Raffaele souffre d'apnées du sommeil: cette machine "révolutionnaire" change sa vie et... ses nuits

Nous dormons près d’un tiers de notre vie. Mais, pour Raffaele, les nuits étaient difficiles depuis l’enfance. Un sommeil loin d’être réparateur. Les apnées lui gâchaient les nuits et celles de son épouse. 

"Elle me disait concrètement qu’elle ne m’entendait plus respirer et ce pendant de longues périodes qui allaient de 10 secondes à une minute. Et le matin, lorsque je me réveille, j’ai des barres à la tête, comme un peu lors de lendemain de grosses fêtes. Et cette barre persiste une grosse partie de la journée", confie Raffaele, atteint du syndrome de l’apnée du sommeil.  

Je pensais ressembler à Tom Cruise dans Top Gun, mais je ressemble plus à Dark Vador

Des signes qui doivent alerter. Ce jour-là, il a un rendez-vous à la clinique du sommeil à Hornu pour un examen de contrôle car, depuis 2 mois, Raffaele est équipé toutes les nuits d’une machine. Une espèce de masque à placer sur le visage. Ce nouveau compagnon s’appelle CPAP pour pression positive continue. 

"Comment cela se passe avec la machine", lui demande Micheline Delfosse, coordinatrice de la clinique du sommeil. "Très bien, aucun souci", lui répond le patient. La turbine pulse de l’air pour libérer ses voies respiratoires. "Je dors mieux. Et mon épouse m’entend moins ronfler, donc elle dort mieux également. Après c’est tout de suite moins glamour. Je pensais ressembler à Tom Cruise dans Top Gun, mais je ressemble plus à Dark Vador", ironise Raffaele. 

Sans être en surpoids, le patient était un cas sévère. De 60 apnées par heure, il est passé à 4 apnées."Quand ils adhèrent bien au traitement, ils ne peuvent plus s’en passer. Quand ils sont en vacances, c’est la première chose qu’ils préparent, avant la valise. C’est qu’ils en ont vraiment besoin", estime Micheline Delfosse. 

"Cet appareil de CPAP a révolutionné le traitement"

Raffaele va ensuite passer la nuit à l’hôpital pour réaliser une polysomnographie. On enregistre le sommeil des patients pour cibler leur problème et les solutions. Avant la turbine à air, apparue dans les années 80, les méthodes étaient plutôt radicales. "Avant, on traitait les gens par une trachéotomie, donc faire vraiment un trou en-dessous des cordes vocales pour permettre de ne plus avoir des apnées. Cet appareil de CPAP a révolutionné le traitement et c’est le traitement de référence actuellement dans les syndromes d’apnées sévères. Dans les syndromes d’apnées modérées, on peut opter pour une orthèse", indique Charbel El Khawand, pneumologue à l’hôpital Epicura d’Hornu. 

C’est l’heure de s’équiper pour Raffaele. On lui place 16 capteurs au total pour vérifier que la machine est au point. "Quand vous rêvez la nuit, sous vos paupières, les yeux s’ouvrent et se ferment. Et donc on verra à quel moment vous serez en sommeil paradoxal", lui explique une infirmière.   

140.000 personnes traitées pour ce problème

Remboursée par la sécurité sociale, la machine lui coute 25 centimes par nuit. Le prix de la santé, car les apnées privent d’oxygène. Et, sans lui, le cœur s’abîme. "Me voilà prête pour l’espace", rigole Raffaele. "L’apnée peut engendrer pas mal d’autres soucis. Pour ma part, je souffre de bradycardie et tachycardie. Je consulte également un cardiologue et j’ai un traitement de fond et avec la CPAP, on arrive tout doucement à essayer de réguler le tout", confie-t-il. 

En Belgique, près de 140.000 personnes sont traitées pour ce problème. "La médecine du sommeil maintenant, c’est quand même une médecine récente qui bouge beaucoup", souligne le pneumologue. 

Les apnées représentent 80% de l’activité des centres spécialisés. La prise en charge a changé la vie de Raffaele. Depuis, c’est le jour et la nuit.