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"Ma manager a détruit ma santé": Ayoub a été victime de harcèlement moral au travail et dénonce l'inaction de ses supérieurs

Ayoub a appuyé sur le bouton orange Alertez-nous car il a été victime de harcèlement moral sur son lieu de travail et s’est retrouvé impuissant face à cette situation... Malgré ses appels à l'aide auprès des ressources humaines. Il souhaite aujourd’hui se faire entendre et faire bouger les choses.

"J'ai subi du harcèlement moral à mon travail durant 1 an et je n'ai toujours reçu aucune aide jusqu'à aujourd'hui. J'ai quitté le travail il y a 3 mois, je n'ai eu que des problèmes : hyperventilation, pelade extrême dans les cheveux… Ma manager a détruit ma santé et ma santé mentale en général." Ayoub, 21 ans, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour tenter de "faire bouger les choses", comme il le dit lui-même.

Ce jeune homme a travaillé durant 2 ans pour une grande chaîne de vêtements. La situation s’est rapidement dégradée lorsque l’une de ses collègues est devenue manager. "La personne a évolué vers un poste de manager et quelques mois après, j’ai évolué vers un poste de responsable. C’est là que ça a commencé… Dès qu’elle a eu cette sorte de pouvoir", résume-t-il. 

Ça semble être des petits détails, mais ça a duré des mois

Comportement agressif à son égard, propos dégradants, pression, mise à l’écart… C’est une accumulation de petits événements qui a plongé Ayoub dans un profond désarroi. "Ça semble être des petits détails, mais ça a duré des mois, c’était plein de petites piques comme ça, constantes", confie le jeune homme. 

Plusieurs mois après les faits, Ayoub éprouve d’ailleurs toujours des difficultés à nous parler du harcèlement moral dont il dit avoir été victime sur son lieu de travail. "C’est dur d’en parler… Comme ça a duré dans le temps, j’ai remarqué qu’en mai 2023, j’avais une pelade sur mes cheveux. J’ai aussi eu de l’hyperventilation, j’ai été diagnostiqué. On ne peut pas prouver que c’est à cause du boulot, mais c’était là que tout me heurtait. Je n’arrivais pas à respirer correctement… Je dois prendre des médicaments tous les jours", témoigne-t-il. 

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Encore aujourd’hui, il dit en subir les conséquences sur sa vie quotidienne. "On me demande pourquoi j’ai un trou dans mes cheveux, pourquoi j’ai du mal à respirer… Et ça me rappelle le lieu critique où j’ai subi tout ça."

Un appel à l’aide sans retour

Ayoub a tenté d’alerter sa hiérarchie, en vain. "J’ai envoyé plusieurs mails à la District manager et aux ressources humaines depuis plus de 4 mois. Je n’ai reçu aucune réponse. J’ai été porté plainte auprès de la police qui eux m’ont conseillé d’abord de recevoir une réponse des ressources humaines", explique-t-il. 

Pour tenter de faire bouger les choses et se faire entendre, le jeune homme de 21 ans a décidé d’alerter sur les dangers du harcèlement moral à travers une vidéo sur le réseau social TikTok. "Je parle en mon nom, mais aussi au nom de toutes les personnes qui souffrent. Je pense qu’en 2023, ce n’est pas normal qu’on puisse subir ça au travail, surtout que j’aimais mon travail, c’est dur pour moi de ne pas travailler", confie Ayoub. 

On montre clairement une conséquence physiologique

Nous avons montré sa vidéo à une psychologue. En ce qui concerne les pelades et l’hyperventilation, Sahar Bahmad confirme : "Oui, on montre clairement une conséquence physiologique." 

Cette psychologue reçoit dans son cabinet de plus en plus de patients victimes de harcèlement moral. "La définition, de manière générale, c’est vraiment l’importance que ce soit des conduites répétées, abusives et qui perdurent dans le temps. Les conséquences sont diverses et elles vont dépendre de l’ampleur du harcèlement, mais aussi de la durée, de la fréquence et du soutien que la personne harcelée va recevoir", développe Sahar Bahmad. 

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On parle de conséquences physiques, psychologiques mais aussi professionnelles et sociales. La prise en charge du patient diffère selon les symptômes et le ressenti de la personne. Mais "plus on va agir rapidement, au mieux c’est", insiste la psychologue. "Le harcèlement va viser notre intégrité psychologique, notre estime de soi et notre confiance en soi. Plus on en est au début, moins les dégâts de la reconstruction seront importants", poursuit-elle.

Pour savoir quand consulter un médecin ou un spécialiste, Sahar Bahmad nous dit : "Dès qu’on ne se sent pas bien au niveau de son travail, dès qu’on a des signes de l’entourage, des crises d’angoisse quand on va aller au travail, dès qu’on a un signe négatif qui soit en lien avec le travail, des signes de troubles alimentaires, de l’appétit, ou du sommeil… des ruminations."

Comment faire face à un cas de harcèlement au travail ?

Si vous êtes victimes de harcèlement moral sur votre lieu de travail, sachez que la recommandation première est d’en parler, d’exprimer votre ressenti en interne, au sein de l’entreprise. "C’est la philosophie des modifications intervenues dans le cadre de la loi de 96", souligne Jean-Philippe Cordier, avocat spécialisé en droit du travail. "On considère qu’avoir recours à la police n’est pas nécessairement la meilleure solution. C’est mieux d’essayer de trouver des solutions en interne."

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Il existe normalement deux personnes à qui vous pouvez vous adresser au sein de votre entreprise : la personne de confiance et le conseiller en prévention spécialisé dans les risques psycho-sociaux. Si après discussion, la situation ne s’améliore pas, "le travailleur peut agir de manière formelle en introduisant une demande d’intervention psycho-sociale ou une demande d’intervention psycho-sociale à caractère individuel", détaille l’avocat. Tout cela fait se fait donc toujours en interne.

Et si après tout cela, la situation ne s’arrange toujours pas : "Le travailleur peut déposer plainte au pénal et enclencher une procédure pénale, mais honnêtement, ce n’est peut-être pas la meilleure des solutions", ajoute Jean-Philippe Cordier. Mais la difficulté face à la justice est de pouvoir amener les preuves d’un éventuel cas de harcèlement moral.

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Commentaires

3 commentaires

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  • C'est clair que dans ce genre de cas, même dans les grandes entreprises où il existe une personne de confiance, tout dépend du niveau d'influence de l'auteur du harcèlement. Bien souvent, ce type de personne sait qu'elle est intouchable, en profite et personne ne vous aidera. Comme toujours, dans notre belle société, c'est chacun pour soi et, pour moi, tous le monde en est responsable, à méditer ...

    John Café
  • En gros ce que l'avocat nous dit, c'est que mise à part dans les grande entreprise ou il y a une personne de confiance et un conseillé en prévention et une délégation syndicale, pour le reste des petites entreprises si vous n'avez pas de preuves matérielles, vous êtes juste bon a démissionner car en jsutice c'est peine perdue !

    jonathan desmet
     Répondre
  • Merci RTL. En espérant que les choses bougeront et que cela cesse. #MANGObx

    a8d458545f3648f78bd592b3649f9162
     Répondre