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Il y a 20 ans, Renault Vilvorde fermait ses portes et tous les ouvriers avaient retrouvé du travail: que serait-il arrivé aujourd'hui?

Il y a 20 ans, le 27 février 1997, le groupe automobile Renault annonçait la fermeture du site de Vilvorde. 3.100 emplois passaient à la trappe. Suite à l'émotion suscitée par cette décision et le dur combat des travailleurs pour obtenir un plan social, la loi Renault est créée le 13 février 1998. Elle rend la procédure en cas de licenciement collectif plus contraignante. La loi est aujourd'hui remise en cause, le ministre de l'Emploi Kris Peeters a soumis des propositions au groupe des 10 pour la renforcer, il espère que la loi Renault Bis pourra être adoptée cette année.

Au moment de la fermeture, en 1997, 3.098 personnes dont 2635 ouvriers travaillaient sur le site. Renault était présent en Belgique depuis 1908 et depuis 1925 à Vilvorde. L'annonce de la fermeture est vécue comme un séisme. Les travailleurs sont d'autant plus sous le choc que l'année précédente, le site de Vilvorde avait été choisi comme usine pilote pour construire la nouvelle Megane, malgré une situation financière peu encourageante, la direction se montre rassurante.

Rappel des faits

Le 27 février : 

Des véhicules sont évacués en nombre anormal du parking de stockage le matin. Un conseil d'entreprise extraordinaire est convoqué en urgence. La presse est conviée par la direction belge à l'hôtel Hilton. Les délégués apprennent la nouvelle et informent les travailleurs dans le réfectoire de l'usine, ils décident d'occuper le site et de confisquer les clés des 5300 voitures assemblées pour en faire un trésor de guerre

Cinq mois de bras de fer entre travailleurs et direction:

C’est une des premières grèves européennes, toutes les usines Renault arrêtent le travail. Plusieurs manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu à Bruxelles et Paris. Des actions de boycott de la part des communes qui annulent leurs commandes.

19 mars:

Les syndicats rencontrent la direction du groupe, la décision est irrévocable

Avril :

deux tribunaux (belge et français) déclarent nulle la fermeture. Une première réunion de consultation est organisée

26 mai :

87% du personnel opte pour le lancement des négociations du plan social

22 juillet :

Le plan social est approuvé, l'usine ferme quelques jours plus tard.

L'après : 

400 personnes resteront encore 12 ans sur une partie du site pour fabriquer des pièces détachées avec le maintien du statut Renault (comme convenu dans le plan social). Le plan social prévoyait une cellule pour l'emploi : une solution a été trouvée pour 2396 des 2482 ouvriers (153 avaient quitté le service avant la signature du plan social) et les 133 employés et 9 cadres qui ont opté pour l'accompagnement ont tous retrouvé un autre emploi.

La loi Renault, c'est quoi?

Avant Renault : une entreprise pouvait convoquer un conseil d'entreprise et fermer l'usine dans la foulée

Loi Renault : l'employeur doit informer, sous peine de sanctions, les travailleurs de l'intention de licenciement collectif. Il doit indiquer par écrit les raisons, les travailleurs concernés... La loi impose aussi une procédure de concertation, mais la direction n'est pas obligée d'accéder aux demandes des syndicats

La Loi Renault Bis proposée par Kris Peeters : l'employeur doit obligatoirement informer le parlement et les entités fédérées en plus du conseil d'entreprise, une analyse d'impact qui doit intégrer les sous-traitants, renforcer le rôle du médiateur social, le plan social devient obligatoire et il est valable pour tous les travailleurs de l'entreprise.

Commémoration

La Ville de Vilvorde organise en collaboration avec la FGTB-Metal une expo-commémoration du 24 au 27 février inclus dans l'ancien bâtiment de l'usine. L'exposition retrace l'histoire de la fabrique, la fermeture, le conflit social et ses conséquences. L’expo est ouverte au grand public ces 25 et 26 février. Le lundi 27, un cortège se rendra au rond-point entre le boulevard de la Woluwe et le boulevard de l'aéroport, où se trouve le "poing", une œuvre de 8 mètres de haut qui symbolise le combat des travailleurs contre la fermeture de l'usine. Une épave de Renault devrait y être symboliquement déposée.

Céline Praile

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