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Le burn-out est-il un mal sous-estimé? Valérie se confie sur sa douloureuse expérience: "J'ai refusé d'entendre le diagnostic"

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le burn-out se définit comme "un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d'incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail". Le burn-out découle ainsi d'un stress chronique au sein du milieu professionnel. Valérie fait partie des nombreux Belges touchés par ce syndrome et souhaite partager son expérience pour aider ceux qui sont dans son cas.

"J’ai entendu ce terme burn-out il y a plusieurs mois, je dirais même plus d'un an", nous confie Valérie (prénom d'emprunt). À 45 ans, elle est atteinte de ce syndrome qui touche de plus en plus de travailleurs. "Mon médecin me l'avait déjà diagnostiqué, mais j'ai refusé d'entendre le diagnostic. Donc j'ai continué à travailler jusqu'à ce que mon corps lâche complètement".

Une fatigue extrême qui vous rend tout simplement inapte à travailler, voici ce qui a frappé cette Liégeoise. Un processus qui prend du temps, mais qui frappe fort. "Tout d'abord, ça se déclenche par de petites maladies qui vont, durant toute l'année, être identiques : des torticolis, des problèmes de dos, des problèmes intestinaux. Ce sont vraiment des maladies où l'anxiété, en fait, nous ronge. Et ces maladies, pour finir, s'accélèrent. Et là, on ne sait plus faire autre chose que de les écouter. J'en étais au point de faire des crises d'angoisse sur les derniers moments, je ne savais plus aller travailler".

"J'étais avec les larmes aux yeux, j'arrivais au travail, je devais me rendre directement aux toilettes parce que j'étais dans un état d'anxiété et de stress intense. Et donc je me suis rendu compte qu'il fallait que j'écoute mon médecin. J'étais à bout, j'étais vraiment à bout", ajoute cette travailleuse du secteur des soins de santé.

Un sujet "tabou"

Si Valérie a appuyé sur le bouton orange "Alertez-nous", c'est pour dénoncer la perception du burn-out dans le milieu professionnel et dans la société en général. "Je suis en colère, car le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie. Il est considéré comme tabou. Je ne l’ai pas dit à certaines personnes de ma famille, car je sais que ça ne sera pas compris. Je veux témoigner pour les autres personnes, comme moi, qui se sentent démunies".

Quelques mois après la reconnaissance de son burn-out, Valérie a dû retourner à contrecœur à son travail. "Après un mois, on passe sur la mutuelle et on ne perçoit plus que 60% de notre salaire. C’est une grosse perte. J’ai dû me rendre à l’évidence que financièrement parlant, je devais reprendre le boulot. Mon médecin n’était pas pour, mais il a compris". Les frais des différents médecins et thérapeutes ont eu raison de sa mise au repos.

Son retour a été particulièrement pénible : "On m’a remise dans mon bureau, j’ai demandé à changer de poste, ça n’a pas pu se faire. Donc je retourne au même endroit avec toutes les craintes que j’essaie de combattre".

Prévenir plutôt que guérir

Avant d'en arriver au stade de Valérie, les personnes atteintes d'un burn-out passent par différentes phases. Mais pour éviter de tomber dans une situation si difficile à supporter, il s'agit surtout de tout faire pour l'éviter. "Pour la prévention du burn-out, c'est surtout de pouvoir entendre qu'il faut agir non pas uniquement quand les symptômes sont présents et qu'il y a des dommages pour le travailleur, mais aussi de pouvoir agir en amont", préconise Céline Leclercq, experte du burn-out.

Il y a trois types de prévention, décrit la doctorante : primaire, secondaire et tertiaire. Il est important de ne pas s'aventurer au-delà de la deuxième phase. "Primaire, on va éviter ou limiter le risque que les dommages arrivent. Prévention secondaire, on va éviter que la personne en arrive à tomber en arrêt maladie. On parle de prévention tertiaire quand il y a déjà des dommages à soigner".

Dans une perspective encore plus préventive, il convient surtout de faire en sorte d'éviter de mettre les travailleurs dans des situations susceptibles de les conduire au burn-out. Céline Leclercq préconise d'"agir sur les conditions de travail qui sont délétères pour les travailleurs, limiter les contraintes auxquelles les travailleurs vont faire face et augmenter les ressources pour faire leur travail".

Quelles solutions ?

Pour les personnes qui se sentent déjà en détresse, vous pouvez vous tourner vers quelques aides et soutiens déjà existants. "On a d'abord la médecine du travail et les conseillers en prévention psychosociaux", conseille Céline Leclercq. "Aller voir leur médecin généraliste ou consulter un psychologue clinicien du travail pour pouvoir parler de leur réalité professionnelle et envisager les différentes possibilités qui s'offrent à eux face à leur problématique" peut être une autre solution.

L'Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) a pris la mesure du problème et a mis sur pied un projet pilote. Il a permis de prendre en charge des travailleurs qui constatent des problématiques sur le lieu de travail tout en étant toujours dans le lieu de travail. "L'idée, c'était de pouvoir les maintenir dans l'emploi via une prise en charge individuelle".

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