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La Belgique est nulle en e-commerce: à cause d’une trop forte protection du travailleur et du consommateur?

L'économiste Bruno Wattenbergh a présenté les problèmes qui empêchent l’e-commerce belge de se développer, ce qui a un coût en chiffre d’affaire, en recettes sociales, fiscales, et en matière d’emploi.

Bruno Wattenbergh a présenté les maux qui touchent l’e-commerce en Belgique, ce mercredi matin sur Bel RTL.


Ministres, administrations publiques fédérales, fédérations professionnelles, tout le monde était au chevet de l’E-Commerce belge, il va donc si mal que cela?

Et bien oui ... Et on en a déjà parlé, nous sommes mauvais en E-Commerce! Cela nous coûte du chiffre d’affaire, des recettes sociales et fiscales et des emplois.


Quelques chiffres pour illustrer cette situation?

15,2% des noms de domaines .BE sont redirigés vers les Pays-Bas... 60% des publicités sur Google visant les clients belges proviennent de l’étranger. Enfin, il y a un poids de plus en plus lourds dans l’E-Commerce de ce qu’on appelle les E-tailers étrangers: jusqu’à 42% des dépenses effectuées en ligne en Belgique s'envolent vers l'étranger. Bref, si l’E-Commerce progresse, ce sont les entreprises de nos pays voisins qui en profitent.

Ce n’est plus acceptable et le fédéral, comme la Région wallonne d’ailleurs, ont décidé de prendre les choses en main. Au fédéral c’est le plan d'action "Digital Belgium", et dans ce cadre, les 3 ministres compétents, Alexander DECROO, Kris PEETERS et Willy BORSU ont lancé une vaste plateforme de concertation dont la finalité est de traquer tout ce qui empêche, freine, fait barrière au développement de l’E-Commerce et d’y apporter une solution ou une correction!


Qui va composer cette plate-forme?

Des représentants de cabinets et des administrations Emploi et Economie, des entreprises privées, des fédérations professionnelles, bref tous ceux qui soit commercent, soit sont responsables de l’environnement législatif du commerce en ligne en Belgique.


Mais pourquoi ne pas avoir adapté ces environnements législatifs plus tôt?

En fait, on est dans un véritable changement de règles du jeu. Depuis des décennies, le législateur a légiféré pour protéger de plus en plus le consommateur, pour protéger de plus en plus les travailleurs. C’est louable, défendable, même si nous avons été plus loin que nos voisins dans de nombreux secteurs, notamment celui du commerce. Pas de problème puisque cela touchait un secteur du commerce non-délocalisable.

Manque de bol, le monde change, internet et les technologies de l’information ont déplacé les frontières du commerce, le Belge achète de plus en plus sur des sites étrangers, qui sont plus compétitifs grâce à des législations moins contraignante, en coût salarial, en obligations de commerce, etc.


Est-ce que cela veut dire que l’on pourrait avoir une régression dans une série d’acquis sociaux ou de consommateur?

Cela ne m’étonnerait pas, mais cela se fera objectivement en comparant ce qui se passe chez nos voisins. Il ne sert à rien d’être le paradis du consommateur et du travailleur, si les consommateurs ont théoriquement des droits, mais qu’en pratique ils les perdent en achetant chez des voisins moins consuméristes que nous ... et le même raisonnement peut être tenu au niveau emploi. On a besoin d’inscrire objectivement le commerce dans le 21ème siècle mais cela passera par la concertation sociale avec des syndicats ouverts sur le sujet, notamment du travail de nuit!

Bruno, pour conclure, le chiffre éco du jour?

1,05 milliard d'€ ... C'est le montant supplémentaire que McDonald, l’entreprise de Fastfood aurait dû verser, entre 2009 et 2013, si ses revenus avaient été imposés dans leurs pays d'origine. Un chiffre révélé par 3 fédérations syndicales internationales en février. Et la Commission européenne a déclaré hier investigué le dossier.

Bruno Wattenbergh

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