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Le vitrioleur Richard Remes jugé pour le meurtre d'un bébé en 1988: "Je ne sais pas ce qui s'est passé cette nuit là, je ne peux pas en dire plus"

Richard Remes, un habitant de Koekelberg né le 4 janvier 1955, a déjà été condamné à 30 ans de réclusion par la cour d'assises de Bruxelles, le 22 mars 2012, pour avoir tenté d'assassiner sa maîtresse Patricia Lefranc en l'aspergeant de vitriol. Cette fois, il est poursuivi pour avoir assassiné une fillette de 16 mois, à Bruxelles dans la nuit du 15 au 16 janvier 1988. Il a toujours nié ces faits et avait bénéficié d'un non-lieu en 1997.

Jeudi en début de soirée, la cour d'assises de Bruxelles-Capitale délocalisée à Nivelles a entendu la première partie des plaidoiries de la partie civile. Me Sven Mary - qui défend les intérêts de la mère de la petite Sandra tuée en janvier 1988 - a commencé en précisant aux jurés que si sa cliente avait été suspectée à l'époque, l'enquête a par la suite démontré qu'aucun élément ne pouvait être retenu à sa charge. Pour la partie civile, le coupable est bien Richard Remes, qui est seul dans le box des accusés et qui nie depuis 29 ans l'assassinat de l'enfant, âgée de 16 mois lorsqu'elle a été tuée.

Comme l'avaient fait les témoins de moralité, l'avocat de la partie civile a commencé sa plaidoirie en évoquant l'amour de sa cliente pour la petite Sandra. Antoinette G. a été unanimement décrite au cours des cinq premiers jours du procès comme une mère généreuse, sincère, et pour laquelle sa fille était tout. "Cet amour exclut que ce soit elle qui aurait pu violenter, voire tuer son enfant. Pensez-vous que si elle avait quelque chose à se reprocher dans la mort de son enfant, elle aurait mis tout en oeuvre pour que ce dossier qui était enterré depuis 14 ans soit rouvert après l'affaire Patricia Lefranc ? Non, évidemment. Cela relève du bon sens. Elle serait restée la plus discrète possible, et n'en aurait pas parlé avec une autre victime de Richard Remes. A son encontre, il n'y avait aucun élément. Aucun. Je souhaite que cela soit clair une fois pour toute", a plaidé l'avocat d'Antoinette G..

Puis il s'en est pris à Richard Remes, estimant que l'accusé se faisait passer pour une victime pour dissimuler ses mensonges et ses manipulations. Dans l'affaire du vitriolage de Patricia Lefranc, qui a valu à Remes d'être condamné à 30 ans de réclusion, il s'agissait aussi d'une réaction de violence parce que celle qui était sa maîtresse en 2009 voulait le quitter. Pour le conseil d'Antoinette G., sa cliente, qui était la maîtresse de l'accusé et voulait aussi quitter l'accusé en 1988, a payé cette intention par la perte de ce qu'elle avait de plus cher, c'est-à-dire sa fille.

Lorsque le président Michel De Grève a demandé à l'accusé comment d'après lui les faits s'étaient déroulés, Richard Remes a répondu que c'était une question qu'il se posait depuis 29 ans, sans en avoir encore jamais trouvé la réponse. "Je ne sais pas ce qui s'est passé cette nuit là. Je ne peux pas en dire plus", a précisé l'accusé. Quant à Antoinette G., elle a répété qu'après avoir bu le Pisang que lui avait servi Richard Remes durant la soirée, ils ont eu une discussion sur leur relation et elle s'est endormie. Elle ne sait pas comment elle s'est retrouvée dans son lit: elle a juste entendu son amant utiliser ses clés pour sortir de l'appartement et lorsqu'elle s'est réveillée, le lendemain vers 10 heures du matin, sa petite fille n'était plus là.

La partie civile estime qu'il y a dans le dossier un faisceau de présomptions graves, précises et concordantes désignant l'accusé comme coupable de l'assassinat de l'enfant. En concluant sa plaidoirie, Me Sven Mary a rappelé que Richard Remes, au premier jour du procès, avait cité Sartre. "L'enfer, c'est les autres... Vous vous trompez, Richard: l'enfer, c'est vous !", a conclu le plaideur.

Vendredi matin, Me Daniel Spreutels prendra le relais, toujours pour la partie civile, puis l'avocat général Pierre Rans prononcera son réquisitoire sur la culpabilité. Les avocats de l'accusé plaideront l'après-midi.

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