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La Chine emprisonne des centaines de personnes pour avoir tiré la Bourse de Shanghai à la baisse

Bruno Wattenbergh nous a emmenés en Chine ce matin dans sa rubrique Bel RTL Eco. Là "où les citoyens apprennent l’économie de marché à la baguette, je veux parler de nombreux emprisonnements pour avoir négativement influencé la bourse et les marchés !"

Que s’est-il passé ces dernières semaines en Chine, ou plus de 200 personnes ont été embastillées pour avoir posté des informations sur le net et les réseaux sociaux ?

Et bien tout simplement les autorités chinoises traquent celles et ceux qui auraient provoqué, directement ou indirectement, l’écroulement de la Bourse de Shanghai. Mais pas uniquement. Elles chassent aussi les fausses informations comme par exemple celles sur l’accident industriel de Tianjin.


Mais ces quelques dizaines de personnes ne sont quand même pas responsables de la chute de la Bourse de Shanghai ?

Non bien sûr, ou en tous cas, pas directement. La correction boursière chinoise, 40% de chute depuis la mi-juin, était prévue par tous les analystes. Mais il y a eu de fausses informations diffusées, alimentant de fausses rumeurs, qui ont parfois déclenché des baisses, mais aussi contribué à des mouvements de panique.


Est-ce que l’on parlerait de fausses informations intentionnellement propagées ou de maladresses ?

Les deux, car dans certains cas les fausses informations étaient fabriquées contre rémunération ou ont servi à manipuler les cours de la bourse.


Des étrangers sont également accusés par les autorités chinoises d’avoir joué des actions à la baisse ?

Ainsi que des Chinois, mais là cela fait partie des règles du jeu. Vous pouvez pariez que la bourse va baisser et jouer certaines actions à la baisse, cela va impacter les cours, mais pas les manipuler frauduleusement. Par contre, et c’est plus amusant, les autorités chinoises ont fait appel au patriotisme boursier des Chinois pour que ceux-ci arrêtent de jouer les actions chinoises à la baisse.


Est-ce que tout cela n’apparaît pas un peu comme une chasse aux sorcières ou comme une réaction de mauvais perdant ?

Non pas du tout. D’abord économiquement, parce qu’il s’agit quand même d’infractions, de faux et d’usage de faux. Impossible de faire confiance à un système boursier s’il n’est pas strictement contrôlé, notamment et surtout sur la circulation d’informations confidentielles, les fameux délits d’initiés, ou carrément de fausses informations. Ensuite, politiquement. Confronté à un vieillissement de la population difficile à financer, le gouvernement chinois a encouragé ses citoyens à boursicoter sans limite. Dans un tel contexte, il se devait de réagir fermement, même si on ne peut s’empêcher de penser qu’il cherche, et qu’il a trouvé, ou fabriqué, de très pratiques boucs émissaires. Raison pour laquelle les autorités chinoises ont mis en scène la repentance de plusieurs des 200 personnes arrêtées et notamment les aveux de ce journaliste s’accusant quasiment à lui tout seul de la chute de la Bourse de Shanghai (photo).

Bruno Wattenbergh

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