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"La messe de la Sainte-Barbe est supprimée, c’est intolérable": Daniel, ancien pompier de Bruxelles, ne comprend pas cette décision

Pensionné depuis quelques années, un ancien pompier de Bruxelles se réjouissait de participer à la Sainte-Barbe le 4 décembre prochain. L’occasion de rendre notamment hommage aux collègues décédés. Mais Daniel a appris qu’un changement aura lieu cette année. Une tradition va disparaitre. Une décision qu’il déplore et ne comprend pas. 

C’est un jour qu’il attend chaque année avec impatience. La fête de la Sainte-Barbe, célébrée le 4 décembre, est symbolique pour les hommes du feu. "C’est la sainte des pompiers, comme la Saint-Eloi pour ceux qui travaillent dans le métal", explique Daniel, un pompier à la retraite depuis 5 ans, qui nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. 

"A cette occasion, nous fêtons les nouveaux pensionnés et nous rendons hommage à nos frères morts au feu. On ne peut pas les oublier. Il y en a qui sont morts très jeunes. Il y en a un qui est décédé lors de sa première mission à l’ambassade d’Espagne. Il avait 21 ans", se souvient-il avec émotion. 

Cet événement dramatique n’est malheureusement pas un cas unique. Le métier de pompier peut comporter des risques, même si les dangers sont mesurés. "Il y a environ 2 ans, un sergent major a été mort écrasé par un escalator lors d’un incendie près de la gare du nord", rappelle le sexagénaire.

Je suis passé pas loin de la mort

Au cours de sa longue carrière, Daniel lui-même a vécu plusieurs moments tragiques. "Lors d’un incendie, on était trois à progresser dans un bâtiment en feu. Un de mes collègues est tout à coup tombé d’un étage. Heureusement il est toujours en vie, mais il a été pratiquement un an hors service parce qu’il avait eu le bassin cassé", raconte l’ancien homme du feu, encore marqué par cet accident. 

"Moi-même, j’ai une fois été confronté à un drame. Je suis passé pas loin de la mort. Une pierre bleue d’1m20 de long, 30cm d’épaisseur est tombée sur mon épaule. C’était un balcon qui menaçait de tomber et il est tombé au moment où on est arrivés sur le coin de mon épaule", relate-t-il avec précision. "J’ai eu juste un bleu mais, s’il tombait 20cm plus loin, il était sur ma tête et c’était fini, malgré le casque", assure Daniel. 

Mais cet ancien policier militaire devenu pompier ne regrette absolument pas son choix de changement de carrière. "J’avais un oncle déjà pompier à Bruxelles et j’avais fait 4 ans en tant que démineur à la marine, puis 8 ans à la police militaire. J’en avais fait le tour et j’entendais les histoires de mon oncle. Je me suis dit que c’était plus passionnant que ce que je faisais", raconte-t-il. En 1988, il devient donc pompier professionnel à Bruxelles après une formation spécifique. Aujourd’hui, cette formation dure 6 mois et ensuite, chaque année, les pompiers doivent suivre des recyclages feu et ambulance qui sont obligatoires pour rester opérationnels. 

"Aujourd'hui, c’est 80% de missions ambulance et 20% de missions incendie"

Daniel est devenu sergent major sous-officier à Bruxelles. Au fil des ans, il a constaté l’évolution du métier. Les interventions pour des incendies ont diminué. "A l’heure actuelle, le métier de pompier c’est 80% de missions ambulance et 20% de missions incendie. Grâce à tous les matériaux anti-feu préconisés dans les constructions, cela a vachement fait baisser le nombre d’incendies", indique Daniel. "Par exemple, à mon poste, quand j’étais chef à la caserne de Schaerbeek, on avait 4 ambulances et, sur 24h, elles étaient tout le temps dehors. Elles faisaient environ 15 missions chacune sur 24h. C’est assez énorme", lance-t-il. 

Daniel explique qu’aujourd’hui, dans la capitale, il faut exercer ces deux missions à tour de rôle, ambulancier et pompier. Leurs interventions sont variées et nombreuses. Accident ou malaise sur la voie publique, incident dans une maison de repos, accidents domestiques, etc. "Vous ne faites jamais la même chose. Chaque mission est différente. Que ce soit en ambulance ou à l’incendie. Quand vous démarrez, vous savez pourquoi vous partez mais vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber, parce qu’entre ce que les gens signalent et la situation quand vous arrivez, c’est tout à fait autre chose", explique le sexagénaire. 

Des situations parfois inattendues: "Vous arrivez et c’est la catastrophe"

En plus d’apporter des soins et une expertise pour éteindre les flammes, les pompiers-ambulanciers doivent souvent faire face à des situations humaines délicates, parfois inattendues. "J’ai travaillé pendant 10 ans pour le SIAMU à l’hôpital Saint-Pierre. On vous dit "accident de circulation" et, quand vous arrivez, c’est une petite fille qui est en-dessous des roues d’un camion. Et ce n’est pas ça qu’on vous a annoncé. Pour vous un accident de circulation, c’est une voiture qui a heurté un autre véhicule. Et là, vous arrivez et c’est la catastrophe parce que vous savez que quand vous allez bouger le camion, la petite fille, ce sera terminé pour elle", se souvient Daniel. 

Par ailleurs, les heures de travail sont longues et intenses. "A Bruxelles, un pompier débute par exemple à 8h le lundi et termine le mardi à 8h. Il fait une garde de 24h. Et il n’y a pas beaucoup de pauses. Les ambulanciers n’ont parfois pas le temps de manger à midi, ils doivent attendre 14h parce qu’ils sont en mission. Pendant la période du covid, c’était plus intense que d’habitude. Au niveau des ambulances, c’était vraiment dingue "

En résumé, les pompiers doivent pouvoir gérer toutes les situations "aussi bien dramatiques que cocasses". Et, d’après Daniel, c’est une passion qui les anime. "Ce métier, vous l’avez dans la peau. Lors de ma carrière, j’en ai vu qu’un seul qui a démissionné après les 6 mois d’instruction", assure-t-il. 

Bientôt la Sainte-Barbe sans messe

Une certaine fraternité unit les membres des casernes. C’est pourquoi la fête de la Sainte-Barbe est tellement importante. "Cette célébration est organisée par l’amicale des pompiers. Habituellement, il y a un repas, une commémoration et l’eucharistie. Mais cette année, il y a une nouveauté. Nous ne pouvons plus participer à cette messe pour des raisons de neutralité. C’est une décision de la direction du SIAMU pour ne pas déranger", déplore Daniel. "C’est regrettable, toutes nos traditions sont petit à petit annihilées", regrette-t-il. 

Pour respecter la neutralité

Une information confirmée par le porte-parole des pompiers de Bruxelles. Visiblement, l’explication réside dans la volonté de ne plus mettre en évidence une religion particulière. "L’eucharistie est organisée par l’amicale des sapeur-pompiers. Pour respecter la neutralité de tous les organismes d’intérêt public, cette messe ne sera plus célébrée cette année", explique Walter Derieuw. 

"En tant que catholique, je trouve ça dommage. Je ne peux pas le comprendre. On n’est pas contents", s’insurge Daniel. 

Le porte-parole tend toutefois à relativiser cette colère. D’après lui, peu de pompiers assistent à cette eucharistie. "L’année dernière, environ 200 personnes étaient invitées à la fête de la Sainte-Barbe et une dizaine de personnes ont assisté à l’eucharistie", assure-t-il. 

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Commentaires

7 commentaires

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  • Et après on s'étonne que les Hollandais aient voté à droite ...

    Mick Mick
     Répondre
  • Cela veut-il dire que le ramadan ou autres shabbat seront également annulés afin de respecter la "neutralité" ?

    Ben Bern
     Répondre
  • C'est absolument honteux ! Honte et mépris à ceux qui ont pris cette décision ! Il ne faut pas "déranger" certaines communautés ? Evidemment des politicards derrière tout cela Soutien aux pompiers !

    1977 Veteran
     Répondre
  • Pour respecter la neutralité de tous les organismes d’intérêt public, cette messe ne sera plus célébrée cette année", explique Walter Derieuw... Pleutre, lâche, faux-cul... Et quand le Roi et sa famille participe, en grande pompe, au Te Deum national, tu oserais lui dire la même chose..? Crétin..!!

    Gérard G
     Répondre
  • Alors cessons de célébrer la Sainte-Barbe. Encore la même ineptie que celle qui a décidé de rebaptiser les vacances scolaires , en supprimant toute référence chrétienne. Le prochain sur la liste, pour les mêmes raisons islamo-gauchiste (que ne partagent pas nécessairement tous les musulmans, c'est la Saint-Nicolas.

    José PIERARD
     Répondre
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