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Décryptage - La fécondité plonge à travers le monde, y compris en Belgique: à quelles conséquences faut-il s'attendre?

En 2050, 76% des pays dans le monde, dont la Belgique, seront sous le seuil des 2.1 enfants par femme, nécessaire pour maintenir la population actuelle. En 2100, ils seront 97% . C'est une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet qui l'affirme. Comment l'expliquer et quelles en seront les conséquences ?

Nous sommes 8 milliards d'habitants sur terre et nous serons toujours de plus en plus dans les prochaines décennies. Les Nations Unis prédisent 9.7 milliards d'individus en 2050 et 10.4 milliards en 2100. En Belgique, nous devrions être 12.9 millions sur le territoire en 2070, alors que nous sommes 11.7 millions actuellement.

Pourtant, "la fertilité décline à travers le monde", alerte une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet. Celle-ci démontre, via de nouvelles méthodes de prévision, que 76% des pays dans le monde (y compris la Belgique), seront sous le seuil des générations en 2050, pour atteindre 97% en 2100.

Ce seuil est fixé à 2.1. Cela signifie que l'ISF, (Indice Synthétique de Fécondité), le nombre moyen d'enfants par femme, doit être au-dessus de ce seuil pour maintenir la population actuelle. Or, l'ISF mondial a diminué de moitié entre 1950 et 2021, passant de 4.84 à 2.23 enfants par femmes. 110 pays sur 204, plus de la moitié donc, avaient un taux inférieur à 2.1 en 2021.

En ce qui concerne la Belgique, le taux de fécondité est actuellement de 1.56, alors qu'il était à 2.30 en 1950. La chute a été vertigineuse dès les années 60 pour passer sous le seuil des 2.1 en 1970. Depuis, ce taux fluctue, mais baisse lentement. D'après l'étude, il devrait tomber à 1.43 en 2050 et à 1.34 en 2100.

La situation prévue en 2050 est particulièrement inquiétante en Corée du Sud (0,82 enfant par femme), Porto Rico (0,84), Taïwan (0,90), Serbie (1,01) et en Ukraine (1,01).

Pourquoi les ISF baissent-ils à travers le monde ?

Alors, comment expliquer cette évolution en Belgique comme dans de nombreux pays du monde ? "La décision de faire des enfants, ça dépend de toute une série d'évolutions sociales et économiques structurelles", répond Gilles Van Hamme, chercheur en géographie économique à l'Université libre de Bruxelles. "Les facteurs qui sont le plus mis en évidence, c'est la hausse rapide des niveaux d'éducation, y compris des niveaux d'éducation supérieure. Et en particulier le niveau d'éducation des femmes, qui est souvent souligné comme la variable clé pour expliquer la baisse de la fécondité", explique-t-il.

Les stratégies parentales passent par l'idée qu'il faut faire moins d'enfants

Le phénomène est très ancien dans les pays développés, mais s'est accéléré dans les pays en voie de développement. "On peut aussi souligner l'urbanisation croissante des sociétés. Le fait que les descendants, donc les générations suivantes, n'est plus dans une situation où, si on caricature, dans une société agricole les enfants font à peu près les mêmes métiers que leurs parents", justifie Gilles Van Hamme. "Cela signifie que les enfants sont placés dans une sorte de compétition généralisée pour accéder à une position sociale et elle passe par l'éducation. Donc, de plus en plus, les stratégies parentales passent par l'idée qu'il faut faire moins d'enfants pour leur donner les meilleures chances de réussite dans la vie", continue-t-il.

C'est ainsi que la fécondité mondiale devrait, d'après l'étude, atteindre 1.8 enfant en 2050 et 1.6 en 2100. C'est un taux, donc, bien inférieur au niveau de remplacement de la population.

Mais, à l'inverse, la population de plusieurs pays à faibles revenus devrait continuer à augmenter à l'horizon 2050. Ces pays sont le Niger (5,15), le Tchad (4,81), la Somalie (4,30), le Mali (4,21) et le Soudan du Sud (4,09).

Ce déséquilibre risque, selon les auteurs de l'article, d'avoir "des conséquences considérables sur les plans économiques et sociétaux en raison du vieillissement des populations et de la diminution de la main-d'œuvre dans les pays à revenu élevé, combinés à une part croissante des naissances vivantes dans les régions déjà les plus pauvres du monde".

Faut-il s'inquiéter pour la Belgique ?

Et en Belgique, faut-il craindre des conséquences du faible taux de natalité ? "La conséquence démographique directe, c'est ce qu'on appelle le vieillissement de la population. S'il y a moins d'enfants, il y a proportionnellement moins de jeunes et donc la population vieillit, et en particulier dans la phase de transition. Quand on passe d'une haute fécondité à une fécondité plus basse, on a un vieillissement qui peut être relativement rapide de la population", nous dit Gilles Van Hamme.

Le vieillissement de la population pose ainsi le problème, entre autres, du financement des pensions et de la dépendance des personnes plus âgées. Les chercheurs du Lancet mentionnent également la pression sur la main d'œuvre et le système de santé.

Toutefois, le professeur de l'ULB estime qu'il n'y a pas à s'alarmer : "En Belgique, on a toujours jusqu'à présent compensé cette situation par une immigration plus ou moins importante. Nos immigrés ont un double effet. D'une part, ce sont des jeunes qui arrivent et qui font que la population qui devrait baisser à terme ne baisse en réalité pas. Et d'autre part ces jeunes immigrés eux-mêmes font des enfants et donc ont tendance à faire remonter la fécondité", répond-il.

Vous n'allez pas retrouver le niveau de fécondité qui a caractérisé les sociétés, entre guillemets, traditionnelles

L'étude avance aussi que la solution sera, pour les pays développés, de recourir à une immigration "éthique et efficace". Les chercheurs estiment que les politiques pro-natales n'auront pas beaucoup d'effets, ce que confirme Gilles Van Hamme. "Dans une société développée où les gens sont éduqués, où les femmes ont des aspirations différentes de celles des générations précédentes,... Vous n'allez pas retrouver le niveau de fécondité qui a caractérisé les sociétés, entre guillemets, traditionnelles", estime-t-il.

En fait, pour le chercheur, le discours "catastrophiste" du Lancet est à nuancer : "Pendant des décennies, on nous a expliqué qu'on allait être 6 milliards et que ça n'allait pas être supportable, puis qu'on allait 8 milliards et que ce ne serait pas supportable. Maintenant, on inverse le discours parce qu'on voit que, en réalité, la baisse de la fécondité devient un phénomène quasi-général à l'échelle de la planète et on inverse un peu le catastrophisme qu'on associe à l'augmentation de la population, avec une éventuelle baisse de la population, mais quand on regarde les sociétés qui ont déjà traversé cette situation, ce n’est pas quelque chose qui apparaît comme ingérable", nuance Gilles Van Hamme.

 

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Commentaires

3 commentaires

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  • Lancet n'est vraiment pas fiable car quand on voit toutes les études qu'ils ont sorties et qui n'ont amené à rien de concret

    Alain Schmit
     Répondre
  • Pas d'autres scoops après le covid que celui ci

    Alain Schmit
     Répondre
  • On nous dit qu'il y a surpeuplement mais on nous encourage à faire plus d'enfants ????

    Simpson Homer
     Répondre