Partager:
Que faire face à un appartement infesté de punaises de lit ? Thomas, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, s'estime démuni et dénonce l'inaction des autorités face à ce problème de santé publique.
Celui que nous appellerons Thomas (prénom d'emprunt par souci d'anonymat) vit un véritable calvaire depuis plusieurs mois. Après avoir acheté un lit d'occasion, il découvre que des punaises de lit y ont élu domicile dans son appartement bruxellois. Et problème: ces dernières se sont multipliées rapidement à travers son logement. Aujourd'hui, ce père de famille se sent démuni. "Je connais le problème des punaises de lit parce que je voyage beaucoup. Mais j'étais pas complètement concentré là-dessus. On a installé le lit et trois semaines après, je me faisais piquer", se souvient Thomas.
C'était vraiment répugnant
Lors de son achat, ce Bruxellois ne se doutait pas qu'il allait le regretter quelques jours plus tard. "On a retrouvé plein d'insectes dans les tiroirs du lit qu'on a acheté. Mais ça, on l'a vu après et tout était déjà installé. Il était rempli d'insectes, on les voyait bouger dans les interstices. C'était vraiment répugnant", raconte-t-il.
Depuis l'achat de ce lit en août dernier, la famille vit au quotidien avec la peur de retrouver des punaises au sein de son appartement. "Maintenant je regarde tous les jours, je regarde tous les jours, donc ça devient une obsession au quotidien. On a encore vu des traces il y a quelques semaines", rapporte-t-il. Désormais, afin d'éviter la prolifération de ces petits insectes, Thomas use d'astuces. Un sèche-linge trône ainsi dans l'appartement tout comme un congélateur dont le seul but est d'accueillir des vêtements achetés d'occasion.
"On surveille la température pour être sûr que ça descend bien à -30 degrés et on les laisse prendre comme ça pendant trois jours (...) On vit sur des matelas gonflables, on vit sur un cadre de lit en métal. Alors quelque chose qui marche très bien, c'est la Terre de Diatomée (produit naturel extrait de roche sédimentaire, ndlr). Le lit en est rempli et depuis lors ça se calme", explique le père de famille.
Je ne dormais plus, je me réveillais la nuit.
Une infection qui a considérablement impacté le moral de Thomas. "Ça m'a coûté un burn-out de deux mois cette histoire parce que je n'ai pas dormi. Après, je me suis aguerri. Je ne suis pas quelqu'un qui se laisse aller. Mais ce n'est pas pris au sérieux parce que ça véhicule pas de maladie", confie-t-il. Avant de poursuivre: "Ça envoie les gens dans une détresse psychologique monumentale. Moi ça m'a envoyé loin, loin, loin. Je ne dormais plus, je me réveillais la nuit".
Ça apporte une vraie détresse psychologique.
Geoffrey Dengis est gérant d’une société de désinsectisation. Le problème des punaises de lit n’est pas nouveau mais il est en train de prendre l’ampleur. "Depuis 4, 5 ans, on a de plus en plus de demandes de demandes quotidiennes avec des gens qui essaient par leurs propres moyens d'en venir à bout parce que les traitements coûtent très cher et qu'ils font parfois pire que mieux. Ça apporte une vraie détresse psychologique. On a peur d'aller dormir parce qu'on va se coucher en se disant je vais me faire piquer", explique le spécialiste.
Une prévention compliquée
Selon lui, cette augmentation s'explique notamment par le développement du marché de l'occasion. "Il y a des gens qui sont même très peu scrupuleux et qui se permettent de vendre un canapé-lit ou qui vendent des vêtements qui sont infestés de punaises de lit", assure-t-il. Pour venir à bout de ces insectes, le traitement est souvent lourd et donc coûteux. "Les gens vont en avoir marre de dormir dans leur chambre et vont dormir dans le canapé. Et donc on se retrouve avec trois pièces à traiter", constate Geoffrey Dengis.
Les punaises de lit sont des insectes dont les piqûres provoquent notamment des démangeaisons, qui se développent dans les matelas et les draps, ainsi que les meubles et les recoins. Alors qu'elles avaient pratiquement été éradiquées en France, le phénomène connaît une recrudescence. La punaise de lit a la particularité d'avoir une forme plate, ce qui la rend difficilement repérable. Le traitement est mis en place après une identification du lieu d'infestion.
Selon les ménages infectés, les produits diffèrent. Par exemple, si l'on est face à une famille avec enfants, on évite de déposer de l'insecticide. "On passera toujours par une phase d'aspiration puis la vapeur. Et on rajoute encore un traitement insecticide par pulvérisation de toutes les surfaces, et les endroits où elles peuvent se cacher. Et si l'infestation est vraiment énorme, on peut encore mettre en suspension un insecticide qui va remplir le volume", éclaire le spécialiste.
Je ne dis pas que l'on est seul mais c'est un peu chacun pour soi
Pourtant, malgré la prolifération des punaises de lit, la prévention semble compliquée en Belgique. "Etant donné que c'est un phénomène nouveau qui revient en force, on a dû se renseigner nous-mêmes. Je ne dis pas que l'on est seul mais c'est un peu chacun pour soi, et chacun tente de trouver la recette magique pour arriver au bout de l'infestation", déclare-t-il. Selon lui, l'information du public est primordiale.
Nous avons contacté tous les niveaux de pouvoir. Aucune autorité n’est compétente en la matière, les punaises de lit ne transmettent pas de maladie et donc en Belgique ce n’est pas considéré comme un problème de santé publique.
