissage vers l'autonomie."

Dans la cour de récréation, tous les enfants se rassemblent également autour d'un ballon de football, sans préjugés. "Y a aucune différence entre les personnes, on est tous les mêmes", estime Mathis. "On est tous nés sur la même planète, et s'il y a quelques différences, il ne faut pas faire des discriminations pour autant." 

Une inclusion différente en secondaire

En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’enseignement primaire accueille 35 classes inclusives. Au niveau secondaire, elles sont à peine quatre. Cette différence s’explique pour plusieurs raisons. "Les enjeux sont très différents, les populations sont différentes, les moyens d'enseigner sont différents…", indique, Didier Tierens, directeur de la classe inclusive. "L'inclusion est sûrement plus difficile à concevoir dans un cadre secondaire qu'en primaire." 

Avec plus de 400 élèves, le collège Saint- André d'Auvelais propose des options à caractère social comme aide familiale ou agent d’éducation. Cet enseignement doit permettre d’aller plus loin dans l’intégration des élèves en situation de handicap. Musique, expression scénique, cuisine…: certains cours peuvent également être intégrés par les élèves, en fonction des affinités et compétence.

Une leçon de vivre-ensemble.
 

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