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Belliraj suspecté de six assassinats politiques à Bruxelles et d'avoir fait partie d'une organisation terroriste: le parquet fédéral demande le non-lieu

Le parquet fédéral a requis mercredi devant la chambre des mises en accusation de Bruxelles, le non-lieu dans l'affaire Belliraj. Abdelkader Belliraj, actuellement détenu au Maroc, est suspecté d'avoir fait partie d'une organisation terroriste et d'avoir commis six assassinats politiques à Bruxelles, fin des années 80. La chambre des mises en accusation rendra son arrêt le 28 octobre prochain.


Le parquet fédéral veut-il cacher quelque chose?

Le parquet fédéral avait déjà dressé des réquisitions similaires, en chambre du conseil, en avril dernier. La partie civile, elle, a demandé que les différents dossiers soient joints et que la justice belge poursuive l'enquête. "Selon le procureur fédéral, il n'y a aucun lien entre ces six assassinats", a commenté Me Michèle Hirsch, avocate de la partie civile, représentant la famille d'une des victimes, le professeur Joseph Wybran. "Nous ne comprenons pas pourquoi le parquet fédéral refuse que la justice belge entende Abdelkader Belliraj et poursuive les investigations alors qu'il y a cinq dossiers d'assassinats et un dossier de terrorisme ouverts dans lesquels il est suspecté. Selon nous, il est probable qu'Abdelkader Belliraj avait été engagé par la Sûreté de l'Etat à l'époque où ces crimes ont été commis et le parquet fédéral ne veut pas que cela soit découvert", a-t-elle précisé.

"C'est pour nous la seule explication possible à cette opposition du parquet à ce que de nouveaux devoirs d'enquête soient réalisés. Il s'était même opposé à la décision de la chambre du conseil de renvoyer l'affaire au procureur du roi pour qu'il effectue des démarches permettant à l'avocat d'Abdelkader Belliraj de voir son client en prison au Maroc", a ajouté l'avocate. Le parquet fédéral n'a pas fait de commentaire.


"A l'heure actuelle, je n'ai donc toujours pas pu m'entretenir avec mon client"

En effet, en avril dernier, la chambre du conseil de Bruxelles avait ordonné de renvoyer l'affaire au procureur du roi afin qu'il prenne contact avec l'agent de liaison au Maroc pour que l'avocat d'Abdelkader Belliraj, Me Vincent Lurquin, puisse voir son client, incarcéré dans ce pays. Et le parquet fédéral avait fait appel de cette décision. Le conseil d'Abdelkader Belliraj, Me Vincent Lurquin, estimait en effet qu'il y avait violation des droits de la défense si l'avocat ne pouvait pas voir son client. "A l'heure actuelle, je n'ai donc toujours pas pu m'entretenir avec mon client puisque le parquet fédéral avait fait appel de cette ordonnance de la chambre du conseil", a-t-il commenté mercredi.Cependant, la défense et le parquet soutiennent tous deux qu'il n'y a pas de charges suffisantes contre Abdelkader Belliraj. "Mon client avait fait des aveux sous la torture au Maroc et il y a eu falsification de témoignages", a avancé Me Lurquin mercredi, comme il l'affirme depuis le début de l'enquête.Le parquet fédéral, lui, n'a pas fait de commentaire.


Parmi ses victimes, le recteur de la Grande mosquée de Bruxelles et le docteur Joseph Wybran, qui était professeur en médecine à l'ULB

Abdelkader Belliraj est soupçonné d'avoir commis six assassinats à Bruxelles, en 1988 et 1989. Parmi les victimes figuraient le recteur de la Grande mosquée de Bruxelles, Abdullah Al-Ahdal, et également le docteur Joseph Wybran, qui était professeur en médecine à l'ULB et président du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB). Abdelkader Belliraj avait avoué ces crimes à la police marocaine mais son conseil soutient donc que les aveux ne sont pas recevables en Belgique car formulés sous la torture. Le suspect principal de ces assassinats qualifiés d' "assassinats politiques" ou terroristes, est toujours actuellement incarcéré au Maroc où il purge une peine à la suite d'une condamnation à la réclusion à perpétuité pour terrorisme.

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