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Jérémy Cerretti coupable de torture: "On a enfin entendu les cris d'Alicia que personne n'avait entendus"

Jérémy Cerretti, âgé de 26 ans, a été reconnu coupable jeudi soir par le jury de la cour d'assises de Bruxelles, délocalisée à Nivelles, d'avoir participé, en qualité de co-auteur, avec Félicia V., à la torture, au traitement inhumain et aux coups et blessures volontaires infligés à Alicia M., une enfant de trois ans et demi.

Après dix heures de délibération et de motivation de leur décision, les douze jurés ont répondu par l'affirmative à l'ensemble des dix questions posées. Pour eux, Jérémy Cerretti est co-auteur des faits, au même titre que sa compagne de l'époque, Félicia V., qui fait l'objet d'une mesure d'internement. La défense avait plaidé coupable de participation par omission, écartant que Jérémy Cerretti soit directement à l'origine des brûlures, de la flagellation ou encore du gavage sur Alicia. "Ne mettez-pas à Jérémy l'étiquette de celui qui a brûlé, attaché, flagellé" Alicia, avait conclu Me Mindana, avocat de l'accusé, à l'attention des jurés. "Mais il a eu des gestes, des attitudes innapropriés qui ont participé à la souffrance de cette petite." "Sur base de cette responsabilité, je vous demande de répondre oui aux trois questions qui vous seront posées", avait-il ajouté.

Pour chaque chef d'accusation, le jury devait définir si Jérémy Cerretti était oui ou non coupable d'avoir exécuté les infractions, coopéré directement à leur exécution, aidé à leur exécution de telle manière que, sans son assistance, les crimes et délits n'auraient pu être commis, ou pour avoir, par abus d'autorité, "directement provoqué ces crimes ou ces délits". Le jury devait ensuite se prononcer sur les circonstances aggravantes.

Il a estimé que les faits ont bien été commis sur une mineure, ont causé une incapacité permanente physique ou psychique et ont bien été exécutés par une personne ayant autorité sur la victime et cohabitant occassionnellement avec elle. En effet, M. Cerretti avait la garde de l'enfant durant trois semaines au mois de février 2011, ont avancé les jurés. Pour motiver leur décision, ils ont notamment tenu compte de la gravité des brûlures de l'enfant, du caractère récent et semi-récent de celles-ci, des brûlures de cigarettes, des déclarations de Félicia V. et des confidences de la victime, qui parlait toujours "de deux personnes" ainsi que d'eau "chaude, chaude, chaude". Ils ont retenu les conclusions du médecin légiste, qui rendaient cohérents des épisodes de gavage, et que le Dr Bonbled avait qualifié les souffrances d'Alicia de "calvaire".

Enfin, les propos de Jérémy C. selon lesquels il n'était "jamais là" car il travaillait ne coïncident pas avec les horaires communiqués par son employeur pour la semaine précédant l'arrêt cardiaque de la victime. De plus, l'expert en installations de chauffage avait exclu tout "dysfonctionnement technique" dans l'appartement de l'accusé.

Le jury s'est encore appuyé sur l'absence de soins médicaux donnés à l'enfant et le fait qu'aucun tube de Flammazine n'a été découvert lors des perquisitions. Il subsiste par contre "un doute quant à l'allégation d'avoir fait manger à l'enfant ses excréments".

Les faits avaient été mis au jour après un malaise cardiaque d'Alicia le 20 février 2011. Les services de secours avaient découvert des brûlures sur 35% de la surface corporelle de l'enfant, causées par des douches chaudes. La mère d'Alicia, Fatima B., avait confié sa fille à son ancien amant Jérémy Cerretti et sa compagne le temps de réaliser des travaux d'humidité dans son appartement. Alicia était restée environ trois semaines chez le couple. "La vérité judiciaire a éclaté", a commenté Me De Cock, qui représente le tuteur ad hoc de la victime. "On a enfin entendu les cris d'Alicia que personne n'avait entendus il y a quatre ans et demi." Jérémy Cerretti encourt une peine de 20 à 30 ans de prison. Les débats sur la peine ouvriront dès 10h00 vendredi la dernière journée du procès.

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