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Victime d'une "agression routière", Julien a équipé son véhicule de dashcams: comment peut-il utiliser ces images?

Après un accident de la route, Julien a décidé d'équiper son véhicule de dashcams pour pouvoir prouver qu'il a été victime d'un délit de fuite. Mais le Liégeois a-t-il bien fait d'investir dans ces outils pour sa sécurité? Dans quel cadre peut-il utiliser ces images? Que dit la loi sur la protection de la vie privée?

Julien a vécu plusieurs expériences dangereuses sur les routes ces dernières années. Des freinages brusques, des menaces, un véhicule qui lui a soudainement coupé la route... Ces situations ont provoqué chez l'habitant de Liège un sentiment d'insécurité grandissant. En voulant porter plainte à la police, il s'est rendu compte qu'une dashcam à bord de sa voiture peut lui être utile. Cette petite caméra posée sur le pare-brise ou le tableau de bord enregistre tout ce qui se présente dans son champ de vision. 

Pourquoi Julien a-t-il pris la décision d'acheter cet outil? Tout est parti d'un accident, il y a quelques mois. "Ce jour-là, j’ai failli percuter un véhicule, qui m’a coupé la route pour gagner quelques petites places. Cette personne a pris la fuite, et ma voiture est partie dans le décor. Je l’ai légèrement griffée. Heureusement, je n’ai rien, mais si je n’avais pas freiné à temps et braqué à temps, je serais rentré dans son véhicule et je risquais de tuer la personne", raconte Julien. "J'ai dû payer pour elle les dégâts que j’ai causés à ma voiture. Aux yeux de la loi, je suis le seul coupable. C’est pour cette raison que j’ai voulu m’équiper d’une dashcam. 

Pour pouvoir se défendre à l'avenir en cas de contentieux, Julien a décidé de s'équiper avec du matériel lui offrant des "images de qualité".

"Mon équipement m’a coûté 300 euros car je voulais quelque chose d’assez efficace, et une bonne qualité d’image. J’ai voulu taper dans le haut de gamme pour avoir la vision 360 de ma voiture", décrit-il. "Actuellement, j’ai 4 caméras dans 2 dashcams, qui filment chacunes l’habitacle et l’extérieur. Si je devais faire un accident maintenant, je peux avoir des preuves montrant que j’étais bel et bien attentif. Cela permet de récolter les informations pour pouvoir me défendre."

Après avoir obtenu le permis en 2019, Julien dit avoir remarqué que "les usagers de la routes sont de plus en plus impatients et violents. Différents éléments font que nos routes sont de plus en plus dangereuses. Tous les jours, on doit redoubler d’efforts pour lutter contre les négligences de certains conducteurs. J’ai une conduite plutôt défensive, et quand je vois ce genre de choses, je trouve ça énervant. Ce n’est pas normal de ne pas respecter le code de la route de nos jours."

Un conducteur sur dix en a une

La dashcam représente-t-elle une réelle plus-value pour la sécurité du chauffeur ? Benoît Godart, le porte-parole de VIAS (Institut indépendant spécialisé dans la sécurité routière) indique que de plus en plus de Belges vont s'équiper de ce type de dispositif.  

"Cette petite caméra existe depuis une bonne dizaine d’années. Il y a des pays, comme la Russie ou les Etats-Unis, où davantage de conducteurs possèdent cet équipement. En Belgique, on estime aujourd’hui qu’un conducteur sur dix en a une", détaille-t-il. "Mais si on prend en compte, ceux qui en ont et ceux qui veulent en acheter dans les mois qui viennent, on arrive à une personne sur quatre. Donc, c’est un phénomène qui prend plus d’ampleur." 

Benoît Godart ajoute que l'avantage d'équiper son véhicule d'une dashcam est double. "En cas d’accrochage, il est plus facile d’apporter la preuve d’une responsabilité quelconque de l’autre conducteur. Pour les assurances, cela peut être très important. Et deuxièmement, en cas d’agression dans la circulation, c’est toujours important d’avoir des images de ce qu’il s’est passé avant même l’agression, par exemple. Ce sera au juge de dire oui ou non s’il tient compte des images qui lui sont apportées."

La dashcam, utile pour la sécurité mais... 

Le porte-parole de VIAS rappelle que le conducteur qui possède une dashcam ne peut pas "se transformer en justicier de la route". "Vous ne pouvez pas poster une vidéo dans laquelle la plaque des autres conducteurs peut être reconnaissable. Cela peut jouer en cas d’accident pour les assurances, mais cela ne doit pas transformer le conducteur en justicier. Il y a des lois concernant le respect de la vie privée. Si vous ne les respectez pas, on peut vous sanctionner, en demandant premièrement de retirer ces images et en vous demandant de payer une amende. Le but d’une dashcam est de clarifier les responsabilités en cas d’accident, en cas d’agressivité au volant, mais pas de poster tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux. 

Et d'ajouter: "La dashcam filme en permanence donc ça protège aussi le véhicule en cas de vandalisme ou de vol, lorsque la voiture est en stationnement. Les images peuvent alors être utilisées uniquement pour la police. Il n’est pas permis de poster la vidéo d’un voleur qui viendrait vandaliser la voiture."   

Que dit la loi sur la protection de la vie privée ? 

La loi prévoit que la collecte et le traitement de ces images sont régulés. "On ne peut pas collecter des vidéos et les diffuser sans l’accord des personnes visibles sur la vidéo", souligne l'avocate Aurélie Jonkers. "Par contre, on peut les utiliser à des fins de sécurité routière, pour se protéger notamment si on a un accident de la circulation et qu’on a pu filmer les circonstances de l’accident. Attention, si vous avez un accident, que vous avez une dashcam, et que vous avez un contact direct avec la partie adverse, vous devez l’informer qu’une vidéo existe et a été prise à son insu et sans son accord."

La dashcam est autorisée un peu partout en Europe (il y a 4 exceptions : la Grèce, l’Autriche, le Portugal et le Luxembourg). "En Autriche, l’amende peut atteindre jusqu’à 10.000 euros pour l’usage et l’installation de la dashcam dans son véhicule. Si on va en Autriche, il faut la retirer", prévient Aurélie Jonkers. 

L'avocate constate également que les Belges se protègent de plus en plus face aux accidents, mais aussi face aux agressions, en faisant l'acquisition de ces caméras.

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