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"Il faut arrêter de couper des arbres": Emilie dénonce "le non-sens écologique" de ce projet de logements bruxellois

Émilie nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. Elle s’inquiète de voir des arbres du petit bois de Calevoet, à Uccle, abattus dans le but de créer des logements sociaux. Dans un contexte d’urgence climatique, elle estime qu’il serait peut-être plus judicieux de réhabiliter d’anciens bâtiments. Le hic: il y a actuellement plus de 50.000 familles qui attendent un logement à Bruxelles. Dès lors, est-ce possible de préserver tous les espaces verts de la capitale?

"À l'heure où on nous demande de faire des efforts pour l'écologie, il faut arrêter de couper des arbres", avance Émilie. Cette habituée du quartier refuse de voir le talus boisé en lisière du parc de Keyenbempt à Uccle, détruit dans le but d'y construire des logements sociaux. Le projet actuel: abattre une centaine d'arbres pour construire 59 appartements.

La jeune femme, bien consciente de la nécessité de bâtir de nouveaux logements sociaux, estime qu'il y a d'autres alternatives envisageables: "Le bien-être de l'humain va aussi avec un air respirable. Les logements sociaux, c'est important et il en faut, mais je crois qu'à Bruxelles, il y a assez de bâtiments vides à réhabiliter pour ne pas couper des arbres." Un point de vue qu'Émilie n'est pas la seule à défendre. 3.000 personnes ont signé une pétition pour dénoncer le "non-sens écologique" du projet bruxellois.

"On peut concilier les deux"

En ce qui concerne l'aspect urbanistique, rien ne s'oppose à la construction de logements sur ce terrain. Comme il est question ici de la commune d'Uccle, elle est consultée sur ce dossier, mais c'est la région bruxelloise, propriétaire du terrain qui est à la tête du projet. C'est ce que nous explique Jonathan Birmann, l'échevin en charge de l'urbanisme: "Nous ne délivrons pas les permis pour ces projets, cela étant, il existe des cas où nous introduisons des recours."

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Il y a une dizaine d'années d'ailleurs, il a déjà été question d'un projet similaire, au même endroit, qui prenait bien moins en compte les contraintes environnementales. Si la commune ne se prononce pas encore sur la version actuelle, l'échevin se dit bien conscient de l'urgence sociale: "La région est propriétaire de parcelles constructibles et a un grave déficit de logements publics, il est logique qu'elle cherche à y répondre de cette manière."

Dès lors, faut-il choisir entre les problématiques sociales et celles liées au climat? Nous avons posé la question à Nawal Ben Hamou, secrétaire d'État chargée du logement. Pour elle, il n'est pas question de faire un choix, "on peut concilier les deux": "On construit des logements tout en privilégiant des parcs pour les riverains. Ce n'est plus dans l'idéologie du logement social de ne construire que du logement. On veut des projets du 21e siècle, des projets durables."

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56.000 familles sur liste d'attente

Construire des logements sociaux en suffisance, tout en créant des espaces verts, un défi de taille pour la région bruxelloise. Actuellement, un Bruxellois sur deux entre dans les conditions de revenu du social. 56.000 ménages sont sur la liste d'attente dans l'espoir d'accéder à un logement social. La capitale ne dispose d'ailleurs que de 7% de logements sociaux sur son territoire, une fourchette qui devrait plutôt avoisiner les 10%.

Côté environnement, Bruxelles est une des capitales les plus vertes d'Europe, un constat à nuancer selon l'urbaniste Serge Peeters: "Il faut nuancer parce qu'il y a la forêt de Soignes et toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne. Les délimitations administratives ne correspondent évidemment pas aux emplacements des espaces verts."

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Pour ce spécialiste, il est "inconcevable" d'opposer le droit au logement et le droit à un environnement sain. Nous l'avons alors interpellé sur la solution d'Émilie de réhabiliter des friches urbaines ou des bureaux vides. Ce n'est pas une solution suffisante selon lui: "Il y a des exemples de friches urbaines qui ont été transformées, mais elles n'ont pas apporté beaucoup de logements sociaux. Pour le million de mètres carrés de bureaux vides, avec les contraintes techniques, on se retrouverait avec de l'ordre de 35 bâtiments qui pourraient être reconvertis, ça ne va pas répondre à la demande de 56.000 logements."

Une impasse, pas forcément. La solution de Serge Peeters est de multiplier les pistes: "Plusieurs réponses peuvent être mises en exergue. La première, c'est de voir où on peut encore construire. À la fois, travailler sur des espaces qui peuvent être reconvertis, sur des friches urbaines, même si on ne va pas produire énormément de logements, et à la fois, sur des espaces publics où on peut ramener de la nature. On peut aussi travailler sur l'encadrement des loyers dans Bruxelles." Il insiste sur un point: "Si on doit travailler sur des espaces verts déjà existants, c'est uniquement pour du logement social."

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Commentaires

1 commentaire

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  • A quand une taxe sur l empreinte carbone de la personne?

    debacker Ulysse
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