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Les tests de Mathieu : que vaut Starfield, décrit comme étant "le plus GRAND jeu vidéo de tous les temps" ?

Annoncé depuis des années, vanté comme étant d'une ampleur inédite, Starfield est assurément une aventure interactive colossale. Après une vingtaine d'heures de jeu, je peux vous donner l'avis d'un oeil d'amateur averti: cette exclusivité Microsoft manque d'originalité dans le gameplay, manque d'un petit supplément d'âme qui accroche le joueur dans un univers original. Mais soyons clairs: Starfield est le seul jeu qui vous emmène aux confins de l'univers dans un vaisseau qu'il faudra apprendre à manier, et qui projette dans un futur lointain mais tellement bien restitué. 

Le monde du jeu vidéo est une industrie en croissance constante. Depuis quelque temps, il a dépassé le chiffre d’affaires annuel du cinéma, devenant le produit culturel le plus valorisé au monde. On retrouve donc, depuis longtemps, des jeux appelés triple A (AAA) : des blockbusters, comme au cinéma, nécessitant des années de travail et des centaines de millions d’euros d’investissement. Et parmi ces jeux « riches », certains parviennent encore à susciter curiosité et engouement prématuré du public. Je vous parle de Starfield, un jeu d’exploration spatiale très ambitieux, et attendu au tournant. Attention, c'est une exclusivité Microsoft, donc vous ne pouvez y jouer que sur les consoles de jeu Xbox Series ou sur PC (prix: entre 69€ et 109€ selon les éditions, mais il est compris dans le Game Pass, l'abonnement à 12,99€/mois de Xbox). 

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Original sur le fonds, pas sur la forme

Ce qui m’a frappé d’entrée, c’est le peu de risques pris par le studio Bethesda, à qui l’on doit, depuis les années 2000, les grandes licences que sont Fallout et Elder Scrolls. Et on peut le deviner dès les écrans de configuration du jeu, tant les mécaniques de base et les grands principes du jeu se ressemblent: on configure un personnage, on lui assigne des caractéristiques physiques et psychologiques, et on l'incarne dans une (immense) aventure. 

Starfield est un Fallout géant, dans l’espace, à qui l’on ajouterait des combats entre vaisseaux spatiaux (voir screenshot ci-dessus). Si la comparaison ne vous parle pas, voici en deux mots le style de jeu auquel il faut s’attendre. Simple mineur (extraction de métaux sur une lointaine planète en 2330), vous êtes embarqué malgré vous dans une aventure vous permettant de voyager à travers 1.000 planètes dans l’univers, en suivant une quête principale (la recherche d’artefacts mystérieux) et des centaines de quêtes secondaires, certaines longues et intéressantes, d’autres parfaitement anecdotiques. C’est un jeu à la 1ère ou la 3ème personne (un bouton permet de changer la vue), et vous disposez d’un très large inventaire (arme, combinaison, ressource permettant de construire, soins et nourritures) que vous enrichirez au fil de vos explorations. Et l’expérience acquise au fil des missions vous permet de débloquer des compétences pour votre personnage (combat, négociations, fabrication, etc…). Vous passerez la majorité de votre temps de jeu sur des planètes plus ou moins habitées et habitables, mais entre celles-ci, il faudra voyager dans votre vaisseau spatial, et parfois vous battre dans l’espace…

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Généreux, vertigineux, réaliste

Le jeu a reçu des accueils assez partagés de la part de la presse spécialisée. Certains lui reprochent son approche très convenue et ses mécaniques de jeu peu innovantes. Il est vrai que ce style existe depuis 20 ans, même si le côté « bataille entre vaisseaux spatiaux », assez pointue, est néanmoins originale. Le créateur du jeu, Todd Howard, a expliqué dans une interview que « ce sont les jeux qu’on aime faire ». En lisant à travers ses lignes, on comprend également qu’un jeu d’une telle ampleur doit atteindre un public très large, et donc ses mécaniques ne doivent pas être trop « perturbantes ». 

Après avoir joué une vingtaine d’heures à Starfield, trois qualificatifs me viennent en tête. Le jeu est généreux, presque vertigineux tant dans sa carte (en gros, des centaines de planètes à travers tout l’univers) que dans son contenu (missions, personnages qui peuvent vous accompagner, construction et gestion d’avant-postes pour « vivre » sur une planète et exploiter les ressources). Comptez des centaines d’heures de jeu si vous avez envie d’appréhender toutes les facettes du jeu, et la taille de l’univers de Starfield, à défaut de l’être, semble infinie. 

Il est également très réaliste si on le compare à la majorité des autres jeux du même style. En 20 heures, je n’ai croisé que des humains vivant et commerçant dans des colonies, il n’y a pas (encore ?) d’extraterrestres ou de monstres géants à tuer au fusil à plasma. Notre système solaire (baptisé Sol dans le jeu) est fidèlement reproduit (notre chère Terre est complètement désertique et inhabitable depuis les années 2200), et on le visite assez rapidement dans le jeu. On peut donc se balader sur la lune (il y a quelques stations de recherche) et sur Mars (une vaste mine avec une ville souterraine). On peut en réalité se balader un peu partout (chaque planète a sa gravité et sa toxicité) en essayant d’éviter les pilleurs et pirates de l’espace, qui sont plus moins bien organisés. La capitale de l’univers semble être New Atlantis (voir screenshot ci-dessus), sur une planète habitable ressemblant un peu à la terre. Enfin, les séquences de bagarre ne s’enchaînent pas, et il est possible de persuader les gens, même méchants, de trouver un compromis pour arriver à vos fins sans sortir votre arme. 

C'est une évasion cartésienne dans l'espace (c'est déjà pas mal...)

Est-ce le réalisme assez omniprésent ? Est-ce le style de jeu assez prévisible ? J’ai un reproche à faire à Starfield jusqu’à présent : un certain manque d’âme. Autant l’univers postapocalyptique néo-rétro de Fallout était, selon moi, terriblement envoûtant et humainement prenant (et stressant par moment). Et beaucoup adorent également l’heroic fantasy (dragons, elfes et orcs) d’Elder Scrolls. Mais ce sera sans doute plus compliqué, pour certains, d’être séduits par le côté très terre-à-terre de Starfield (même si je n’ai pas encore beaucoup avancé dans la mission principale), son côté presque scientifique. C'est une évasion cartésienne dans l'espace (c'est déjà pas mal...), pas une évasion dans un univers parallèle. Une opinion personnelle, finalement, difficile à définir clairement avec des mots. 

Après, il y a ce magnifique sentiment d’exploration spatiale, de balade géante dans l’univers, où l’on peut faire évoluer son vaisseau ou en changer, choisir de rejoindre telle ou telle communauté. Il y a forcément moyen de se prendre au jeu pour peu que, comme beaucoup d’êtres humains, vous vous demandiez ce qu’il y a au-delà de notre atmosphère, et à quoi ça ressemble de marcher sur la lune d’une géante gazière lointaine. 

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Alors que vaut le plus grand (en termes de carte et d’exploration…) jeu de tous les temps ? 

Si les critiques de mes confrères spécialisées sont souvent bonnes sans être extraordinaires, l’engouement du public ne se dément pas. Après 1 mois, il y a 10 millions de personnes qui jouent à Starfield dans le monde, devenant le plus gros lancement du studio. Le concept a donc trouvé son public, et lui trouvera son compte dans le contenu galactique du jeu.

A titre personnel, j’adore ce genre de jeu vidéo, et la promesse est tenue même s'il manque d'un supplément d'âme : un univers de jeu presque infini qui en fait effectivement le plus grand jeu du monde ; l’ajout des vaisseaux spatiaux donnant une dimension supplémentaire à un style de jeu qui souffre un peu d’originalité dans ses mécaniques archi-convenues. 

Enfin, j’ajouterais que, sur Xbox Series X, je n’ai pas ressenti l’effet waouw au niveau graphique (les phases de dialogues et la modélisation des visages n’ont pas beaucoup évolué, voir screenshot ci-dessus, mais les décors et les paysages sont plus soignés que la moyenne). La faute, probablement, à des années de teasers et d’attente…

Mais relativisons: 69€, c'est le prix d'un cinéma en famille (2h). C'est aussi le prix, désormais, d'une aventure interactive inédite, dans l'espace, et d'une durée de vie de... plusieurs centaines d'heures !
 

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