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"Des toxicomanes cassent des portes, volent et se droguent": Maria se sent "en insécurité" dans son immeuble à Bruxelles

Maria se sent en insécurité. L'habitante de Bruxelles se dit inquiète face à la présence accrue de toxicomanes dans son immeuble et dans son quartier depuis le début de l'année. Au courant de la situation, la police et le bourgmestre Philippe Close évoquent leurs actions pour endiguer cette situation.

"Des toxicomanes cassent des portes dans notre immeuble, ils se droguent et y passent la nuit". Depuis le début de l'année, Maria a constaté à plusieurs reprises des dégradations dans le bâtiment où elle vit depuis près de quatre ans.

Habitant dans le quartier Yser, elle exprime aujourd'hui ses préoccupations face aux faits observés.  

"Cela fait quelques mois que des gens rentrent dans notre bâtiment et s’y installent pour des activités de toxicomanes. Il y a eu des portes forcées. Des voitures cassées dans le parking et des vols dans les caves", indique Maria, qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous. "À plusieurs reprises, on les a vus dans notre immeuble. Ils ne nous ont jamais fait du mal, mais parfois ils se comportent d’une manière assez agitée. Cela fait un peu peur. Il y a des gens qui consommaient de la drogue, au niveau de l’ascenseur. Quand il faisait froid, ils avaient besoin de place pour dormir." 

Selon Maria, un sentiment d'insécurité règne actuellement dans tout le quartier. 

"Dans notre immeuble, on a peur de sortir de chez nous, et quand on sort, on le fait à 2-3", assure-t-elle. "Le matin, je dois prendre mon train très tôt à la gare du Nord. Même si c’est 10 minutes à pied, ce chemin, je ne le fais plus toute seule. Ce qui se passe dans notre immeuble est vraiment symbolique de ce qui se passe dans le quartier. Au début, on pensait que c’était juste ici, mais au final, c’est un peu partout."

La Bruxelloise estime que les autorités ne lui ont par ailleurs pas apporté de réponses satisfaisantes. "Quand on constate que personne n'entend ta voix, c’est vraiment frustrant pour moi. (...) J’ai l’impression que la ville de Bruxelles à d’autres priorités que de penser à notre sécurité. Il y a un problème de drogue monumentale dans la capitale."

Mi-février, la zone de police Bruxelles-Capitale Ixelles a confirmé l'existence de ce problème dans cet immeuble de la rue du Frontispice. 

"Depuis le 2 janvier, nous avons eu deux appels concernant ce quartier et cette problématique (31 janvier et 8 février). Nous les prenons très au sérieux. Nous avons d'ailleurs mené plusieurs actions les derniers mois et des passages sont encore programmés ce mois-ci pour endiguer la problématique de la vente de stupéfiants", ont indiqué les forces de l'ordre. "Pour 2024, nous répertorions 2 arrestations de dealer sur ce quartier, dont un a été placé sous mandat d'arrêt par le juge d'instruction. Nous sommes attentifs à la problématique de sécurisation de ce quartier et nous y faisons des patrouilles régulières." 

Andrée, une riveraine de la station de métro Ribaucourt (Molenbeek), observe également ce phénomène à quelques encablures de l'immeuble de Maria. "Des drogués occupent les plateformes du métro. Tout le monde les voit. Il n’est pas rare qu’on doive leur demander de bouger, car ils se sont assis sur les escaliers qui mènent au quai du métro. Ce qui me scandalise, c’est que des enfants voient comment préparer sa seringue et comment s’injecter la drogue. (…) C’est interpellant. Je prends des mesures de sécurité, en ne me rendant pas dans le métro en soirée par exemple. Je ne vais pas me jeter dans ces traquenards à 10h du soir. Je suis habituée à ce contexte, on n’a pas le choix."

Philippe Close, le bourgmestre de Bruxelles, a réagi au témoignage de Maria et aux craintes exprimées par des riverains.

"Tout d’abord, je les comprends. On doit pouvoir rentrer chez soi en toute sécurité. Que va-t-on faire ? On va ouvrir une deuxième salle de consommation à moindre risque (SCMR), dans ce quartier-là. L’objectif est de sortir les usagers de la drogue, des gens qui sont sous assuétude, et les remettre dans un trajet médical. Ils n’ont pas à être dans les entrées des immeubles. Il faut apaiser les riverains et apaiser le quartier", déclare-t-il.

Quel est le problème dans ce quartier ? "Historiquement, les stations Yser et Ribaucourt ont toujours été des spots où malheureusement, il y avait beaucoup de toxicomanie. À côté du travail de la police de lutte contre le trafic, il y a tout le travail d’encadrement de santé publique, par rapport aux consommateurs. Si on veut qu’ils ne soient pas dans les entrées d’immeubles ou dans les parcs, il faut pouvoir les amener dans un trajet de soins. On l’a vu dans le quartier du Midi, avec la première salle de consommation, qui fonctionne avec de grosses équipes médicales. C’est ce qu’on veut dans le quartier Yser-Ribaucourt." 

Philippe Close explique aussi que Bruxelles doit actuellement trouver des solutions face à une consommation plus importante de crack.

"Le problème qu’on a, c’est qu’il y a une nouvelle forme de drogue, qui était très marginale et qui est le crack. C’est quelque chose qui n’est pas cher du tout, 5 à 10 euros la dose. Il est clair que le crack est la drogue des personnes qui sont reléguées socialement. Il y a une approche holistique sans doute à avoir. Mais aujourd’hui, ma priorité, est de ramener la paisibilité dans les quartiers. Ce n’est pas normal d’avoir peur en rentrant dans son propre immeuble. C’est ça la priorité."

Pour le maïeur, l'installation d'une nouvelle salle de consommation à moindre risque dans la capitale pourrait déjà constituer une réponse aux différents problèmes évoqués.

"Une salle de consommation n’est pas un outil qui fait la promotion de l’usage des drogues. Elle permet de le traiter. À Bruxelles, on a la chance de gérer un grand centre psychiatrique dans l’hôpital Brugmann, et on a obtenu le financement pour amener des équipes mobiles, pour amener les gens dans un trajet de soins. Ce n’est pas en mettant une amende ou en mettant en prison un toxicomane qu’on va l’empêcher de se droguer. À la fois, il faut être dur contre les trafiquants, mais il faut aussi avoir une oreille attentive pour des personnes sous influence de drogues, qui sont d’abord des victimes. L’important dans une salle de consommation à moindre risque, c’est que des équipes médicales et sociales sont présentes. Le but est d’accrocher les personnes, de réduire les risques dans la salle, puis de les amener dans le trajet de soins, chez un médecin, une infirmière… Des personnes qui vont pouvoir les habituer à ne plus prendre de drogues."

Catherine Van Huycke, présidente de la fédération des associations spécialisées en assuétudes, n'est "pas étonnée" par ces témoignages.

"Je comprends la détresse des personnes qui habitent dans des quartiers où elles sont confrontées à ces situations. C’est lié à l’usage de drogue, mais aussi à la crise du logement à Bruxelles. Certains sont à la rue, car ils ont consommé et ont vu leur situation se dégrader. D’autres consomment, car ils vivent dans la rue. La crise de la consommation, on la voit comme une crise sociale, une crise de la précarité. Il faut revoir la politique du logement." 

Selon Catherine Van Huycke, la réponse à cette problématique doit venir de la politique du logement à Bruxelles.

"La réponse doit être globale. On ne peut pas juste envoyer la police. Ces gens existent. Ils sont là, et depuis le covid, ils sont beaucoup plus visibles car plus sur l’espace public. La question du logement est vraiment quelque chose sur laquelle il faut travailler en priorité. De manière globale, il y a une crise sociale croissante. On met le focus sur la drogue, mais regardez le nombre de familles et de personnes qui vivent en rue, c’est questionnant. Il y a de plus en plus d’usagers de drogue qui vivent en rue, car il y a aussi de plus en plus de gens qui vivent en rue."

La plupart des services de soutien aux consommateurs de drogues sont par ailleurs "saturés". "La plupart des places en sevrage sont occupées. Il y a des listes d’attente folles partout. Ces personnes peuvent être prises en urgence, mais pas en suivi en continu. Des services de première ligne ont été augmentés, mais pas en suffisance. Cela fait quelques années qu’on dit qu’une crise se prépare, et elle est là."

Associations, politiques et experts réunis pour combattre la drogue à Bruxelles : quelle approche adopter pour en venir à bout ? (revoir ci-dessous notre reportage du 19 février 2024)

 

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Commentaires

5 commentaires

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  • En insécurité ? Ça fait 20 ans qu´on laisse faire ! Forcément ça ne va qu´empirer .

    Serge Libert
     Répondre
  • En votant comme vous le faites à Bruxelles , faut pas venir vous plaindre après . Ca va être les élections , vous savez quoi faire .

    pierre thiry
     Répondre
  • En votant comme vous le faites à Bruxelles , faut pas venir vous plaindre après . Ca va être les élections , vous savez quoi faire .

    pierre thiry
     Répondre
  • Rue des commerçants des toxicomanes sont dans un flat pris de force les locataires ont peur ils les menace avec un cutter la police dit ne pas pouvoir les faire partir toute les nuits font du tapage nocturne que faire

    antoine dresselaers
     Répondre
  • Ce quartier est connu et Close continue à parler, à tourner autour du problème comme d'habitude. Bientôt les élections...

    roger rabbit
     Répondre