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La fiancée de Salah Abdeslam dévoile tout et lui envoie un message: "Je romps officiellement nos fiançailles. Tu as fait honte à nos familles"

A force d’essayer, ils y sont arrivés. Les journalistes du magazine flamand Knack ont obtenu une longue interview de l’ex-fiancée de l’ennemi public n°1 alors qu’elle "ne voulait pas réagir". "Mais on n’arrête pas de venir sonner chez moi".

La jeune femme de 24 ans habite Molenbeek. Elle est issue d’une famille nombreuse dont les parents sont venus du Maroc s’installer en Belgique. Quand elle a rencontré Salah, elle était en plein deuil de la mort de son frère, noyé dans un centre de loisirs prisé des Bruxellois en Flandre. Il n’était pas religieux à l’époque. Elle avait 15-16 ans, lui 18. Un an plus tard, ils sortent ensemble. "Il avait 19 ans et vivait comme la plupart des jeunes d’ici à Molenbeek : il trainait avec ses copains".


La mauvaise influence d'Abaaoud

Dont Abdelhamid Abaaoud, à qui elle n’a jamais parlé. Il vivait près de la station de métro Comte de Flandre, où son père avait un magasin. Il y passait son temps à ne rien faire, à regarder les passants. "Quand j’ai rencontré Salah, les soirées et l’alcool ne l’intéressaient pas, mais avec Abdelhamid, ça a changé. Il était jeune, il s’est laissé emporter." Oui, il se saoulait. "J’en voulais beaucoup à Hamid du fait que Salah faisait moins attention à moi. Je pense qu’il avait une mauvaise influence sur lui. Il me semble que Hamid n’avait de respect pour personne."


Un travail à la STIB puis la prison

En 2010, elle a 18 ans et ils se fiancent. Mais leurs parents voulaient attendre qu'ils aient tous deux un emploi stable avant qu'ils se marient. A l’époque, "il jouissait d'un grand respect entre les garçons dans le quartier. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment cela fonctionne. Nous ne nous parlions pas l’un à l'autre quand nous étions dans la rue. Quand il croisait ses amis, il m'ignorait. Il le faisait pour me protéger" de ses amis. "Il a travaillé à la STIB mais a été viré pour des infractions pénales. Il a ensuite passé un mois en prison" en 2011, alors que Abaaoud prenait lui 6 mois. Salah n’a jamais voulu lui dire ce qu’il avait fait et pourquoi. Quand il est sorti de prison "après un long moment, je lui ai pardonné, malheureusement..."


Abaaoud essayait de le faire venir en Syrie

Après la prison, il n’était pas encore radicalisé, selon elle. "La guerre en Syrie n’avait pas encore explosé." Le choc dans le quartier et pour Salah, ça a été à la mi-2014 : "Il y a eu cette horrible vidéo Youtube" où Abaaoud traine des cadavres attachés à un pick-up. "Il y dit qu’il est mieux là-bas. Le choc a été énorme. Personne ne pouvait le croire même si tout le monde savait" qu’il était parti rejoindre les terroristes. Salah avait l’air choqué aussi, mais "il disait que ce n’était pas son problème, que chacun avait choisi sa propre voie.  Plus tard, j’ai compris qu’ils avaient des contacts. Abdelhamid a essayé de le persuader de rejoindre la Syrie."


Et Salah voulait y emmener sa fiancée

Salah a finalement essayé de la convaincre d’aller en Syrie plusieurs fois, avant d’arrêter. "Si ma mère n’avait pas été là, je serais probablement partie avec lui, par amour pour lui, pas pour des raisons religieuses ou idéologiques." "Sa mère me disait souvent que j’étais leur dernier espoir de garder Salah ici", alors que son frère ainé Ibrahim avait déjà rejoint la Syrie. En janvier 2015, alors que l’opération anti-terroriste à Verviers révèle les connections avec Abaaoud, elle n’était plus heureuse avec lui, car "la pression était trop grande sur moi. Sa mère me demandait constamment de le convaincre de rester".

C’était début de l’année dernière, quand il a commencé à quitter régulièrement la Belgique pour l’Allemagne et l’Autriche, où il a séjournée plusieurs fois au cours de 9 mois précédant les attentats de Paris. Mais ça, elle ne l’a compris qu’après les attentats, lorsqu’on a découvert les voyages d’Abdeslam dans ces pays. "Il me disait qu’il était en Ardenne ou en France..." A ce moment, "il avait différents numéros de portable".


Le jour avant les attentats, " il m’a dit que s’il ne parvenait pas à m’épouser dans cette vie, on se marierait au paradis "

Le jour précédant les attentats, le 10 novembre, ils ont dîné ensemble pour la dernière fois, près de Bockstael. "Je voyais bien que ça ne tournait pas rond, il semblait malheureux", confie-t-elle. "Mais il me disait de ne pas m’en faire. Nous avons parlé de notre avenir et du mariage. Je lui ai dit que ça m’inquiétait quand il disparaissait sans crier gare et qu’il ne faisait rien pour retrouver un boulot fixe. J’ai commencé à pleurer. Lui aussi, et il m’a dit que s’il ne parvenait pas à m’épouser dans cette vie, on se marierait au paradis." Il l’a encore contactée par téléphone le jour des attentats, lui disant qu’il serait absent quelques jours avec son frère.


Le choc dans le quartier et les famille

Puis ce fut le choc, la révélation. "Ma mère s’est évanouie quand elle a entendu" que Salah était impliqué dans les attentats. "Et mon père était furieux. Il me reprochait mon mauvais choix". La mère de Salah Abdeslam, elle, "souffre sévèrement", sait-elle.

Dans quartier, les gens savent. "Ils me voient différemment maintenant. Certains ont de la compassion dans le regard, d’autres de la désapprobation, et d’autres me regardent avec l’air de dire 'comment as-tu pu être aussi stupide ?'"


Son message: oublie-moi

Aujourd’hui, elle ne veut plus avoir de contact avec lui. "Pour moi, il n’y a plus rien entre nous, je romps officiellement nos fiançailles." Si elle le voyait en face d'elle, elle lui demanderait "Pourquoi ? Ton amour pour moi n’était-il pas plus fort que la haine en toi ? J’ai honte pour toi ! Peu importe ton implication dans les attentats. Pense aux victimes de Paris ! Pense à leurs familles ! Tu m’as fort blessée. Tu as fait honte à nos familles. Je n’ai plus rien à te dire, à part ceci : sache que je vais commencer une nouvelle vie, et que tu n’y as pas ta place." Se confier enfin l’a soulagée. "Ma mère était contente car ils ne me voyaient plus sourire depuis les attentats."

Enfin, elle estime que Salah préfèrerait encore mourir plutôt que de se rendre.

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