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Le 3e procès Cools a débuté: pourquoi mobilise-t-on autant de moyens humains et financiers ?

Outre les douze jurés effectifs et les huit à douze jurés suppléants qui seront requis, le procès monopolisera en effet, durant cinq semaines, trois juges professionnels (la présidente et deux juges assesseurs), un avocat général, un greffier, deux huissiers d'audience ainsi que des policiers pour assurer la sécurité.

La cour d'assises de Namur a entamé le procès de Richard Taxquet (59 ans) et de Domenico Castellino (61 ans), accusés d'avoir commandité le 18 juillet 1991 l'assassinat du ministre d'État et bourgmestre de Flémalle de l'époque, André Cools.

L'homme de 63 ans avait été abattu de deux balles, l'une dans la gorge, l'autre dans la tête. Les débats sur le fond doivent débiter ce lundi et dure cinq semaines. Il s'agit du troisième procès devant des assises belges en lien avec l'assassinat d'André Cools.

Rappel des faits

Le matin du 18 juillet 1991, alors qu'il quittait son appartement de Cointe (Liège), André Cools a été assassiné. Son amie Marie-Hélène Joiret a été grièvement blessée. Après une très longue enquête, deux tueurs à gage tunisiens ont été condamnés pour ces faits dans leur pays à 25 ans de réclusion.

Six personnes, poursuivies pour avoir participé de près ou de loin à cet assassinat et à cette tentative d'assassinat, ont écopé de condamnations allant de 5 à 20 ans de prison devant la cour d'assises de Liège, le 7 janvier 2004.

Richard Taxquet avait été condamné à vingt ans de réclusion par la cour d'assises de Liège. Il a purgé une peine d'emprisonnement du 17 octobre 2003 au 19 mai 2009, puis a obtenu sa libération conditionnelle.

Domenico Castellino avait également été condamné à vingt ans de réclusion par la cour d'assises de Liège. Une première fois par défaut, en 2004. La deuxième fois, en 2007. La qualification des faits avait néanmoins été légèrement modifiée puisqu'il avait été condamné pour l'assassinat d'André Cools et pour tentative de meurtre (et non plus d'assassinat) sur Marie-Hélène Joiret.

En fuite du côté de l'Italie, il avait été intercepté en Allemagne le 26 mars 2006. Il a été détenu en Belgique du 2 juin 2006 au 5 juillet 2011, date à laquelle il a bénéficié de sa libération sous conditions. Si la cause est aujourd'hui renvoyée devant la cour d'assises de Namur, c'est à la suite d'un arrêt de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).


Un procès inéquitable ?

Richard Taxquet d'abord puis Domencio Castellino ensuite ont en effet considéré qu'ils n'avaient pas eu droit à un procès équitable en raison du défaut de motivation du jugement et se sont alors adressés à la CEDH qui leur a donné raison. Le 13 janvier 2009, la CEDH a prononcé un arrêt condamnant la Belgique à motiver les arrêts rendus par les cours d'assises. C'est ce qu'on a appelé "l'arrêt Taxquet".

En 2011, la cour de cassation a cassé la décision rendue par la cour d'assises de Liège à l'encontre de Richard Taxquet, à la suite de cette condamnation de la Belgique par la CEDH, lui reconnaissant ainsi le droit à un nouveau procès. Elle a fait de même par la suite pour Domenico Castellino. Il s'agit donc du troisième procès d'assises pour ce dernier et du deuxième pour Richard Taxquet. Un autre protagoniste, Cosimo Solazzo, avait lui aussi été condamné par défaut à vingt ans de réclusion. L'homme se trouve actuellement en Italie mais il ne peut pas être extradé puisque l'assassinat d'André Cools a eu lieu avant l'entrée en vigueur de la loi sur le mandat d'arrêt européen.

"Il est actuellement toujours recherché. Les signalements nationaux, européens et internationaux sont toujours maintenus", indique Marianne Lejeune, avocat général de ce procès. Si Cosimo Solazzo est intercepté et identifié en dehors de l'Italie, il risque d'être arrêté et extradé vers la Belgique. "S'il faisait opposition, on pourrait avoir un quatrième procès Cools et même un cinquième procès si on compte celui des Tunisiens", précise Marianne Lejeune.


De gros moyens humains et financiers

Si ce procès d'assises est prévu durant cinq semaines, c'est notamment en raison des quelque 280 témoins qui font partie de ce dossier. Parmi ceux-ci, il y a des personnes décédées dont les déclarations seront lues ou pourront être consultées par le jury, et des personnes hors du circuit depuis longtemps comme des enquêteurs à la retraite, qui devront parfois faire un important travail de mémoire.

De tels procès mobilisent beaucoup de moyens humains et financiers. Et ce, alors que plus de 25 ans se sont écoulés depuis les faits. Outre les douze jurés effectifs et les huit à douze jurés suppléants qui seront requis, le procès monopolisera en effet, durant cinq semaines, trois juges professionnels (la présidente et deux juges assesseurs), un avocat général, un greffier, deux huissiers d'audience ainsi que des policiers pour assurer la sécurité.

Le dossier lui-même doit être protégé et se trouve actuellement dans un lieu sécurisé, au palais de justice de Namur. Des audiences (chambres correctionnelles et chambres du conseil) seront reportées voire annulées en raison de la présence des deux juges assesseurs aux assises qui gèrent en temps normal des audiences à Namur et à Dinant.

Même si les faits remontent à plus de 25 ans, l'importance de ce procès résidera, selon le procureur du Roi de Namur Vincent Macq, dans l'établissement de la vérité. 

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