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Une femme prétend être séquestrée depuis 12 ans par son mari en Moselle: tout est faux, annonce le procureur

Une habitante de Moselle, en France, a contacté la police dans la nuit de dimanche à lundi. Elle affirmait être séquestrée depuis 12 ans par son mari. Ce mardi après-midi, le procureur a communiqué le résultat de l'enquête: la femme n'était pas séquestrée. L'origine de la dénonciation mensongère serait des problèmes de santé et une rancœur de la femme envers son mari.

C'est l'épouse elle-même qui a appelé les secours allemands ce week-end, depuis Forbach, en Moselle. Cette dernière s'est dite séquestrée depuis son arrivée en France, en 2011. La femme âgée de 53 ans a maintenu ses propos à l'arrivée des policiers sur place.

Ce lundi 7 août, la femme a été découverte sans entrave avec un téléphone fixe à côté d'elle. Des examens médicaux ont été effectués sur celle-ci, mais ni fracture ni bleus n'ont été repérés sur le corps de l'auto-proclamée victime. Le couple est marié depuis 2001.

Le procureur dévoile les résultats de l'enquête

Lors d'une conférence de presse organisée ce mardi en fin d'après-midi, Olivier Glady, procureur de la république de Sarreguemines, a indiqué que la présumée victime a été longuement entendue. "Elle a maintenu ses accusations à l'encontre de son mari. [...] Je suis en mesure de vous dire que la situation de séquestration dont elle ne cesse de se plaindre est une réalité inexistante. En particulier, les constatations très méticuleuses de la police judiciaire, maintenant définitives, permettent d'observer qu'elle était allongée sur un matelas qui pouvait être changé, puisque son mari disposait d'un petit stock de ce type d'accessoires pour remplacer ceux-ci à mesure de l'utilisation. De même, les services de police ont observé du linge qui avait été nettoyé et qui séchait dans l'appartement du couple. Du linge qui était destiné à madame. Elle disposait par ailleurs d'un accès à la télévision, à un ordinateur, ainsi qu'à ce fameux téléphone sans fil, à partir duquel elle avait lancé son appel au secours", a déclaré le procureur.

La police a cherché des traces de sang dans l'appartement à l'aide de luminol. "Tout l'appartement a été balayé à l'aide de ce procédé technique, et n'a dévoilé aucune projection de sang", a précisé Olivier Glady.

La femme a été examinée. "Le médecin légiste n'a constaté aucune fracture sur aucun des membres de madame, corroborant en cela ce que je vous annonçais déjà des résultats de l'examen par le procédé du scanner hier. À l'exception de deux bleus aperçus par le médecin légiste et sont susceptibles d'être le produit de maladresses ou de mauvais gestes de la femme du couple, le médecin légiste n'a constaté aucune blessure en rapport avec les dénonciations formulées", a déclaré le procureur. "Aucune trace gynécologique ne permet de soupçonner l'intervention de rapports sexuels contraints ou consentis".

Le procureur a expliqué que la situation du couple était impactée par une maladie de la femme. "Le médecin légiste n'exclut pas la possibilité pour cette femme d'être affectée par des pathologies inflammatoires du type rhumatologiques. Cela consonne avec les propos par son époux, avançant que sa femme était frappée par des rhumatismes de nature auto-immunes, à portée invalidante, accompagnés d'allergies et également assortis d'un mécanisme d'alopécie. C'est-à-dire de perte de la chevelure et de poils", a indiqué Olivier Glady. Il a également expliqué que l'homme s'occupe de sa femme depuis l'apparition de son invalidité. Celle-ci s'est aggravée depuis une dizaine de mois et empêche l'épouse de se déplacer.

Elle le rendait responsable de son infortune de santé

Quant à la vie sociale du couple, il s'avère qu'il était immatriculé en Allemagne jusqu'en 2016, avant que les informations ne soient plus communiquées aux autorités, selon le procureur. Les expertises psychiatriques des protagonistes sont en cours, mais leurs résultats n'ont pas encore été communiqués. D'après l'enquête, les membres du couple n'avaient plus de contacts avec leurs familles respectives. Le mari est sans emploi depuis quelques années, d'après le procureur.

Placé en garde à vue, l'époux sera libéré prochainement. Il ne sera pas poursuivi. Quant à savoir si la femme sera poursuivie pour dénonciation mensongère, le procureur s'est exprimé. "Je crois qu'avant de lancer mon parquet dans cette perspective procédurale et judiciaire, la prise en compte de la situation sociale du couple devra être appréhendée sous tous ses aspects", a-t-il répondu.

Mais comment expliquer cette dénonciation de l'épouse? "Elle le rendait responsable de son infortune de santé, qui pourrait ainsi expliquer l'acrimonie (mauvaise humeur, hargne) déployée à son encontre par cette femme. [...] Son mari met son acrimonie sur le compte d'une rancœur dans la mesure où son épouse lui imputait le mauvais sort qui est le sien sur le plan de la santé", a indiqué le procureur.

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