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La plupart des féminicides surviennent dans la sphère intime: "Ça représente bien le système de domination masculine dans lequel on baigne"

Un nouveau féminicide est survenu à Trazegnies, dans l’entité de Courcelles, lundi soir. Un homme a tué par balles une femme. Face à un tel acte de violence commis envers une femme, peut-on en faire une généralité ? Céline Caudron est coordinatrice de "Vie Féminine", une ASBL très impliquée dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle répond aux questions d’Olivier Schoonejans, dans le RTL INFO 13h.

Un nouveau féminicide a été commis lundi soir à Trazegnies, dans le Hainaut. Une femme a été tuée par balles par un homme. On ignore encore, à ce stade, si l’acte était intentionnel ou non. Mais face à un tel événement, de nouvelles questions se posent. Peut-on faire de ce cas précis une généralité ?

Nous, ce qu’on constate depuis qu’on recense les féminicides dans les médias, c'est qu'en Belgique, on a principalement des féminicides qu'on appelle "intimes", commis par des compagnons ou des ex-compagnons. Cela montre que ça se situe bien dans une dynamique de violences conjugales. Ce n’est pas "généraliser", c’est juste mettre en évidence que ça représente bien le système de domination masculine dans lequel on baigne tous et toutes, et qui se produit dans la sphère intime par des violences conjugales. Les féminicides font partie de ça en Belgique.

Au-delà de ça, quelle réponse peut-on apporter en tant que personne en danger ? Et en tant que proche ? Et si on est témoin ?

Quand on est soi-même concerné par des violences conjugales, d'abord il faut être bien conscient qu'on n'est pas du tout responsable de la situation. Il faut aussi être conscient qu’on n'est pas toute seule parce qu'il y a un quart des femmes en Belgique qui sont concernées par la violence conjugale.

Quand on est témoin, il faut se dire que les violences conjugales, ce n’est pas une affaire privée mais une question de société, donc c’est légitime d’intervenir, toujours en respectant évidemment la volonté des victimes. Et puis, surtout, c’est une responsabilité collective puisque c’est une question de société. Il faut donc que les pouvoirs publics mettent des moyens en place pour prévenir les violences conjugales, et plus largement les violences faites aux femmes. Il faut faire en sorte qu’elles n’arrivent plus.

Ces violences faites aux femmes justement, sont-elles en augmentation ? Ou bien, c’est parce qu’on en parle davantage aujourd’hui ?

On en parle plus aujourd’hui puisqu’en effet, nous, avec les autres associations féministes et services spécialisés, on met ça en lumière depuis 2017. Il existe le blog "Stop Féminicide" où on a recensé, depuis ce moment-là, 150 femmes assassinées en Belgique, c'est quand même énorme. Cela met quand même la lumière sur un phénomène qui a toujours existé mais qui, aujourd'hui, est plus médiatisé. Tant mieux qu’on en parle plus, mais maintenant, il faut que des actes puissent suivre et donc, encore une fois, que les politiques mettent des moyens dans de la prévention, dans l’accompagnement et le suivi.  

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