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600.000 chômeurs en Belgique: le demandeur d’emploi est-il devenu un objet?

Dans le Bel RTL Éco de ce matin, Bruno Wattenbergh a abordé le film "La Loi du marché". Il illustre la tourmente d'un chômeur cinquantenaire pour retrouver un emploi.

Le film présente le parcours d’un demandeur d’emploi, incarné par Vincent Lindon, qui accepte un poste de vigile pour subvenir aux besoins de sa famille. Un film qui illustre la dure réalité économique qui touche des milliers de personnes, parfois "broyées" par les épreuves de recrutement. Sur les ondes de Bel RTL, l’économiste Bruno Wattenbergh est revenu sur ce film interpellant.


Vincent Lindon dans le film "La loi du marché" remporte le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, un film qui est plus qu’un film sur l’économie.

C’est un film sur la société d’aujourd’hui. Le pitch est simple: Vincent Lindon joue un vigile de supermarché chargé de surveiller les caissières pour mieux les licencier. Mais au-delà de ce pitch forcément réducteur, on retrouve un homme, un travailleur de 51 ans, comme il y en a sans doute des centaines de milliers en Belgique, qui peine à retrouver un emploi.

L’homme se bat simultanément pour retrouver du travail, permettre à son fils de faire des études, ne pas laisser cette situation détruire sa famille et lui faire perdre toute estime de lui-même. Et pour ce faire, il est obligé de se vendre, comme une chose.

Cela illustre le risque de déshumanisation que l’on peut certainement retrouver dans un processus de sélection et de formation des demandeurs d’emploi... Surtout dans un système en pénurie d’emploi comme aujourd’hui.


Un sujet en prise avec son temps et notre société

Le film décrit la prise en charge d’un vrai problème de société contemporain: retrouver un travail. Mais aussi ses effets destructeurs sur les personnes, que ce soit pendant la recherche d’un emploi ou bien dans l’exercice d’un emploi que l’on n’a pas souhaité.


Vincent Lindon, vigile dans un supermarché

Dans son rôle, l’acteur doit fliquer à la fois les clients qui pourraient voler, même si c’est pour survivre, mais aussi ses propres collègues, qui pourraient frauder ou ne pas avoir suffisamment de productivité. Et un des intérêts du film, une des techniques efficace du scenario, c’est le regard de ce vigile, d’abord scruté lors de sa phase de recrutement, et ensuite scrutateur lui-même dans son job de vigile.


L’apport le plus important du film sous l’angle économique


L’état émotionnel et la déshumanisation qui peuvent être générés par un contexte à la fois de pénurie d’emploi, et des marges très serrées comme c’est le cas dans le secteur de la distribution. Le contexte gèle en quelque sorte l’humanité des protagonistes, illustrant comment l’entreprise peut parfois devenir une machine économique à broyer les classes populaires infra-qualifiées.

Un film innovant dans la manière dont il a été tourné

Petit budget, style documentaire, une star et des acteurs amateurs en nombre. Bref, un modèle qui limite le risque pour un film risqué, Car finalement, celui-ci couvre une situation finalement sans surprise. La force de ce film est de faire appel, de près ou de loin, à des échos de gens que nous côtoyons et qui vivent, voient, entendent ou lisent ce type de situations déshumanisées.


Le chiffre éco du jour: 25%

Un chiffre de Bruxelles Formation: les personnes originaires d’un pays hors Union Européenne diplômées du secondaire qui n’ont pas suivi de formation, ont 25% de chance d’accéder à un emploi... alors que le passage en formation qualifiante double leur chance d’accéder à un job.



Bruno Wattenbergh

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