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Jean-Louis "le soumis" devant la justice dans un nouveau procès d'une filière terroriste: "Je suis un prisonnier politique musulman"

Ce lundi a débuté le procès en correctionnelle à Bruxelles de 14 prévenus, dont Jean-Louis Denis, dit "le soumis", un converti à l’islam devenu prédicateur islamiste radical. L’affaire concerne l’envoi de jeunes Bruxellois comme combattants djihadistes en Syrie. L'enquête à charge de Jean-Louis Denis avait débuté en avril 2013, lorsque deux élèves de l'Athénée Fernand Blum, à Schaerbeek, étaient partis rejoindre le groupe terroriste Etat Islamique.

Jean-Louis Denis est jugé pour avoir été le dirigeant d’une filière d’acheminement de terroristes vers la Syrie et avoir tenu des propos virulents envers des non-musulmans. Les deux jeunes de Fernand Blum à l’origine de cette affaire et partis en Syrie n’avaient que 16 ans. Ils avaient été signalés à plusieurs reprises comme faisant partie de l'entourage du prédicateur. Ils avaient notamment participé à la distribution de nourriture que Jean-Louis Denis organisait à la gare du Nord via son association "Resto du Tawhid".

La vie de ce Bruxellois d’une quarantaine d’années bascule vers 2008 ou 2009. Avant, il travaillait dans une taverne du cimetière d’Ixelles et aimait le jeu et l’alcool. Puis il s’est converti à l’islam et sa vie a changé du tout au tout. Il a rapidement rencontré des membres de Sharia4Belgium et selon le parquet fédéral, Jean-Louis Denis aurait dès lors recruté d'autres jeunes via des sermons, des reportages vidéo ou la diffusion de documentaires appelant au djihad.

Le 9 décembre 2013, la police judiciaire fédérale a perquisitionné à 6 adresses bruxelloises et saisit des documents et du matériel informatique. Jean-Louis Denis et quatre autres personnes sont alors arrêtés. Détenu depuis lors, son discours s’est encore durci en prison. Pour lui, le paradis est réservé aux musulmans rigoristes.

Dans un courrier qu’il a envoyé à notre collègue Dominique Demoulin, Jean-Louis le Soumis nie formellement tout ce qui lui est reproché. "Je n’ai pas recruté. Les gens sont partis avec leur âme, leur conscience et leur foi. Ça ne s’achète pas en magasin", explique-t-il. Ses avocats n’auront pas la tâche facile et le procès promet d’être délicat. L’homme ne reconnait en effet pas l’autorité des tribunaux belges et se définit comme prisonnier politique. "Le coran comporte plusieurs versets justifiant de faire le djihad de défense. Je suis donc un prisonnier politique musulman."

En février 2014, une autre arrestation a lieu: celle de Mickaël Devredt, soupçonné  d'être le vrai leader de l'organisation. Parmi les autres prévenus pour ces faits de participation à une activité d’un groupe terroriste, y compris par la fourniture d’information, trois sont détenus, d’autres ont été libérés sous condition et 7 font l’objet d’un mandat d’arrêt international et sont toujours en Syrie (morts ou vivants).

A raison de quatre jours de débats par semaine durant deux à trois semaines, ainsi qu’un délibéré d’un bon mois, ce procès s’annonce particulièrement long. Le jugement n’est attendu que fin décembre voire début janvier.


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