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A Anvers, le négoce de diamants affine ses réponses aux sanctions contre Moscou

En Belgique, le monde du négoce de diamants se prépare à l'interdiction dans l'UE des pierres précieuses russes, dans le cadre d'un nouveau paquet de sanctions liées à la guerre en Ukraine que doivent approuver prochainement les Vingt-Sept.

Dans le quartier des diamantaires à Anvers, par lequel transite 86% des diamants bruts du monde, des laboratoires se tournent vers des technologies de type Blockchain pour prouver que leurs pierres précieuses viennent de mines en Afrique, Australie ou au Canada, mais pas de Russie.

Au sein de l'UE, la voix de la Belgique s'est faite entendre quand il s'est agi d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie frappant cette fois son lucratif commerce de diamants, avec lequel Moscou est accusé de financer une partie de sa guerre contre l'Ukraine.

Pour ne pas pénaliser sa place forte anversoise, le gouvernement belge a plaidé pour des sanctions applicables au niveau international. Histoire que d'autres hauts lieux du commerce comme Dubaï ou l'Inde ne récupèrent pas les marchés perdus par les exportateurs russes en Europe.

Alors que les négociations sur les sanctions de l'UE progressaient, les puissances du G7 sont intervenues et les principales démocraties industrialisées du monde ont convenu d'une interdiction mondiale.

C'est là que la technologie de traçage numérique élaborée par l'entreprise belge iTraceiT se revendique comme une des solutions pour les acteurs du marché.

- QR code -

"Il est important que toute solution de traçabilité, ou tout protocole proposé pour faire face à ces sanctions potentielles, concerne toute l'industrie et soit soutenu par tous les centres diamantaires", explique à l'AFP Frederik Degryse, PDG d'iTraceiT.

Dans son laboratoire, Sandiah Kangoute, une cadre de l'entreprise, explique ce système de traçage informatique.

Lorsqu'au moment de l'extraction les pierres sont glissées dans des sacs, chacun d'eux se voit attribuer un QR code, qui définit ainsi un classement unique attribué pour toutes les étapes du commerce... Depuis l'achat des sacs de diamants bruts, jusqu'à la vente en bijouterie, en passant par la taille et le polissage des pierres, explique-t-elle.

"Je vois ici que le point de départ se situe au Canada, avant le voyage qui l'a amené jusqu'en France", décrit Mme Kangoute en scannant un petit paquet de diamants taillés.

La logique est que le système de QR code assure la traçabilité des diamants et rend caduque tout projet d'échanges frauduleux.

A l'aide d'un lecteur de code, les travailleurs de l'industrie peuvent accéder aux fichiers joints à ces codes uniques et en ajouter de nouveaux, tels que des reçus d'achat, des licences d'exportation et des certificats d'authenticité.

- Nouveau train de sanctions -

La Commission européenne a adopté un projet de sanctions, - le 12e paquet depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022 -, qui doit être soumis pour approbation aux 27 pays membres dans les prochains jours. L'unanimité est requise pour leur entrée en vigueur.

D'après une copie du texte consultée par l'AFP, il est question d'interdire le commerce des diamants extraits en Russie, transitant ou exportés depuis ce pays, ainsi que celui des diamants russes taillés et polis dans des pays tiers.

L'interdiction s'appliquerait aux "diamants naturels et synthétiques non industriels ainsi qu'aux bijoux en diamants" dès janvier 2024, tandis que le bannissement de toute importation de diamants russes taillés ou polis dans des pays tiers serait introduite progressivement entre mars et septembre.

L'UE cherche aussi à améliorer l'efficacité des sanctions prises à l'encontre du pétrole russe, et la Commission propose d'étendre ces sanctions au GPL, le gaz de pétrole liquéfié, au butane et au propane, utilisés notamment pour le chauffage.

Selon Frederik Degryse, en cas de suspicion dans un commerce sur l'origine russe de certaines pierres, les exportateurs peuvent utiliser le système iTraceiT pour fournir des preuves supplémentaires.

"Chaque colis ou chaque diamant aura une référence interne, qui est liée", souligne encore le dirigeant belge. "Tous les partenaires avec lesquels nous travaillons sont audités régulièrement", et "l'outil permettra à ces auditeurs d'accéder plus facilement à la traçabilité de tous les diamants".

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