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Peut-on encore parler d'austérité en Belgique ?

Dans sa rubrique consacrée à l’économie et aux entreprises sur BEL RTL, notre économiste Bruno Wattenbergh nous définissait l’austérité économique et se demandait si c'était toujours actualité en Belgique.

Le mot "austérité" revient régulièrement dans le débat politique ... mais comment définir cette austérité ?

Stricto sensu, une politique économique d’austérité, ou une politique de rigueur, a pour objectif principal de réduire le déficit public. Si on laisse filer ce déficit, l’on rompt la confiance avec les prêteurs, les taux augmentent, les financements se réduisent et cela empêche tout simplement le fonctionnement de l’état. Les mesures d’austérité servent donc à rééquilibrer le budget de l’état pour le rendre crédible sur le long terme.

Comment ?

Et bien en théorie en augmentant les impôts et en baissant les dépenses publiques. On peut aussi jouer sur la politique monétaire, mais c’est impossible pour une Belgique membre de la zone Euro.

Mais la Belgique n’a pas vraiment augmenté les impôts ?

Non. Elle tente plutôt de relancer la consommation intérieure via des mesures d’augmentation du pouvoir d’achat des belges ... et de relancer l’économie en diminuant le coût du travail et en le flexibilisant. Quant aux économies, elles sont directes, en faisant maigrir presque tous les départements de l’état fédéral, et indirectes en accordant des aides à l’emploi qui réduisent les rentrées de la sécurité sociale.

Beaucoup d’économistes expliquent que ces mesures d’austérité sont contre-productives ?

C’est vrai. En tous cas à court terme ! Si les gens ont moins d’argent, ils consomment moins, achètent moins de produit. Ce qui n’est pas bon pour la croissance et peut effectivement accentuer la crise. Raison pour laquelle, c’est en période de croissance qu’il faut se désendetter. Ce que nous avons rarement fait. Raison aussi pour laquelle ce gouvernement tente de stimuler le pouvoir d’achat et l’emploi.

Peut-on dire que la Belgique connait une cure d’austérité ?

Je pense que c’est un peu insultant de parler d’austérité par rapport ce qu’on connu des pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande. Nous n’avons pas diminué les salaires des fonctionnaires, pas diminué les pensions. Non, je pense qu’il faut plutôt parler de régression sociale, avec par exemple le recul de l’âge de la retraite, la flexibilité du travail, les mesures de limitation du chômage ou du revenu d’intégration.
Le progrès social a clairement été freiné, il a parfois reculé, et seules certaines catégories de personnes ont été préservées.

Trois constats s’imposent. Le premier, c’est que pour beaucoup de belges, les efforts sont mal répartis. Le deuxième, c’est qu’il y a un nombre croissant de belges laissés sur le côté, qui ne bénéficient pas de la reprise. Enfin, l’on ne perçoit pas vraiment de projet de société, de nouveau contrat social, qui pourrait justifier les efforts fournis par beaucoup de belges.

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