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"Une toxine qui conduit à la mort": Nicolas se bat avec la commune de Visé pour protéger ses chevaux

Afin de mettre en garde contre le danger que représentent les érables sycomores pour les chevaux, Thibault et Olivier nous ont contactés via notre bouton orange Alertez-Nous. Propriétaire de plusieurs équidés, ce dernier doit faire face à un terrible problème: ceux-ci décèdent lorsqu'ils mangent les fruits d'érables sycomores plantés à proximité de son enclos. Seulement, ceux-ci sont classés et ne peuvent pas être coupés. 

À Visé, en province de Liège, la situation est grave pour Nicolas et ses chevaux. Thibault, vétérinaire équin et ami de Nicolas, nous a envoyé un message pour nous faire part de son angoisse. "C'est une maladie qui a été découverte il y a seulement une quinzaine d'années. Avant ça, c'étaient des décès de chevaux un peu inexpliqués. (...) En fait, ce ne sont pas les feuilles, mais les petits 'hélicoptères', que l'on appelle samares des érables, qui sont responsables de la maladie (...)", explique-t-il. 

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Bien qu'inoffensives en apparence, ces fruits entraînent une réaction particulièrement violente lorsqu'ils sont mangés par le cheval. "Ils contiennent une toxine qui, une fois ingérée, va provoquer une atteinte musculaire très très forte chez les chevaux, avec une nécrose de milliers de cellules musculaires et qui conduit à la mort dans 75 % des cas", précise le vétérinaire.

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Des arbres classés

Lorsque Nicolas décide d'aménager, chez lui, un espace pour ses chevaux, il est loin de se douter des ennuis qui l'attendent. Juste à côté de son enclos, se trouvent plusieurs érables sycomores. Or, la particularité de ces arbres est que leurs fruits sont extrêmement toxiques pour les chevaux. Mais cela, Nicolas ne le savait pas, avant qu'un de ses poulains ne tombe gravement malade.

On a bataillé pour pouvoir le sauver

Thibault se souvient encore très bien de comment tout cela à commencé. "C'est une histoire qui date de l'année dernière. Le poulain est tombé malade assez subitement et il a été retrouvé couché dans un pré avec des symptômes très sévères et un pronostic de survie vraiment minime. Il n'y avait jamais eu de cas auparavant (...)".

Et c'est bien cela qui est délicat, comme l'explique Thibault. "(...) C'est ça aussi qui est assez difficile avec cette maladie : on constate qu'il y a des chevaux sur des prés à risques depuis des années et qu'il n'y a jamais aucun cas et puis, d'une année à l'autre, il y a un cas qui se déclare sans que l'on ne sache réellement l'expliquer. (...) Donc ce poulain était dans un état très critique. On a bataillé pour pouvoir le sauver en mettant tout en place à la maison. (...) Après plusieurs semaines de soins très intensifs, il a très bien évolué et il a été sauvé".

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Bien décidé à couper ces érables pour protéger ses animaux, Nicolas va tomber sur une mauvaise nouvelle : ces arbres sont classés par la commune de Visé. Détail qui complique considérablement la situation. "La communication avec la ville de Visée, à l'époque, ne s'était pas très bien passée. Ils n'ont rien voulu entendre en avançant l'argument que les arbres étaient classés et en disant aussi que ces arbres étaient là avant qu'on installe les chevaux", relate Thibault. 

Pour Nicolas, il n'est pas envisageable de bouger son enclos. "C'est un aménagement qu'il a construit lui-même et qui a coûté un peu d'argent. Et le problème, c'est que déménager six chevaux ça représente un coût énorme. Si on doit les mettre en pension dans un manège, on est vite à 2000 euros par mois", déplore le vétérinaire. 

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Du coup, ils tentent de trouver des solutions, mais ces dernières ne sont pas vivables sur le long terme."Par exemple, limiter le temps durant lequel les chevaux sont dans le pré. (...) On essaye de faire en sorte qu'ils n'aient pas faim lorsqu'ils sortent dans le pré.(...) On essaye de faire en sorte qu'ils n'aient pas faim lorsqu'ils sortent dans le pré. On fait le maximum, mais malheureusement ça reste des animaux qu'on ne peut pas maintenir enfermés", déplore le vétérinaire.

La commune ne bougera pas, ou presque 

Après avoir eu un nouvel entretien avec la commune de Visé, nous avons recontacté Thibault afin de savoir si un accord a été trouvé. Et force est de constater que la situation risque de ne pas bouger, du moins, pas comme le vétérinaire et Nicolas le voudraient. "Ils étaient à l'écoute, ils sont bien conscients du problème. Mais malheureusement, c'est très compliqué, voire impossible d'obtenir l'abattage des arbres incriminés, parce que c'est une zone classée", nous explique Thibault.

Afin d'avoir son ressenti sur cette situation loin d'être simple, nous avons contacté la bourgmestre de Visé, Viviane Dessart. Elle a notamment bien précisé que cette décision, celle de ne pas couper ces érables sycomores, n'est pas pour nuire aux animaux de monsieur Willems, bien au contraire. "Nous n'avions pas du tout envie d'embêter, ni de provoquer la mort de ces animaux". Seulement, ils n'avaient aucune raison d'arracher ces arbres classés et centenaires. "Nous ne pouvons pas les abattre de notre volonté, on ne nous donnera jamais le permis pour ça", explique-t-elle. Comme maigre lot de consolation, elle précise : "Il est évident qu'on ne replantera plus des érables". 

Toutefois, certaines mesures vont être prises par la commune. "(...) Après, ils se disent prêts à discuter avec nous pour, peut-être, trouver des solutions pour déplacer les chevaux durant la période à risques. Ils s'engagent aussi à être beaucoup plus vigilants sur l'entretien des arbres. Parce que le souci qu'il y avait aussi, c'était qu'il y avait très très peu d'entretien, donc au final, tous les petits "hélicoptères" qui volaient allaient se ressemer plus loin et on se retrouvait avec des érables encore plus nombreux".

La commune a également expliqué que le jour où, ces érables sycomores seront morts, d'autres arbres moins toxiques seront replantés. Malheureusement, cela ne sera le cas que dans plusieurs années. Du coup, Thibault et Nicolas continuent de faire avec les solutions à disposition. "(...) On continue avec nos mesures de précaution et on verra un peu pour l'année prochaine si on souhaite faire quelque chose en plus ou si on essaye de gérer tant bien que mal", raconte le vétérinaire.

Une solution bancale qui, espèrent-ils, durera le moins longtemps possible.  

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