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De puissants actionnaires écrivent aux géants du fast-food pour qu'ils mettent fin aux ANTIBIOTIQUES DANS LA VIANDE

Il s’est passé quelque chose d’interpellant: des fonds d’investissement ont exigé que les entreprises alimentaires dont ils détiennent une partie du capital limitent drastiquement le recours aux antibiotiques.

Des fonds d’investissement ont écrit cette semaine à certaines entreprises dont ils détiennent une partie du capital ? Et pas n’importe qui. Collectivement, une cinquantaine d'investisseurs institutionnels, américains et européens, gérant un total de 1.200 milliards d'euros. Le genre de message qu’un patron d’entreprise cotée en Bourse ne peut pas se permettre d’ignorer.

Les entreprises qui ont reçu le courrier de ces fonds d’investissement sont toutes de grandes entreprises agroalimentaires de la restauration, comme Domino’s Pizza, Wendy’s ou McDonalds.

Quant au sujet du courrier, il concerne le recours aux antibiotiques dans la viande. Ces grands actionnaires font en fait pression pour que le recours aux antibiotiques donnés au bétail, dont ces entreprises achètent la viande ne soit plus automatique, pour que celles-ci fixent une date pour la limitation officielle du recours à ces médicaments.


Qu’est-ce qui a poussé ces fonds d’investissement à prendre une telle initiative ?

Le problème, nous le connaissons, ce sont les souches bactériennes résistantes qui sont devenues un enjeu de santé publique. L'Organisation mondiale de la santé estime que de nombreuses infections ne pourront bientôt plus être soignées en raison de cette surconsommation. Et on peut parler de surconsommation car aux Etats-Unis, 80% des antibiotiques seraient donnés au bétail, 45% au Royaume-Uni. 


On comprend la raison sanitaire, mais qu’est-ce qui a pu pousser des actionnaires à prendre une telle initiative collective ?

Et bien d’abord, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, il y a une pression croissante d’investisseurs qui souhaitent plus d’éthique. On a ainsi vu certains fonds se retirer ainsi de certains secteurs, de certains pays ... et c’est une bonne chose. Mais cette utilisation "irresponsable" des antibiotiques, le terme est celui utilisé par ces investisseurs dans leur lettre, est aussi une menace pour leur retour sur investissement et ils considèrent même ce risque comme systémique.

Les risques sont multiples à moyen terme. La réglementation concernant l'utilisation des antibiotiques va être renforcée, l'élevage intensif est de plus en plus contesté par les consommateurs et la société civile, qui risquent donc de mener des campagnes contre les entreprises en question, ce qui pourrait abimer la marque et par là même la valeur de l’entreprise, surtout dans un secteur où un consommateur peut facilement changer de marque. Les investisseurs disent donc aux managers de ces entreprises: planifier le changement et ne faites pas l’autruche sinon nous pourrions vous obliger à le faire. Tout cela est très positif, "sociétalement" parlant, mais aussi parce que cela confirme que ces fonds sont soucieux du long terme et nous avons vraiment besoin dans la finance, comme dans la société en général, de chasser ce "courtermisme" destructeur.

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