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Julia reçoit un mail avec des photos d'elle nue... alors qu'elle n'en a jamais faites: l'utilisation malveillante d'intelligences artificielles fait des ravages

Vous avez l'habitude de publier de nombreuses photos de vous sur les réseaux sociaux ? Faites attention ! Elles pourraient être récupérées par des personnes malveillantes qui les monteraient en votre défaveur. C'est ce qu'on appelle le "Deep Fake" et c'est ce qui est arrivé à Julia qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. 

Julia est une jeune femme qui s’est lancée dans le mannequinat voici quelques années. Si elle admet elle-même "ne pas en vivre", cette activité complémentaire lui permet de se faire plaisir et d’acquérir une petite notoriété dans le monde du mannequinat.

Pratiquant cet exercice qui est donc destiné à être vu par d’autres personnes, Julia poste régulièrement des photos de ses shootings sur ses réseaux sociaux, qui servent en quelque sorte de vitrine à son travail. Si cela lui permet de se faire repérer par le plus grand monde, cette jeune femme a malheureusement découvert qu’il pouvait y avoir des personnes moins bien intentionnées. 

Choquant, car très réaliste

Elle a souhaité nous raconter son histoire. "J’ai été victime d’un photomontage à l’intelligence artificielle où des clichés de moi, où j’étais habillée, ont été trafiqués afin que j’apparaisse nue", décrit-elle.

Rencontrée par une équipe RTL info, Julia continue son récit, qui a commencé avec un mail. "Je reçois un mail d’une personne, anonyme, qui m’envoie des photos de moi nue en me demandant si je trouvais ça réaliste. Parmi les photos, quatre sortaient de shootings, et une d’un compte privé. C’était choquant, car c’était très réaliste : les proportions étaient bonnes, mes parties intimes étaient ressemblantes", explique-t-elle, troublée.

Edition numérique des abonnés

(c) Alertez-nous : ci-dessus, la photo originale à gauche et la photo retouchée par l'intelligence artificielle, à droite.

"La personne disait être fan et vouloir sensibiliser aux pouvoirs de l’IA. J’ai porté plainte par la suite", dit-elle. Plus de manière symbolique qu’autre chose, Julia expliquant qu’elle imagine bien que l’auteur étant anonyme, il sera difficile pour la police de faire quelque chose. "Je ne pense pas que ça débouchera, mais je l’ai fait pour une question de statistique. Cette personne avait plutôt l’air "bienveillante", car elle ne faisait pas de chantage. Mais je pense aux autres personnes à qui cela pourrait arriver et qui auraient à faire à des personnes moins bien intentionnées", conclut-elle.

Des intelligences artificielles surdouées

On peut alors se demander : comment ces gens arrivent à faire des choses aussi réalistes ? Axel Legay, expert en cybersécurité, nous explique comment fonctionne ces mécanismes, qui ne sont pas si compliqués à maîtriser. "Ce sont des applications où l’on rentre des photos habillées, mais avec une intelligence artificielle, le système arrive à déshabiller la personne. C’est un vrai danger pour les femmes".

Les gens se servent sur les réseaux sociaux

Et pour cause : si avant l’apparition des intelligences artificielles, il existait déjà des montages de ce genre, désormais, ils sont très réalistes : "Contrairement à avant où on pouvait remarquer sur la photo qu’elle était montée, maintenant, on ne voit presque plus la différence".

Si à l’époque, ces montages venaient d’hackings, désormais il n’en est rien, comme l’explique l’expert. "Les gens qui font ces montages se servent sur les réseaux sociaux, simplement. C’est de plus en plus fréquent, car les réseaux prennent de plus en plus de place. Désormais, avec une IA, je peux changer la vie d’une personne avec ce qu’elle laisse comme empreinte numérique".

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Un accès facile à ces applications qui révolte d’ailleurs la jeune femme. "Du côté de la réglementation, il y a quelque chose qui cloche. Ces applications sont ouvertes à tous. Il y a déjà beaucoup de problèmes avec le ’Revenge porn’ et les chantages et en plus de ça, désormais, on laisse la porte ouverte aux montages encore plus poussés", dénonce-t-elle.

Un autre danger réside dans l’indélébilité de ce qui se trouve sur les réseaux. Une fois publié, difficile d’effacer définitivement quelque chose sur le web. "C’est très dangereux pour les réputations, car c’est très réaliste. On peut demander aux plateformes de supprimer les images où elles ont été postées et elles ne le font pas, elles seront punies par l’Union européenne. Seulement, on ne peut jamais garantir qu’il n’y aura aucune trace, on peut simplement atténuer", explique Axel Legay.

Une réglementation qui progresse cependant 

Rarement attrapés, car bien souvent anonymes, il existe cependant des sanctions pour ces monteurs photos malveillants. "On appelle ce genre de montage des deep-fakes", explique Sandrine Carneroli, avocate spécialisée dans le droit d'auteur et des médias. 

"La création et la diffusion de pareilles images, sans le consentement de la personne, sont punissables par le code pénal, pour infraction de voyeurisme", ajoute-t-elle. Cette infraction est assez récente : elle n’a été ajoutée dans le code pénal qu’en 2013. "De ce fait, elle n’est pas toujours bien connue, mais elle permet désormais de poursuivre ces personnes".

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Comme le soulignait Julia, ces auteurs sont souvent armés de mauvaises intentions et sont donc anonymes. Dans certains cas, il est pourtant possible de les retrouver. "Si on les trouve, on peut porter plainte bien sûr. Les peines accordées vont de minimum 6 mois à 5 ans. Si la victime est mineure, la sanction peut aller jusqu’à 15 ans de prison", précise l’avocate.

Des moyens d’empêcher ce fléau ?

À l’ère du numérique, difficile d’empêcher des personnes mal intentionnées de s’emparer de données et d’en faire n’importe quoi. Il est pourtant possible de s’en prévenir au maximum.

"Chaque personne possède une trace numérique", explique Axel Legay, expert en cybersécurité. "Sur les photos qu’on partage bien sûr, mais cela peut être à notre insu. Imaginons qu’un hôtel prenne sa piscine en photo pour en faire une pub et que vous êtes dedans en maillot à ce moment-là. L’hôtel est censé demander l’autorisation, mais ça n’est pas toujours fait. Il faut toujours être vigilant, et dans le meilleur monde, n’avoir que des profils privés sur les réseaux".
 

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Commentaires

4 commentaires

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  • faut juste arrêter toutes ces conneries d'IA...

    Francesco Capizzano
     Répondre
  • Elle fréquente les poubelles sociales..? Elle est majeure? Et bien qu'elle assume. Elle sait parfaitement bien qu'il n'y a pas plus puant que ces endroits..! Ses photos, sa vie..? Il y a d'autres façons de les partager, bien plus socialement qu'en se croyant obliger de passer par ces réseaux-ordures.. Les gens gueulent à tout va pour leurs droits à leur vie privée mais répandent cette vie comme des crétins sur les réseaux... Ils sont cons, et bien qu'ils assument..!

    Gérard G
     Répondre
  • l intelligeance artifiel est a la porté de tous ? et au lieu qu on s en serve pour des bonne chose on en fait des saloperies et descrasses en faite compte apres se sera les gouvernements qui s en servirons pour eux aussi en faire des crasses

    dominique decarnoncle
     Répondre
  • Nous ne sommes qu'au début des ravages de l'intelligence artificielle et de ses dégâts directs et indirects. Il faut à tout prix reprendre le contrôle à 100%!

    André CESAR
     Répondre