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Le procès de l'horreur continue: "Ce gamin a été torturé. C'est honteux, indigne!"

Le procès d'Isabelle Dantand et de Gaëtan Massin, suspendu depuis jeudi soir, a repris lundi devant la cour d'assises du Hainaut à Mons avec les plaidoiries des parties civiles.

Le couple est accusé d'avoir torturé un adolescent autiste et d'avoir volontairement privé de soins et d'aliments quatre mineurs. Pour les avocats des parties civiles, il s'agit bel et bien de torture alors que la défense de Gaëtan Massin avait posé, jeudi, la question subsidiaire du traitement inhumain.

Jeudi soir, les avocats de Gaëtan Massin avaient demandé à la cour s'il était envisageable de poser une question subsidiaire à la première question posée au jury, relative aux faits de torture commis sur Jimmy (16 ans), adolescent autiste et polyhandicapé retrouvé, par hasard, le 27 septembre 2013 dans une pièce hyper crasseuse de l'habitation n°4 de la rue Lardinois à Jumet.

Me Bruno et Me Mairiaux ont posé la question du traitement inhumain, moins sévèrement punie par le code pénal, et le président de la cour a accepté. Mais pour les avocats des parties civiles, les accusés doivent être reconnus coupables de torture. Me Tanguy Luambua, qui représente l'aîné des fils de l'accusée Isabelle Dantand, insiste sur la violence qui est apparue dans cette famille avec l'arrivée de Gaëtan Massin, en 2011.

"Il y a eu des coups mais c'est Jimmy qui en a pris le plus car il était incapable de se défendre. Vous vous imaginez ce gaillard d'1m92, qui pèse 70 kilos, qui va s'asseoir sur un gamin d'1m35, qui pèse 35 kilos, et qui lui met des claques", a lancé l'avocat au jury, chargé de statuer sur la culpabilité des deux accusés.

"Il y a aussi ce coup de tournevis planté dans le mollet gauche du gamin. Quand il a reçu le coup, Jimmy a eu un trou dans la jambe, il a pleuré et il l'a enlevé de lui-même, tout en étant autiste", dit-il, sans occulter les traces de ce qui semble être des brûlures de cigarette sur le corps du jeune adolescent polyhandicapé.


"Honteux, indigne"

Quant à Me Frédéric Mohymont, tuteur ad hoc des autres enfants d'Isabelle Dantand, il estime qu'il s'agit bel et bien de faits de torture. L'avocat note que Jimmy sait ce que c'est de souffrir et d'avoir mal, "car il retire lui-même le tournevis de son mollet en pleurant", ajoutant "ce gamin a été torturé. C'est honteux, indigne ! ", s'est insurgé l'avocat, qui est convaincu qu'Isabelle Dantand savait ce qui arrivait à ses enfants.

"Elle a été une bonne mère quand elle était avec le père des enfants et puis tout a changé avec l'arrivée de Gaëtan Massin. Je ne crois pas à l'amnésie". Sur la prévention de privation de soins et d'aliments, les avocats des parties civiles n'ont aucun doute.

"Cinquante jours sans manger par rapport à vos 500 jours de détention, ça vous parle?", a demandé Me Mohymont à la mère des enfants qui disposait de près de 2.000 euros d'allocations mensuelles pour faire vivre sa famille. "Les chiens avaient à manger et les gosses non, vous vous imaginez", maugrée l'avocat qui estime que les accusés ont menti quand ils prétendent qu'ils ne montaient plus à l'étage pour voir Jimmy.

"Il était incapable de prendre son valium lui-même, or des doses en suffisance thérapeutique ont été retrouvées dans son sang", raconte l'avocat qui s'étonne que la Dépakine n'était pas administrée au gamin épileptique.

Enfin, Me Mohymont prétend que "Jimmy était mort dans le cœur de sa mère", en montrant la photo d'une chaise roulante abandonnée dans un grenier. Me Luambua ajoute que le couple s'organisait pour que Jimmy soit au rez-de-chaussée de la maison de la rue Lardinois à Jumet quand une visite du SAJ était annoncée, "mais quand c'est la police ou un voisin qui arrivait sans s'annoncer, on ne pouvait pas voir Jimmy qui avait été abandonné à son sort depuis trois semaines quand il a été retrouvé le 27 septembre 2013, soit 816 jours après l'arrivée de Gaëtan Massin, et qu'il était en train de mourir de faim".


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