Coup de massue pour le pays: le déficit de notre sécurité sociale explose, que va faire le gouvernement?

En septembre dernier, le gouvernement fédéral tablait sur un déficit limité de 583 millions d’€, et encore, dont 350 millions provenaient de la suspension de la mesure qui prévoyait que les employeurs paient deux mois de salaire, et non plus un, à leurs employés malades. Bref le traditionnel contrôle budgétaire de mi-mars devait se dérouler sur du velours, la preuve, une série de ministres fédéraux avaient déjà fait leur shopping list. Mais, mauvaise surprise, le déficit sera beaucoup plus important, il est évalué à 1,31 milliards d'euros.

En 2013, le déficit atteignait 107 millions d’€, en 2014 on était à 151 millions d’€. Mais là, on est à près de 10 fois ce déficit, soit 800 millions de plus que prévu, c’est énorme.


D’où vient ce déficit inattendu de 800 millions d’€ ?

Dans votre budget, il y a des recettes et des dépenses. C’est la même chose pour notre sécurité sociale. Ici, pas de gros dérapage côté dépenses, pas d’explosion du coût des soins de santé, pas d’explosion des allocations de chômage. Le problème est plutôt du côté des recettes où il manque près de 750 millions.


Qu’est-ce qui dérape du côté recettes ?

D’abord et simplement, la modération salariale mise en œuvre depuis quelques années pour préserver la compétitivité des entreprises belges. Si on jugule la croissance des salaires, et bien les cotisations sociales augmentent moins que prévu. Entre septembre 2014 et février 2015 on estime que la masse salariale a chuté de 2,2 milliards d’€. Et c’est d’après les experts la principale cause du déficit.


Quelques dépenses sont quand même en sérieuse hausse ?

Oui, comme plus de Belges que jamais sont à charge de la sécurité sociale, vous rajoutez une surcharge de 125 millions d’€. Et puis il y a la fameuse enveloppe bien-être, négociée entre patrons et syndicats, et conservée par ce gouvernement. Elle devait être financée par la fiscalité, mais ce ne sera pas le cas ... et vous rajoutez 245 millions d’€.


Les dépenses augmentent et les cotisations chutent, mais la sécurité sociale n’est pas uniquement financée par les cotisations sociales?

Non, face au chômage, face au vieillissement, cela fait des années que la TVA vient épauler les cotisations sociales. C’est ce qu’on appelle le financement alternatif de la sécurité sociale, la fiscalisation des recettes de la sécurité sociale. 23% des recettes de TVA sont injectée dans la sécu. Et là aussi, la baisse de la consommation diminue les recettes. On estime la perte à près de 200 millions d’€.


Où va-t-on trouver les ressources financières pour financer ce déficit inattendu ?

Et bien il est trop tôt pour le dire, mais la tentation va être immense pour le gouvernement fédéral de simplement pratiquer une hausse de la TVA.