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Quelques jours après la fin des frais de roaming, Proximus augmente tous ses prix: coïncidence?

L'opérateur belge historique n'a pas choisi le meilleur moment pour annoncer une hausse considérable de ses tarifs mobiles (et des autres aussi, en fait). Dès le 1er août, l'abonnement Mobilus S passera de 15 à 16€, le M de 25 à 27€, le L de 40 à 43€. Ces augmentations s'accompagnent certes d'une hausse du volume mensuel d'internet mobile, mais elles comblent surtout les pertes engendrées par la fin des frais de roaming, effective depuis quelques jours seulement. Les autres opérateurs mobiles nous ont confirmé ce lundi matin qu'ils n'augmenteraient pas leurs tarifs pour le moment.

Celle-là, elle n'est pas très discrète. Vendredi soir à 20h11 (tiens, tiens), nous recevions à la rédaction de RTL info un communiqué de presse de Proximus, gentiment nommé "Les clients de Proximus bénéficieront bientôt du volume de données le plus élevé en pack sur le plus performant des réseaux".

Si l'intitulé faisait penser à une augmentation du volume mensuel de 'data' (internet mobile) sur smartphone, en petits caractères, on apercevait rapidement le vrai message de l'opérateur: une augmentation de prix, effective dès le 1er août. Le plus petit abonnement (Mobilus S) passe ainsi de 15 à 16€, le moyen (M) passe de 25 à 27€, le grand (L) passe de 40 à 43€.

Vous l'aurez remarqué: elle intervient une grosse semaine après la fin officielle des frais de roaming. Proximus augmente donc ses tarifs de respectivement 6,6%, 8% et 7,5%. Pas très subtile comme "adaptation tarifaire", comme le présente Proximus en termes marketing. Mais de quoi combler les pertes annoncées, on l'imagine. 

L'Union européenne estime que la fin du roaming entraînera une perte de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble des opérateurs européens. "Le coût de la fin du roaming a été évalué à 61 millions d'euros" pour Proximus, uniquement pour les 6 mois concernés en 2017, nous a confié Haroun Fenaux, porte-parole de Proximus, qui ne veut pas faire de lien direct entre cette augmentation et la fin des frais de roaming.

"On a régulièrement des augmentations de fraiscomme la taxe sur les pylônes", ou des pertes de revenus. L'opérateur précise que pour y remédier, "toute une série d'économies sont réalisées, par exemple en faisant moins appel à des consultants". Et il y a donc aussi une augmentation des tarifs...

La fin du roaming inutile ?

En un communiqué de presse, on aurait presque tendance à dire que Proximus a mis à terre le très long travail de l'Union européenne visant à supprimer les frais de roaming à l'intérieur de son territoire. A moins d'utiliser énormément son smartphone en vacances (mais n'a-t-on pas envie de déconnecter?) ou pour des déplacements professionnels, le client Proximus sort plutôt perdant de l'opération.

Petite consolation: il voit son quota mensuel d'internet mobile passer de 1 à 1,5 GB (Mobilus S), de 3 à 5GB (M) et de 8 à 10 GB (L). Des augmentations plus importantes si cet abonnement est repris dans un pack. Mais ces packs aussi voient leur tarif augmenter, jusqu'à 5€ par mois (voir la liste complète sur cette page).

Dans son communiqué de presse, l'opérateur précise que "ces adaptations s'appliqueront automatiquement à partir du 1er août" à tous les clients, qui seront "informés par e-mail, SMS ou courrier des modifications". Les clients qui n'accepteront pas ces modifications "pourront adapter (changer) leur abonnement ou le résilier sans aucuns frais".

VOO limite un peu la fin du roaming, Orange et Base jouent le jeu

Cette augmentation tarifaire de Proximus s'ajoute à la stratégie étonnante de VOO, qui est le seul opérateur à avoir reçu une dérogation auprès de l'IBPT, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications.

VOO va en réalité limiter l'utilisation du smartphone à l'étranger pour ses abonnements 'mobile'. Les Belges en déplacement dans l'Union européenne pourront passer 60 minutes d’appel, envoyer 60 SMS et utiliser 200 MB d'internet mobile chaque jour, sans le moindre supplément (c'est l'idée de la fin des frais de roaming). Au-delà, il leur en coutera 3,8 centimes par minute d’appel, 1,2 centime par SMS, 0,7 centime par MB de data.

C'est nettement moins choquant, à nos yeux, que l'augmentation importante des tarifs de Proximus.

Et les autres opérateurs ? Orange nous a confirmé ce lundi matin qu'il n'y avait "pas d'augmentation de tarif prévue pour le moment". Base "ne va rien changer". Leurs abonnements à 15 et 25 euros restent donc à 15 et 25 euros.

Rien ne prouve cependant que ces tarifs ne seront pas revus à la hausse dans les mois à venir, si les pertes engendrées par la fin du roaming s'avèrent trop importantes. 


Notre édito: les dindons et les pigeons

Cette augmentation de tarifs de Proximus, qui arrive 10 jours après la fin forcée des frais de roaming, n'est pas une bonne nouvelle pour les clients. 

En gros, ceux qui ne quittent jamais la Belgique sont les vrais dindons de la farce. Ils vont payer plus pour combler les pertes liées à tous ceux qui partent en vacances ou travaillent de temps en temps à l'étranger.

Et si on réfléchit plus loin, avec une augmentation annuelle allant jusqu'à 36€ (12 x 3€), on comprend que les utilisateurs 'normaux' (qui quittent la Belgique quelques fois par an) sont les pigeons qui ont cru au cadeau européen. Car ces 36€ annuels comblent aisément une grande partie des frais de roaming que Proximus va perdre. En effet, ces frais avaient largement diminué ces dernières années, et pour avoir un supplément de 36€, il fallait déjà utiliser (très) souvent son smartphone à l'étranger.

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