Accueil Actu

"Randonnée mortelle": huit ans requis contre un militaire pour avoir percuté volontairement et tué Amandine

Le ministère public a requis huit ans d'emprisonnement et la déchéance définitive du permis de conduire à l'encontre de Felipe B., un militaire né en 1984, pour entrave méchante à la circulation ayant entraîné la mort, séquestration et outrage à agent de police. Accusé d'avoir volontairement percuté la voiture de la victime, le prévenu, qui avait bu et dit avoir pris de la drogue, assure ne se souvenir de rien.

Le 14 avril 2013, un dimanche à 8h30 du matin, l'homme a percuté la voiture d'une avocate bruxelloise circulant en sens inverse sur la N90 à Lives-sur-Meuse (Namur). Amandine B. est décédée sur le coup. La passagère du prévenu a été séquestrée pendant trois heures dans le véhicule. "Au départ, le prévenu joue et fonce délibérément sur les gens avant de les esquiver à la dernière minute. Sauf que cette fois, il n'essaie pas de l'éviter, il reste fixe et concentré. M. B. se comporte vis-à-vis des autres usagers dans un jeu de roulette russe. Et malheureusement pour Amandine, la balle était une vraie balle", a déclaré Me Preumont, avocat de la famille.

"Il a inventé ni plus, ni moins l'histoire de la cocaïne"

Parlant d'"amnésie feinte et sélective" de la part de Felipe, l'avocat l'a qualifié de "menteur", de "lâche" et d'"idiot" d'avoir "inventé ni plus, ni moins l'histoire de la cocaïne", aucune trace n'ayant été retrouvée lors des analyses toxicologiques. L'entrave méchante à la circulation ayant entraîné la mort est un crime menant à la cour d'assises qui a été correctionnalisé dans cette affaire à la suite de circonstances atténuantes.

Pour le ministère public, l'intention malveillante ne fait pas de doute. "A partir du moment où on cherche clairement, et à plusieurs reprises, le contact et où on a finalement l'intention de percuter la dernière voiture, on utilise son véhicule comme une arme. Le tribunal pourrait conclure une intention homicide et se déclarer incompétent", a-t-il souligné. Par ailleurs, le substitut a dénoncé l'attitude de certains prévenus de se cacher derrière l'alcool ou la drogue pour justifier certains comportements: "Ce ne sont pas une barrière à des poursuites, ce ne sont pas une barrière à des sanctions."

La défense pointe du doigt la "drogue du viol"

Pour l'avocat de la défense, si la consommation de drogue ne fait aucun doute, il pourrait s'agir de GHB surnommée la "drogue du viol". Cette substance, qui n'est pas décelable dans le sang ou l'urine quelques heures après l'ingestion, engendre des pertes de mémoire et un comportement "hors norme" et "désinhibé". Me Leloup a cité le regard fixe du prévenu, son manque de réaction, sa déconnexion par rapport à la réalité. Me Preumont a dénoncé le fait que cette hypothèse n'ait pas été abordée lors de l'instruction. La défense souligne qu'un doute raisonnable subsiste quant au comportement et à l'intention du prévenu, qui aurait pu avoir une intention suicidaire. Me Leloup a demandé de "disqualifier les faits pour considérer qu'il s'agit d'une situation accidentelle". A titre subsidiaire, il a plaidé le sursis probatoire, avec un suivi psychologique et un suivi concernant sa consommation d'alcool.

"Elle a été trimballée à travers la Belgique pendant trois heures de mortelle randonnée"

La passagère, qui avait passé la soirée avec un couple d'amis et leur ami Felipe B., a été "trimballée à travers la Belgique sans savoir où elle allait pendant trois heures de mortelle randonnée pendant lesquelles elle a eu le temps de voir la mort venir", a précisé l'avocat de la victime de séquestration. Le substitut a décrit "l'enfer" de cette séquestration ainsi que le comportement envers les policiers arrivés au CHR de Namur où le prévenu était soigné après l'accident mortel. "Il a déclaré qu'il avait déjà tué des gens et qu'il n'en était pas à une personne près. Ces personnes-là, il faut les écarter de la société", a-t-il souligné. Le jugement sera rendu le 1er avril à midi.

À la une

Sélectionné pour vous