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Pourquoi la Belgique bloque-t-elle une taxe qui vise les transactions financières?

Ce jeudi matin, dans le Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh a parlé des réticences de la Belgique vis-à-vis d’une taxe européenne, la taxe Tobin.

La Belgique freinerait pour l’instant la taxe Tobin européenne, mais rappelez-nous, qu’est-ce que c’est que cette fameuse taxe Tobin ?

Et bien tout d’abord, Monsieur Tobin est un prix Nobel d’économie canadien qui avait proposé, dès 1972, une taxe pour lutter contre la spéculation, idée rapidement reprise à leur compte par les altermondialistes, au grand désespoir d’ailleurs de James Tobin, mais aussi par les milieux politiques comme le G7 ou le G20. Son principe est simple: la taxation de toutes les transactions financières et une surtaxe qui s'applique automatiquement en cas d'instabilité financière. L’objectif est tout aussi simple que le principe: limiter autant que faire se peut la déstabilisation des marchés par des mouvements rapides, à court terme, de transactions importantes. Une des racines de la crise économique et financière dont nous subissons toujours les conséquences.


Alors où en est-on actuellement ?

Et bien c’est un peu l’Arlésienne. On parle sérieusement de cette taxe depuis février 2010. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy l’ont réclamée haut et fort en septembre 2011. Ils l’avaient même proposée au G20, mais les États-Unis n’en voulaient pas ... L’Europe a tenté fin 2011 de la mettre en œuvre toute seule ... mais sans succès notamment à cause de la peur des Britanniques de fragiliser la City de Londres. Mais début 2013, 11 États membres, dont la Belgique, ont décidé de la mettre en œuvre.


Mais voilà, cela bloque, et notre pays bloquerait d’après les rumeurs la décision de mettre cette taxe en œuvre au niveau européen ?

En résumé, les Espagnols freinent parce qu’ils n’ont pas envie de mettre en œuvre une nouvelle taxe avant les élections toutes proches. Les Italiens renâclent. Et puis, effectivement, il semblerait que la Belgique bloque sur une série de détails techniques. C’est râlant, car c’est le genre de législations qui mettent beaucoup de temps à mettre en œuvre et l’on perd du temps.


Ça bloque pourquoi ?

Quand on négocie une taxe, on discute du taux, bien sûr, mais un critère, tout aussi important que le taux, c’est l’assiette fiscale. Sur quoi va-t-on appliquer ce taux. La Belgique tente en fait d’obtenir la garantie que certaines assurances-vie soient exclues du champ d'application de la taxe.


Que devrait rapporter cette taxe ?

La Commission européenne a proposé un prélèvement de 0,1% pour les actions et les obligations et de 0,01% pour les produits dérivés. Les prévisions à l'époque tablaient sur le fait qu'un tel prélèvement rapporterait 30 à 35 milliards d'euros par an. Notons également que la dette des états n’est pas soumise à ce prélèvement.


Que va-t-il se passer selon vous ?

Et bien, je vois mal la Belgique bloquer la décision. Tout va dépendre de l’Espagne. Si celle-ci dit oui, la Belgique devrait suivre un projet proposé par Charles Michel en 2010 déjà.

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