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"On slalome pour éviter le pire": l'angoisse de Jérôme en voyant le piteux état de cette route très fréquentée en province de Namur

Angoissé, Jérôme dénonce le manque d’entretien de la Nationale 921, qui relie Bierwart à Ciney. Régulièrement, d’importants trous se forment en début d'année. L’un d’entre eux a particulièrement attiré l’attention au niveau de la chaussée d’Andenne à Hamois (province de Namur). Des photos ont été partagées sur les réseaux sociaux et Jérôme a décidé de contacter notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous.

"Cette fameuse route entre Ciney et Andenne… Déjà passée à la télévision et dans un état qui se dégrade de jour en jour. Rien n'est fait", dénonce-t-il. "La voirie est très fréquentée, elle va devenir dangereuse. Nous sommes obligés de slalomer pour éviter les crevaisons ou pire."

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Des nids de poule, comme ce dernier, provoquent-ils régulièrement des accidents ? Nous avons posé la question auprès de la zone de police Condroz-Famenne.

"Cette route régionale est clairement dégradée. Des gens se présentent au poste de police à la suite d'une jante abîmée ou d'un pneu crevé, mais vont aussi demander une indemnisation auprès du SPW Mobilité et Infrastructures. Les accidents ne sont pas fréquents, mais il y a quelques cas. J’ai déjà dû demander à la commune d’aller réparer la route parce que la région ne fait pas toujours son boulot. Les gens se plaignent régulièrement de l’état de la route", constate le commissaire Baudouin Leclerc.

Et d’ajouter : "Il y a quelques kilomètres qui posent problème, mais le budget est important pour la réfection... En février 2022, il y a eu une réunion avec notamment des responsables de la région wallonne et Valérie Warzée-Caverenne, la bourgmestre d’Hamois, mais pas d’avancées notables à ce stade. On met des rustines pour boucher les nids de poule mais pas de réfection importante. La bourgmestre est au taquet. C’est la voirie la plus endommagée de la commune. Elle met la pression pour qu’on fasse un maximum pour réparer cette route."

La Nationale 921 étant une route régionale, le SPW Mobilité et Infrastructure est donc chargé de s’occuper de l’entretien de la voirie. "Il faut savoir que, tous les jours, nos équipes travaillent pour assurer la sécurité et le confort des usagers. Mais, c’est un exercice difficile parce que le réseau non-structurant est dense avec environ 6.000 km de voiries. C’est un travail cyclique qui doit être recommencé sans cesse", explique la porte-parole Sarah Pierre.

"Ce genre de dégradation est classique durant la période hivernale, essentiellement à cause des cycles de gel/dégel. Le district opère via ses gardes-routes une surveillance du réseau, liste les défauts et organise, suivant les moyens mis à sa disposition, soit une réparation via les équipes internes du SPW MI soit par une commande dans le cadre d’un marché de bail d’entretien."

Les nids de poules, la cause de graves accidents ?

Benoît Godart, le porte-parole de l’Institut de la sécurité routière Vias, indique que "quand un policier vient constater un accident mortel ou avec des blessés, dans un 1% des cas, il est indiqué que c’est dû à une dégradation de la route. C’est sans doute une sous-estimation de la réalité. Il n’y a pas de chiffres sur le nombre d’accidents dû à ces dégradations. C’est souvent une jante abimée ou un pneu crevé. A la sortie de l’hiver, les routes sont dans un piteux état."

Il poursuit : "Pour un motard ou un cycliste, cela peut être dangereux. L’état actuel des routes n’est pas bon, c’est clair. Je conseille aux citoyens qui constatent ces nids de poule d’appeler le 1718 pour directement signaler le problème à la région wallonne."

Les demandes d’indemnisations peuvent par ailleurs concerner un simple dégât matériel (une jante, un pneu, un pare-brise ou la carrosserie), mais également des préjudices corporels demandant une instruction beaucoup plus importante impliquant une expertise médicale avec l’établissement des dommages corporels, moraux ainsi que les incapacités de travail. 

En parallèle de la Sofico (Société wallonne de Financement complémentaire des infrastructures), le SPW a indemnisé la suite d’accidents sur le réseau non structurant, à savoir 6.500 km de routes nationales gérées par lui.

En 2022 donc, le Service public de Wallonie a reçu 308 plaintes pour son réseau (95 en 2021 et 317 en 2020), ce qui a donné lieu à 162 transactions pour une indemnisation totale de 891.628 €. En 2021, nous étions à 149 transactions pour 280.362,12€. Ces chiffres sont respectivement 91 et 159.296,33€ en 2020. La note a été plus salée en 2022 pour les transactions.

Par contre, la Région wallonne a été astreinte à payer des sommes plus légères devant le tribunal: 627.121 au lieu de 2,44 millions en 2021 et 1,29 million en 2020. Tous les types d’indemnisations confondus, le SPW et la Sofico ont donc déboursé 2,722 millions d’euros sur l’ensemble de 2022. À cela, il faut ajouter les dédommagements sur les routes locales, mais ce sont les communes qui s’occupent des dossiers.

> Demander une indemnisation suite à un accident ou des dommages survenus sur une route ou autoroute régionale

Comment travaillent les gestionnaires des routes?

En Wallonie, le réseau routier est composé de deux grandes catégories de routes :

  • Les routes régionales gérées par le SPW (service public de Wallonie) et aussi en partie par la SOFICO (Société de Financement Complémentaire des infrastructures)
  • Les routes communales gérées par les communes

3 gestionnaires s'occupent donc de l'entretien de nos routes.

Fin 2009, les voiries régionales ont été réparties en deux réseaux différents : le réseau structurant et le réseau non-structurant.

Aujourd'hui, le réseau structurant correspond au réseau sur lequel est prélevé, depuis le 1er avril 2016, le péage kilométrique pour poids lourds, soit un peu plus de 2.700 km de routes et d'autoroutes. Le reste du réseau routier régional (environ 6.000 km de routes) constitue le réseau non-structurant.

La Nationale 921 pointée du doigt se trouve quant à elle sur le réseau non-structurant. Sans s'exprimer spécifiquement sur les dégradations observées sur cette voirie ces derniers temps, Sarah Pierre, la porte-parole du SPW Mobilité et Infrastructures, a expliqué comment l'entretien des routes s'organise, à commencer par les budgets débloqués.

"Il y a plusieurs budgets qui servent à améliorer l’état du réseau non-structurant. Parmi ces budgets, il y a 50 millions d'euros prévus pour l'entretien", précisait Sarah Pierre en mars 2022. "Quand on parle d’entretien, on ne pense pas uniquement à l’état du revêtement, il y a aussi tous les travaux qui concernent la signalisation et le marquage routier."

"Sur ces dernières années, on se rend compte qu’il y a une vraie évolution par rapport aux budgets qui sont alloués à la rénovation et à l’amélioration du réseau routier. Par exemple, on s’est rendu compte qu’en termes d’investissements pour 2019, nous étions à 33 millions et on est passé à près de 50 millions en 2020. Il y a une vraie amélioration et des progrès qui sont en cours."

La Wallonie dit également s'être dotée d’outils toujours plus performants et innovants pour mesurer l’état des routes. Des équipes sont mobilisées quotidiennement pour sillonner les routes. "Pour justement arriver à savoir où sont les besoins et les travaux qui doivent être réalisés en priorité. Sur base de ça, on dresse une liste de priorités pour savoir comment on doit agir pour que les usagers puissent se mouvoir sur notre réseau en toute sécurité et dans un confort optimal", ajoute la porte-parole du SPW.

Parmi les outils: le VAMOS (Véhicule d'Auscultation Multifonctions), une camionnette équipée de plusieurs capteurs. Ce véhicule va pouvoir mesurer des critères techniques, qui permettent de savoir dans quel état se trouve la voirie. 

Mais malgré des moyens augmentés, le SPW s'est déjà dit conscient que des progrès doivent encore être réalisés. On a plus d’argent pour rénover nos routes, mais on a aussi une détérioration qui arrive... "L’état des routes en Wallonie, on y travaille depuis des années. Les budgets augmentent et c’est une super bonne nouvelle. Il est vrai qu’on a plus d’argent pour rénover nos routes mais on a aussi une détérioration qui arrive. On a une augmentation des moyens alloués pour l’entretien mais aussi une augmentation des besoins. C’est lié à l’augmentation du trafic. Les poids lourds détériorent pas mal le revêtement sur les grands axes routiers", ajoute Sarah Pierre.

En mars 2022, la porte-parole avait indiqué qu'une fois l'hiver passé, un nouvel état des lieux aura lieu pour déterminer quelles seront les futures interventions sur le réseau routier. 

"En plein hiver, on travaille sur les réparations localisées à froid car les conditions météorologiques ne nous permettent pas de travailler de manière plus profonde. A la fin de l’hiver, il y aura des opérations d’auscultation de l’ensemble du réseau pour se rendre compte des priorités sur le réseau. Ces travaux seront menés dès que possible au printemps. Les priorités sont établies sur le réseau en fonction notamment de la fréquentation des axes et des soucis rencontrés (marquage, propreté,…). En période hivernale, on rencontre essentiellement des problèmes de nids de poule et quand ils sont importants et dangereux, nos équipes interviennent en urgence."

Plus globalement, et au-delà des problèmes rencontrés sur la N921, nous voulu aussi répondre à la question "quel est l'état des routes wallonnes?"

Héloïse Winandy, la porte-parole de la Sofico, le gestionnaire du réseau dit "structurant" (en savoir plus), a expliqué comment les investissements ont évolué.

"Depuis 2010, la Sofico a dû palier le sous-investissement dont a souffert le réseau pendant les décennies précédentes. Pour rappel, suite à la régionalisation de compétences en 1989, la Wallonie héritera de la gestion du réseau routier régional de grand gabarit", a expliqué Héloïse Winandy. "A cette époque, les Régions étaient sollicitées pour contribuer à l’assainissement de la dette publique. Conséquence : les moyens dévolus aux routes régionales étaient progressivement réduits alors que les autoroutes, construites dans les années 70, nécessitaient des moyens de plus en plus importants pour leur entretien et leur réhabilitation."

Depuis 2010, les chantiers se sont donc multipliés (2,5 milliards d’€ qui ont été investis) pour remettre le réseau à niveau. "Concernant le financement, il a changé ces dernières années. Depuis le 1er avril 2016, le prélèvement kilométrique poids lourds est d'application en Belgique (poids lourds prévus ou utilisés pour le transport de marchandises et dont la masse maximale autorisée (M.M.A.) dépasse 3,5 tonnes). En Wallonie, il est en vigueur sur le réseau SOFICO (réseau structurant). "Il fonctionne selon le principe simple de l’utilisateur payeur : ceux qui fréquentent les autoroutes et principales nationales de Wallonie paient en fonction des kilomètres parcourus, de la route fréquentée, du poids et de l’émission de pollution de leur véhicule. La SOFICO perçoit grâce à cette redevance kilométrique poids lourds chaque mois en moyenne environ €20 millions réinvestis dans la réhabilitation du réseau structurant."  

Pour prioriser les interventions à mener, la Sofico est épaulée, lors de la conception des grands plans de réhabilitation, par à un outil informatique, appelé le "GPS" ou "Gestion des Projets routiers". Cet outil pondère chaque demande selon différents critères (sécurité, état de la chaussée, mobilité,…) ce qui permet d’objectiver les interventions à mener.

Un des critères qui intervient est évidemment l’état de nos voiries. En plus des inspections visuelles, plusieurs mesures sont prises à l’aide d’appareils pour poser le diagnostic de l’état de santé de nos routes, dont :

  • La rugosité de la chaussée 
  • La planéité 
  • L’orniérage
  • L’état de fissuration de la route
  • La rétro réflexion des marquages
  • La rétro réflexion des marquages

Parmi les appareils qui auscultent nos routes du réseau structurant, on retrouve donc également le véhicule d’auscultation multifonctions appelé "VAMOS".

 

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Commentaires

1 commentaire

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  • A la Région Wallonne on préfère investir cet argent dans les camps de migrants plutôt que de refaire le réseau routier des wallons

    Alain Schmit
     Répondre