De l'eau polluée aux PFAS dans le Hainaut: quelles sont ces substances et quels sont les risques pour la santé? Un numéro vert a été activé

Quel est le point commun entre un carton de pizza, un vêtement imperméable et un post-it ? Tous contiennent des PFAS : une famille de 4000 composés chimiques que l'on retrouve dans de nombreux produits de consommation courante et même dans nos organismes : "On les retrouve dans le sang humain de pratiquement toute la population, surtout dans des pays industrialisés comme les Etats-Unis ou l'Europe", nous explique Alfred Bernard, professeur de toxicologie à l'UCLouvain.

C'est une pollution ancienne. On a débuté dans les années 50, donc on n'a plus de 50 ans de recul et malgré ça, on retrouve encore même ceux qui ont été interdits, donc les plus toxiques", continue-t-il.

Utilisées par l'industrie, ces substances très résistantes peuvent contaminer tous les milieux, comme l'eau, l'air ou les sols, puis se retrouver dans la chaîne alimentaire comme l'eau potable, les légumes ou le poisson.

Problème : à certaines doses, ils peuvent avoir des effets sur la santé. C'est ce qu'explique Corinne Charlier, professeur de toxicologie au CHU Liège : "Dans les cibles de ces perturbateurs endocriniens, on va retrouver notamment l'axe métabolique avec l'augmentation du taux de cholestérol ou de la fréquence du diabète de type 2. On a un axe immunitaire avec notamment un retard de la réponse vaccinale chez le jeune enfant contaminé, et on peut aussi évoquer éventuellement certains cancers de la sphère sexuelle, comme le cancer du sein, le cancer ou de la prostate".

Si vous avez une norme de 100, vous dépassez les doses hebdomadaires tolérables pour les nourrissons

En Belgique, c'est le scandale de la pollution autour de l'usine 3M de Zwijndrecht qui a ouvert le débat sur ces composés en 2021. Dès 2026, l'Europe imposera une nouvelle norme de maximum 100 nanogrammes de PFAS par litre d'eau potable. "Aux États-Unis, vous avez des normes beaucoup plus basses, alors que ce pays est probablement très pollué également. On a des normes de 4, pas de 100, 4 nanogrammes par litre d'eau potable", martèle Alfred Bernard. "Si vous avez une norme de 100, vous dépassez les doses hebdomadaires tolérables pour les nourrissons".

Dans les zones polluées, il est recommandé aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes et à celles qui préparent des biberons d'utiliser de l'eau de source ou de l'eau minérale. Dans ces endroits à risque, la prudence s'impose également concernant les légumes du jardin et les oeufs domestiques.

Plusieurs communes du Hainaut sont concernées par cette pollution. Des analyses poussées vont être réalisées dans les sols de Chièvres, Nimy et Feluy. Un numéro gratuit, le 1718, a été mis en place pour répondre aux questions des habitants. Les autorités leurs demandent, en attendant, de ne plus consommer d'oeufs, de fruits ou de légumes du jardin.