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Amadou, tabassé par des élèves parce qu'il défendait Charlie Hebdo: le jeune homme témoigne

Une enquête a été ouverte par l'administration de l'enseignement à l'athénée royal Leonardo da Vinci à Anderlecht, en région bruxelloise. Il y a quelques jours, un étudiant, Amadou, a été tabassé par une dizaine de jeunes à la sortie de l'école. Ses agresseurs lui auraient reproché de soutenir un professeur qui dénonçait les attentats de Charlie Hebdo.

Depuis une semaine, Amadou est cloîtré chez lui avec des agrafes sur la tête et des mains endolories. Mardi dernier, plusieurs jeunes l’ont agressé à la sortie de l’école. "Il y avait plus d’une dizaine de personnes sur moi. J’étais tombé par terre et ils ont commencé à me taper dessus avec une batte (ndlr: de baseball). Il y en a même deux qui ont cogné ma tête", raconte l’étudiant au micro de Vanessa Costanzo.

"J’ai refusé de signer parce que moi j’étais avec le prof"

Selon lui, cette bagarre ferait suite à une discussion lancée pendant le cours d’histoire."Le professeur a commencé à défendre les journalistes de Charlie Hebdo et la liberté d’expression. Et les élèves n’étaient pas d’accord. Il y a encore eu la même discussion en cours de français et un élève qui m’a agressé a carrément dit devant tout le monde qu’il était pour les meurtres et que s’il avait croisé les terroristes dans la rue, il leur aurait serré la main", assure le jeune homme.

Quelques jours plus tard, des élèves lancent une pétition contre le professeur d’histoire, mais Amadou refuse de signer. Un refus qui lui aurait valu des ennuis, selon lui. "Les élèves étaient fâchés contre le prof d’histoire. Après quelques jours, ils sont sortis du cours de religion islamique et sont venus avec une pétition. Je pense que c’est le professeur de religion islamique qui leur a donné l’idée. Ils m’ont demandé de signer mais j’ai refusé parce que moi j’étais avec le prof", soutient l’étudiant.

"Si c’est le cas, des mesures doivent être prises"

Du côté de l’école, on assure n’avoir eu jamais de soucis auparavant."Pas à ma connaissance. Je n’ai pas eu connaissance de tels propos et je vous le répète tant que je n’ai aucune confirmation, je préfère ne pas m’avancer", indique Fatiha Ismaïli, préfète des études à l’athénée royal Leonardo da Vinci.

La ministre de l’Education, Joëlle Milquet, a chargé le préfet coordinateur de la zone d’une enquête. La discussion sur les attentats de Paris était-elle bien à l’origine de ce conflit ? Un adulte a-t-il influencé les jeunes ? Sa mission est de faire la lumière sur ces points. Un retour est attendu mercredi en fin de journée. "La rumeur dit que certains adultes, et on ne précise pas les noms, manipulent les jeunes justement pour faire une certaine forme d’intégrisme. Donc, ça il ne faut pas se voiler la face. Si c’est le cas, des mesures doivent être prises. C’est inacceptable dans une école de la Fédération Wallonie-Bruxelles", estime Alain Faure, préfet coordinateur de zone.

Amadou et l'école portent plainte

Pour Amadou, il n’est plus question de retourner dans cette école bruxelloise. La ministre de l’Education a reçu sa famille ce mardi après-midi afin de l’aider dans ce changement d ‘établissement scolaire. La direction de l’école a déposé plainte auprès de la police. Amadou et son avocat font faire de même. Le jeune homme de 20 ans déposera jeudi une plainte contre le groupe d’élèves qui l’a passé à tabac.

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