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Le "jeu dangereux du gouvernement fédéral" envers les revendications syndicales va-t-il amener à un "tax-shift régional?"

Dans sa chronique quotidienne sur BEL RTL, notre économiste Bruno Wattenbergh évoquait ce matin les revendications syndicales formulées par la FGTB (Fédération Générale du Travail de Belgique).

Alors que la rentrée sociale s'annonce chaude dans les prochaines semaines avec plusieurs jours de grèves et de manifestations prévues, notre spécialiste en économie, Bruno Wattenbergh s'est penché ce matin sur Bel RTL sur les revendications des syndicats et leurs implications.


Les temps ne sont manifestement pas faciles pour les syndicats qui ne paraissent pas vraiment entendus au fédéral ...

On ne peut pas vraiment dire que le gouvernement fédéral a exclu tout dialogue avec les syndicats, mais en tous cas, il décide seul ou n’attend pas une longue concertation pour décider. C’est un jeu, compréhensible, mais dangereux à terme car nous avons besoin à la fois de paix sociale et à la fois de négociations dans les entreprises pour les faire fonctionner de manière optimale. Sans même parler du besoin que les partenaires sociaux s’entendent pour moderniser et réformer la sécurité sociale.


Est-ce que les syndicats sont plus entendus au niveau régional ?

Oui, et heureusement car la 6ème réforme de l’état a déplacé nombre d’enjeux sociaux au niveau des régions. Ce qui n’empêche pas qu’il y ait de solides frictions, des débats musclés, notamment à Namur entre la majorité wallonne et la FGTB. A Bruxelles, le débat est lancé avec un solide cahier de revendications lancé dans la presse ce matin.


Quelles sont ces revendications de la FGTB Bruxelles ?

La FGTB Bruxelles explique que la 6ème réforme de l’Etat et l’austérité doivent pousser les régions à opérer leur propre tax-shift, leur propre glissement fiscal régional. 10 propositions sont donc sur la table dont la majorité sont fiscales.

En gros quelles sont ces propositions ?

En résumé de moins taxer les bruxellois sur leurs revenus du travail, et en compensation de faire glisser la taxation vers l’immobilier. Comment ? d’abord, en augmentant les additionnels au précompte immobilier, sauf pour l’habitation propre. Ici, clairement ce sont les nombreux investisseurs multipropriétaire non-résidents qui sont visés. Ensuite en instaurant un bonus-logement bruxellois qui tienne étroitement compte des revenus des habitants. Egalement en taxant les plus-values immobilières et les immeubles inoccupés. Comme vous le voyez l’immobilier est, assez logiquement, dans le collimateur. Et enfin, toujours dans l’immobilier, revoir ce fameux revenu cadastral qui ne représente pas du tout le rendement économique du bien immobilier et donc, qui ne contribue pas du tout à une forme de justice fiscale. Je vous passe d’autres mesures notamment sur les titres services.

Quelles sont les probabilités de voir ces revendications entendues ?

Très importantes. La FGTB joue sur du velours puisque la nouvelle coalition gouvernementale a d’ores et déjà promis un transfert de l’impôt sur les personnes physiques vers la politique de la fiscalité immobilière. Guy Vanhengel, le ministre bruxellois des finances, a demandé à un groupe de travail de proposer des réformes ambitieuses qui vont dans le sens de ce taxshift, mais aussi d’une vraie simplification administrative ! Et à peu de choses près, il est proche des revendications de la FGTB, si ce n’est qu’il veut encore aller plus loin au niveau de la simplification. Reste à voir ce que le parlement et ses partenaires bruxellois vont en penser. En tous cas, Bruxelles devrait bientôt disposer d’une politique fiscale qui soit beaucoup plus qu’une politique budgétaire, et c’est ce qu’on peut lui souhaiter.

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