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Le ministre le promet: les Belges liés aux Panama Papers vont payer cher

Les Belges ayant cherché à éluder l'impôt et dont les noms apparaissent dans les Panama Papers n'auront pas la possibilité de rectifier leur situation via la procédure de régularisation fiscale. Ils seront soumis aux sanctions habituelles, d'après le ministre fédéral des Finances, Johan Van Overtveldt, cité mardi dans les journaux L'Echo, De Tijd et De Morgen.

Les noms de 732 belges ont émergé des Panama Papers, mais l'Inspection spéciale des impôts (ISI) n'en a conservé que 239. Son enquête a établi qu'il s'agissait parfois d'étrangers ayant une adresse belge, d'anciens dossiers ou que les personnes concernées avaient déjà fait appel à la régularisation fiscale.

A la demande du ministre, l'ISI a lancé une enquête pour 239 dossiers, dont 92 à Bruxelles, contre 75 à Anvers et à 32 à Gand. "Ce gouvernement n'a pas attendu les Panama Papers pour s'attaquer à l'évasion fiscale", a déclaré Van Overtveldt. "Avec la taxe Caïman, ce type de construction à l'étranger sera enfin taxé comme les autres revenus."


Qui sont les 732 Belges concernés?

Il s'agit de "grandes fortunes, artistes, nobles et héritiers, médecins et pharmaciens, comptables et experts fiscaux, rois du textile, académiques et quelques hommes de médias, diamantaires et capitaines d'industrie et quelques repris de justice connus", expliquait Le Soir, qui avait révélé l'affaire.

Le nom du metteur en scène belge Franco Dragone apparaît dans ces documents. Le Soir a détaillé les montages offshore construits, notamment via la société Lina International immatriculée aux îles Vierges britanniques, pour rémunérer certains prestataires de services du spectacle "The House of Dancing Water" à Macao. En l'occurrence, le chorégraphe et directeur artistique du show, le franco-italien Giuliano Peparini, dont l'identité est dissimulée derrière une société panaméenne et dont les prête-noms sont des employés de Mossack Fonseca. Pour ce spectacle, M. Dragone est déjà soupçonné par la justice belge d'infractions fiscales internationales graves et organisées ainsi que de blanchiment d'argent. 

Le nom de famille de Spoel­berch, un des trois grands actionnaires familiaux du géant brassicole AB InBev et l'une des familles les plus riches de Belgique, ressort aussi des "Panama Papers". Il s'agit de Rodolphe de Spoelberch (58 ans), Patrice (37 ans) et Alexis Bailo de Spoelberch (34 ans), selon plusieurs médias belges. Leurs sociétés sont dénommées Retro Marketing Corp., Rolph Marketing Corp., Greyberg Holdings et Artistissimo Corp. Le Soir évoquait aussi "un conflit sordide" entre Farida Chorfi, une ex-avocate spécialisée dans la gestion de patrimoine d'un côté, et la vicomtesse Amicie de Spoelberch, l'une des héritières du groupe brassicole belge Interbrew (aujourd'jui AB InBev), de l'autre, les deux fils adoptifs de cette dernière au milieu. Le conflit, porté devant les tribunaux, concerne sur l'héritage d'Amicie de Spoelberch et ses millions de titres au porteur. La famille de Spoel­berch avait déjà été citée dans le cadre des dossiers LuxLeaks et SwissLeaks.

Fabien Debecq, actionnaire majoritaire du club de football de Charleroi, figure aussi dans les Panama Papers. L'ex-champion de bodybuilding aurait logé au moins deux comptes bancaires au Luxembourg derrière des sociétés offshore dans des paradis fiscaux, aux Seychelles, aux îles Vierges britanniques et au Royaume-Uni. D'une part, on retrouve dans les Panama Papers la société Financière Aspen Ltd, créée en 2003 aux îles Vierges et inactive depuis 2010, disposant d'un compte bancaire chez Fortis Banque Luxembourg. Mais encore Hammada SA, immatriculée aux Seychelles en 2007, et dont la banque grand-ducale Pictet & Cie a assuré le suivi jusqu'en 2014. La société sera dissoute cette année-là lorsque les Seychelles exigent plus de transparence pour les actions au porteur. Enfin, un "trust" au profit des enfants de Fabien Debeck a été mis sur pied avec l'aide du cabinet luxembourgeois Facts Service, Wabba World Limited Trust hébergé depuis 2004 aux îles Vierges.

D'autres noms connus ont également été dévoilés, dont Didier Bellens, l'ancien patron de Belgacom décédé cette année. Il y a aussi la famille Brackx, propriétaire de l'hôtel Belroy et actionnaire de Jet Air ; le milliardaire Patokh Chodiev ; Léon-François Deferm, un homme d'affaires liégeois lié à la famille Mathot ; le patron de Leonidas Dimitrios Kestekoglou ; Axel Miller, l'administrateur délégué du groupe Dexia ou encore Willy Verdonck (casinos d'Ostende, Spa et Chaudfontaine) et sa famille.

Rien ne dit à ce stade que ces personnalités connues font partie des 239 personnes réellement poursuivies par l'ISI.


Pour rappel

Ces révélations, considérées par les médias qui en sont les auteurs comme "la fuite de données la plus massive de l'histoire du journalisme", concernent 11,5 millions de documents portant sur 214.000 sociétés offshore situées dans 21 paradis fiscaux. La société Mossack Fonseca, basée à Panama et parmi les champions mondiaux de la domiciliation de sociétés-écrans, est dans l'oeil du cyclone pour avoir créé et/ou administré ces centaines de milliers de sociétés. Panama constitue l'un des centres financiers les plus opaques du monde et fait figure de carrefour pour le blanchiment de l'argent du crime et de la fraude.

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