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Recul des avantages sociaux: "Ça ne risque pas de s’améliorer dans les prochaines années"

Ce matin dans sa rubrique Bel RTL Eco, Bruno Wattenbergh a tenté "de mettre ce 1er mai en perspective avec les circonstances actuelles. Tentative périlleuse par les temps qui courent".

Que représente vraiment le 1er mai, au-delà des déclarations politiques?

Plus qu’un symbole, c’est vraiment un jour sacré pour ceux qui représentent et défendent les travailleurs. Ce jour représente le combat sanglant au 19ème siècle pour un équilibre toujours de mise aujourd’hui des 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de repos. C’est aussi le symbole du progrès social, interprété notamment comme la poursuite de la réduction du temps de travail. Enfin, c’est aussi et surtout la perpétuation de ce qu’on appelle la lutte des classes, ce paradigme qui veut qu’inévitablement il y ait 2 clans farouchement opposés, les exploités contre les exploiteurs, les ouvriers contre les patrons, le travail contre le capital.


Est-ce que cette opposition est toujours de mise aujourd’hui?

Oui en partie. Il existe encore de nombreux cas où les intérêts des patrons et des syndicats sont opposés. L’exemple le plus récent étant la protection des représentants et candidats aux élections sociales dont l’intensité et la durée de la protection contre le licenciement sont contestées par les employeurs. Ou le partage des gains de productivité et de la rentabilité. Autre enjeu, faut-il protéger les acquis sociaux ou les diminuer pour favoriser la création d’emploi ? Bref, ces antagonismes existent, d’autant plus qu’il faut dire et accepter que le balancier du progrès social, crise oblige, penche depuis 6 ans vers la régression sociale : chaque année des allocations, des mécanismes comme le crédit-temps, la durée de la vie active sont moins attractifs pour le travailleurs. Et cela ne risque pas de s’améliorer dans les prochaines années.


Qu’est-ce qui pourrait avoir changé et donner ce petit caractère suranné au 1er mai?

Le langage, les images réductrices, les actes parfois violents utilisés par les syndicats, des attitudes effectivement surannées et qui polarisent la société car elles ne correspondent pas nécessairement à ce que les citoyens vivent. Et puis, il y a aussi la prise de conscience de nombre de travailleurs ou même de retraités, que la faible croissance rend la situation économique plus complexe et plus difficile et qu’il faut s’investir, s’adapter, que les fruits de la croissance ne tombent plus dans la bouche de chacun quoi qu’il fasse, mais qu’il faut plutôt être un acteur responsable de son intégration socioéconomique.


Est-ce l’on peut remettre en question le rôle des syndicats aujourd’hui?

Oui, le rôle, la manière, certains dogmes, mais pas l’existence. Au contraire. La faible croissance actuelle nécessite plus que jamais de défendre les plus faibles, un peu moins pour les assister que pour leur donner les moyens d’être des travailleurs épanouis. Et puis la société et l’économie ont besoin d’un dialogue social moderne et performant au bénéfice premier de l’emploi. L’enjeu pour les syndicats est plus que probablement de se réinventer. Il doit donc y avoir un 2 mai pour les syndicats et il reste à imaginer.

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