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Le Brexit est voté: quelles vont-être les conséquences en Belgique?

Bruno Wattenbergh livrait sa chronique économique ce matin sur Bel RTL, peu avant les résultats officiels du référendum sur le Brexit. Mais les chiffres partiels donnaient déjà le camp du "Leave" gagnant, prévoyant donc une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

"La simple déclaration officielle des résultats en soi n’est pas une sortie. Le Royaume-Uni va rester membre de l’Union européenne tant que la négociation sur le divorce ne sera pas clôturée. Cela va d’abord se régler par l’article 50 du Traité de Lisbonne, conclu en 2009, et une négociation qui devrait durer deux ans, et si elle s’avère trop difficile, elle pourrait être renouvelée, donc si les Etats-membres ne sont pas d’accord, c’est le gouvernement britannique qui devra solliciter prochainement le déclenchement de cet article 50 auprès des autres membres de l’Union européenne, puis il y aura une double négociation, le divorce d’abord, mais aussi dans le même temps, les règles de la future collaboration, notamment commerciale, des Anglais avec l’Union européenne".


Quelles vont être les conséquences pour le Royaume-Uni ?

"Au minimum un fort ralentissement économique, au pire une récession avec un chômage en forte hausse, avec une baisse de la livre sterling, elle s’est déjà effondrée ce matin, une forte hausse de l’inflation également, celle-ci pourrait ainsi atteindre les 4%, en fait la note la plus lourde sera payée par les Britanniques, et sans doute les plus faibles d’entre eux, qui sont pourtant ceux qui ont massivement voté pour le Brexit".


Quelles sont les conséquences pour nous, pour la Belgique ?

"Nous sommes le pays qui va être sans doute, proportionnellement, le plus affecté par ce Brexit, comme nos amis anglais sont notre quatrième partenaire commercial. Nous y exportons plus de 30 millions d’euros, nous pourrions perdre dans ce divorce 12.000 emplois, principalement dans les secteurs de l’alimentation et du textile. Enfin notre secteur bancaire est fort exposé aux conséquences du Brexit, à concurrence à peu près de 54 milliards d’euros, bref, le coût pour notre croissance serait énorme, on l’évalue à une perte de 0,5% de notre produit intérieur brut, ce qui équivaut à une belle crise économique".


Qui va gérer cette crise chez nous ?

"Une cellule a été créée spécialement à cet effet par le ministre de l’Economie, elle est composée d’entrepreneurs et de banquiers, ainsi que de notre Banque nationale".


Quelle est votre analyse à vous du sort de l’Europe dans les prochaines années ?

"C’est très difficile à dire, parce que la situation est kafkaïenne, l’image de l’Europe pour beaucoup de citoyens est celle d’une grosse machine bureaucratique éloignée des gens et qui passe son temps à gérer des crises plutôt que de gérer les problèmes concrets des gens. Ce que ces gens voient, c’est que l’Europe n’a été ni efficace ni rapide pour soigner les conséquences de la crise économique et financière, elle a plutôt vu beaucoup de médecins se disputer autour du malade. Clairement aujourd’hui, ne rien faire ne prendre aucune initiative, serait par contre un suicide politique face à la montée des populismes en Europe. D’un autre côté, comment envisager de poursuivre une intégration européenne dans un tel contexte ? Ce Brexit ne veut pas dire que l’Union européenne sera libérée, ce n’est pas parce que l’Angleterre part que ça va être plus facile, il reste 27 pays qui ont des agendas très différents. En pratique, je pense que tout va dépendre à présent de la volonté de la France et de l’Allemagne de faire bloc pour continuer d’avancer au moins dans les matières moins conflictuelles, comme le renforcement du marché intérieur, la coopération en matière de télécommunications ou la sécurité interne externe. C’est un peu comme la bicyclette, quand vous arrêtez d’avancer, vous tombez".

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