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Vague de suicides, assassinats, expulsions: un citoyen belge est CHOQUÉ par le sort des Guarani au Brésil

Extrêmement touché par le sort des Guarani-Kaiowá, ces Amérindiens vivant au Brésil et expulsés de leurs terres pour que les grands fermiers y cultivent massivement de quoi produire un biocarburant, un citoyen belge veut alerter l'opinion publique. "Cette injustice est une INFAMIE!", hurle-t-il. Et pour cause: en raison d'une vague de suicides, d'assassinats et de conditions de vie misérables, le peuple Guarani s'éteint à petit feu.

C'est l'histoire d'un peuple qui est en train de disparaître. Parfois, les membres de la communauté des Guarani-Kaiowá, au Brésil, sont assassinés, parfois, ils meurent de faim. Et ceux qui survivent mènent une vie des plus précaires, dans des campements. Choqué par le silence des médias à leur sujet, un citoyen belge a exprimé son émotion via notre page Alertez-nous. "Ce sujet mérite qu'on en parle plus et qu'on fasse un peu plus de "BRUIT", car grâce à vous les médias, à force d'en parler, on pourra alerter l'opinion publique", nous écrit-il.


La famille de Valdelice a été décimée: "Quinze personnes de mon entourage ont été assassinées"

En effet, l'histoire des Guarani-Kaiowá est jalonnée de drames. "Il ne faut pas oublier cette partie du monde où cette injustice est une INFAMIE!", insiste le citoyen. Ainsi, la famille de Valdelice Veron, une Guarani âgée d'une trentaine d'années, a été décimée. Entre temps, le visage de cette jeune femme est devenu l'emblème de la lutte en faveur de la survie de cette peuplade. "Mon grand-père a été assassiné, mon père a été assassiné, mon oncle a été assassiné... Au total, quinze personnes de mon entourage direct ont été assassinées", avait-elle expliqué à nos confrères de La Libre Belgique, lors de son passage à Bruxelles fin janvier, où elle a encouragé les eurodéputés à voter une résolution pour la survie de sa communauté. Selon le National Geographic, les Guarani-Kaiowá étaient cinq millions il y a cinq siècles. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 45.000, "enserrés dans des territoires minuscules". 


En novembre 2012, Valdelice donnait un discours d'appui à la loi nationale de protection des Guarani-Kaiowá à Dourados, au Brésil. (Capture d'écran du site Youtube)


Pourquoi les Guarani sont-ils assassinés au Brésil?

Les Guarani vivent sur des terres ancestrales dans l’Etat du Mato Grosso do Sul, au Brésil, explique l'association Survival, le mouvement mondial pour les droits des peuples indigènes. Mais petit à petit, ces terres ont été réquisitionnées pour y faire pousser de la canne à sucre, permettant ainsi la fabrication de bioéthanol. Ce biocarburant est ensuite utilisé dans les moteurs à essence. Le Brésil en est l'un des principaux producteurs mondiaux avec une moyenne de 20 milliards de litres annuels. Et le pays veut accroître sa production.

Ce commerce rapporte des sommes astronomiques, mais a un coût écologique et social désastreux. En première ligne, le sacrifice des Guarani-Kaiowá, qui sont expulsés de leurs terres au profit des grands fermiers qui permettent de faire fonctionner ce business extrêmement lucratif.

Refusant cette injustice, certains Guarani-Kaiowá choisissent d'occuper leurs terres, dans l'espoir de les récupérer. En vain: ils subissent alors des assauts répétés d'hommes armés. Ceux qui survivent finissent par s'installer dans des campements de fortune, le long des routes proches des terres convoitées. D'autres, trouvent du travail très peu rémunéré dans ces fameuses plantations de canne à sucre. Une activité souvent comparée à de l'exploitation.



Ils craignent de disparaître de la surface de la Terre

Les Guarani-Kaiowá avaient pour habitude de peupler les terres forestières, mais la déforestation a rendu impossible leur pratique de la chasse et de la pêche. De plus, ils sont à présent dans l'impossibilité d'y cultiver des plantes comestibles. La dénutrition et la malnutrition de ces peuplades sont devenues un véritable fléau, causant la mort de nombreux d'entre eux, en particulier, les enfants. 


Un taux de suicide particulièrement élevé

En réponse à l'effondrement de leurs conditions de vie, les Guarani-Kaiowá ont connu une vague de suicide jamais égalée ailleurs dans le monde, selon une étude de 2004 du Conseil indigène missionnaire. "Depuis 1986, plus de 517 Guarani se sont donné la mort, le plus jeune n’avait que neuf ans", indique le site de Survival.


La constitution du Brésil force le pays à prendre soin des indigènes, mais la présidente n'agit pas

Pourtant, le Brésil est censé protéger les indigènes, dont font partie les Guarani. Selon le journal français Le Monde, la constitution du Brésil oblige le pays à assurer les "droits culturels et territoriaux" des Guarani, des droits fondés sur leur héritage ancestral.

Des anthropologues ont certifié que leurs terres étaient bien des terres indigènes. Les Guarani ont passé plusieurs étapes du processus d'homologation, leur permettant de protéger ces lieux de vie. Ces rapports ont même été validés par un tribunal, d'après Le Monde. Seulement voilà: la dernière signature permettant de rendre ces décrets effectifs manque à l'appel: celle de la présidente brésilienne, Dilma Rousseff.

C'est pour dénoncer cette injustice que Valdelice Veron parcourt le monde entier sans relâche afin de sensibiliser l'opinion publique au sort de son peuple, décimé. (Capture d'écran du site Youtube)

Le désespoir des Guaranis fait-il scandale au Brésil?

Selon Amnesty International Brésil, joint par notre rédaction, les grands médias ne se soucient guère du sort de cette communauté. "L'opinion publique et les grands médias ne sont pas scandalisés par le sort des Guarani, explique Fatima Mello, conseillère en matière des droits de l'homme pour Amnesty International Brésil. Cependant, les violations des droits de l'homme contre les Guarani Kaiowá sont une préoccupation permanente pour les organisations de la société civile oeuvrant pour les droits de l'homme. Les Guarani Kaiowá sont membres de l'association nationale des peuples autochtones du Brésil (APIB), qui rassemble toutes les communautés autochtones dans le pays et qui organise des mobilisations dans les grandes villes en faveur de leurs droits fonciers et territoriaux".


Le secteur de l'agro-inductrie a tellement de pouvoir, qu'il permet le non-respect de la constitution

Pourquoi le gouvernement ne prête-t-il pas attention aux cris de désespoir des Guarani? "Historiquement, la voix des peuples autochtones n'est pas entendue par le gouvernement parce que la structure rurale brésilienne est dominée par les grands propriétaires fonciers - le secteur dit de l'agro-industrie - et ils ont une forte représentation dans la branche législative", poursuit Fatima Mello. Dès lors, bien que les droits fonciers des Guarani-Kaiowá et d'autres peuples soient inscrits dans la Constitution, le secteur de l'agro-industrie a le pouvoir d'éviter leur mise en œuvre.


Pour Amnesty, "Il y a de l'espoir"

Alors, y a-t-il de l'espoir? "Oui, rassure la conseillère en matière des droits de l'homme pour Amnesty International Brésil. Comme indiqué dans le rapport annuel 2015 d'Amnesty International, l'espoir repose sur la capacité des peuples touchés à se mobiliser pour leurs droits. Et c'est ce que les Guarani-Kaiowá font au Brésil".

L'une des plus belles preuves de cette mobilisation, c'est l'engagement de Valdelice Veron. Elle qui parcourt le monde entier, sans relâche, afin de sensibiliser l'opinion publique au sort de son peuple, décimé. Un combat finalement tombé dans l'oreille de cet internaute belge, ayant alerté à son tour les médias. "Si vous faites un peu plus de bruit, ça mettrait la pression aux politiques afin de faire bouger les choses!", lance-t-il. 

Plus d'infos sur le site de l'association Survival.

@Justine_Sow

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