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Au procès Wesphael, les témoins de moralité dressent un portrait élogieux de Véronique Pirotton

La victime a été décrite comme perspicace, fragile, brillante et pleine d'humour ce matin.

Véronique Pirotton était une personne perspicace, qui réfléchissait vite, qui pouvait devenir plus fragile lorsqu'elle était contrariée, a déclaré mercredi matin devant la cour d'assises un neurologue qui travaillait dans la même intercommunale qu'elle. Un autre témoin, écrivain et ancien professeur à l'ULB, a quant à lui décrit une femme "pleine d'humour", qui se donnait "plus d'avenir que de passé".

La victime pouvait essayer de mener "plusieurs combats" sur plusieurs fronts, elle était "déterminée", d'après le médecin. Le neurologue et l'ancienne journaliste s'étaient rapprochés notamment lors des ennuis de santé de la mère de Véronique Pirotton. Une fois ses batteries rechargées, "elle s'employait assez rapidement à les vider en s'imposant une certaine charge de travail et des charges familiales". La victime avait aussi partagé ses angoisses avec le témoin, comme le fait que Victor ait échappé de peu à la fusillade place Saint-Lambert. D'après l'enquête de téléphonie, le médecin avait envoyé un SMS à la victime lors de son séjour à la mer, en demandant des nouvelles d'elle et du "petit lion", faisant allusion à son fils.

Son "petit lion" 

"Elle aimait les images et les jeux d'esprit. Son fils a une fois connu un échec scolaire, et elle s'attelait avec énergie à vouloir régler ce problème. C'est de là que vient l'image. Je lui avais dit que son fils était un ado, et que c'était comme un petit lion en laisse. Il ne faut pas le tenir trop près pour ne pas qu'il vous griffe, ni trop loin pour ne pas qu'il vous échappe."

Le témoin se rappelle que Véronique Pirotton lui avait fait part de ses désillusions en septembre 2012, un mois après son mariage avec Bernard Wesphael, qu'elle avait décrit comme "un parlementaire". Elle lui avait confié que son époux n'était pas aussi riche qu'elle le pensait, et avait évoqué des ennuis financiers ainsi que son envie de déménager. Il était aussi au courant des hospitalisations de sa collègue, qui craignait que ses soucis de santé ne lui portent préjudice au travail. Il ajoute n'avoir jamais perçu de traits de violence en elle. Il ne la considère pas non plus comme une personnalité dépressive. L'avocat général a demandé au témoin, Sénégalais d'origine, s'il avait été l'amant de la victime, car Bernard Wesphael avait évoqué une liaison entre son épouse et "un médecin étranger". "Non", a-t-il répondu.

Vive émotion chez les proches de Véronique Pirotton

Le témoignage suivant a provoqué une vive émotion chez les proches de Véronique Pirotton présents à l'audience. Le professeur d'université a rencontré la victime en 1995, alors que celle-ci l'avait pris comme sujet pour son mémoire en journalisme, pour lequel elle avait obtenu 100 sur 100. "J'étais étonné de ne l'avoir jamais rencontrée, mais elle était timide." Tous deux sont restés liés et se téléphonaient régulièrement. Il a d'ailleurs cité le numéro de GSM de la victime. "C'est un numéro que je n'oublierai jamais."

"Il y avait chez Véronique une absence totale d'arrogance. Elle était consciente de son intelligence, mais n'en faisait jamais état de manière ostentatoire. Je ne l'ai jamais vue traiter quelqu'un avec mépris." Il a tenu à insister sur son humour. "Je vois que c'est un trait de sa personnalité qu'on a tendance à négliger. Son humour était parfois teinté de mélancolie, mais elle n'était pas mélancolique pour autant. Quand j'entends qu'on dit d'elle qu'elle est maniaco-dépressive et d'autres choses, je suis effrayé. J'ai l'impression que nous n'avons pas rencontré la même personne."

Si elle nommait peu les gens et évoquait plutôt des situations, elle avait, par des figures de style, confié au professeur "son désenchantement par rapport à son mariage", avec notamment un manque, "une absence de dialogue intellectuel".

Pour lui, Véronique Pirotton n'était pas suicidaire. "Elle avait une revanche à prendre." "Les premières lignes de son livre sont pleines de promesses. On ne se suicide pas le lendemain, alors que l'encre n'est pas encore sèche. Elle avait aussi la folle idée de me consacrer une biographie et surtout l'extraordinaire ambition de rendre son fils heureux."

"Elle aspirait au bonheur, en toute candeur"

Après son décès, une "chape de plomb s'est d'abord abattue sur elle. Dès que le verrou du silence a sauté, on est passé à la malveillance, avec des qualificatifs désobligeants qui tendaient à la discréditer", regrette-t-il. "Je souhaite que son fils émerge victorieusement de l'océan de boue sous lequel, quelques fois, on a tenté de l'engloutir. Un jour, si ce n'est pas déjà le cas, il pourra être fier d'une femme brillante et généreuse."

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