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Plus les riches deviennent riches, plus l'économie mondiale s'enfonce: voici pourquoi

Ce mardi matin, Bruno Wattenbergh s'est penché sur les conséquences des inégalités sur la croissance dans sa chronique Bel RTL Eco. Il explique pourquoi la croissance de la fortune des riches n’est pas forcément bonne pour la croissance économique.

On croyait jusqu'ici que l’enrichissement d’une minorité provoquait par ricochet des effets positifs sur la croissance

C’est ce qu’on appelle la théorie du "ruissellement" ou "trickle down" en anglais. Cette théorie libérale postule que les revenus des individus les plus riches sont in fine réinjectés dans l'économie, soit par le biais de leur consommation, soit par celui de l'investissement, contribuant ainsi, directement ou indirectement, à l'activité économique générale et à l'emploi dans le reste de la société. C’est notamment cette théorie qui a servi de base aux baisses d’impôts pour les hauts et très hauts revenus dans les politiques de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan.


Une théorie du ruissellement contestée?

Oui et ce n’est pas un think tank communiste qui l’a remise en question, mais bien des économistes du Fonds monétaire international. Ils ont ainsi démontré dans leur étude que, plus la fortune des riches s’accroît, moins forte est la croissance économique. Ils estiment ainsi que lorsque le patrimoine des 20% les plus aisés augmente de 1%, le produit intérieur brut progresse d’un peu moins d’1% dans les 5 années qui suivent. Traduction, les bénéfices des plus riches ne ruissellent en pratique pas vers le bas. C’est l’inverse qui se produit, une augmentation de même importance, + 1% de la part des revenus détenue par les 20% les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point.


A l’heure de Panama Papers, quelles conclusions tirer de cette étude?

Elles sont multiples ces conclusions. Nous sommes clairement dans un cycle de croissance molle. Dans ce contexte, des choix doivent être faits, c’est clair, et le gouvernement précédent et ce gouvernement-ci ont fait le choix de la rigueur. C’est compréhensible. L’on constate dans notre pays que nous avons mieux que les autres pays développés amorti la crise, nous avons mieux que les autres limité la croissance des inégalités. Grâce à quoi? A notre sécurité sociale.

Mais les mesures qui sont prises depuis quelques années rognent cette sécurité sociale. Alors, je veux bien entendre comme le dit le FMI et je le cite que "un certain degré d’inégalité peut ne pas être un problème dans la mesure où cela incite les individus à exceller, à se battre, à épargner et à investir pour aller de l’avant". Mais il faut absolument que l’effort soit réparti. Et le Panama Paper, la chute des contrôles fiscaux, la fraude à la TVA, la quasi absence de taxation du patrimoine, tout cela ne ressemble pas à la justice sociale et fiscale que le citoyen est en droit d’attendre.

Nous n’allons pas non plus pouvoir financer l’éducation, l’enseignement, la formation qui vont préparer l’intégration et la création de valeur de demain. Alors SVP, le Belge veut bien se serrer la ceinture, mais il faut un projet de société prometteur et des efforts répartis équitablement.

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