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La soeur de Jimmy témoigne au procès: "On mangeait des tartines pourries avec des asticots dedans"

Le procès de Gaetan Massin et d'Isabelle Dantand s'est poursuivi lundi après-midi et mardi matin devant la cour d'assises du Hainaut. Le couple est accusé d'avoir torturé Jimmy, un adolescent autiste, épileptique, lourdement handicapé, et d'avoir volontairement privé d'aliments ou de soins quatre enfants âgés de 4 à 16 ans, en l'occurrence les enfants de l'accusée et un enfant qu'ils ont eu en commun. Les policiers, le juge d'instruction et les experts ont longuement détaillé l'enquête qui fut d'abord sanitaire.

La cour d'assises du Hainaut a procédé lundi aux premiers témoignages dans le cadre de ce lourd dossier de torture d'un adolescent autiste. Pour le juge d'instruction chargé de l'enquête, il y a clairement un "avant et un après Massin". Selon Paul Dhaeyer, Isabelle Dantand s'occupait de Jimmy et de ses autres enfants, "avec les moyens du bord mais aussi avec amour", avant de rencontrer son compagnon. Gaetan Massin est arrivé dans sa vie en 2012 et Isabelle Dantand "est devenue le centre de son petit monde, au détriment de ses enfants", lesquels ont été placés par le Service d'aide à la Jeunesse, sauf Jimmy.

Le frère et la soeur de Jimmy n'ont pas fourni la même version de l'histoire. La petite Alyson (12 ans) a confirmé les propos de son frère Dylan, lequel avait indiqué que leur frère Jimmy vivait déjà dans des conditions hygiéniques déplorables avant l'arrivée de Gaëtan Massin.


"Le soir, on ne mangeait pas ou alors on mangeait des tartines pourries, avec des asticots dedans"

Alyson, passionnée de football, raconte qu'elle devait aussi s'occuper de son frère handicapé quand sa maman passait ses après-midi chez une amie et que son père sombrait dans l'alcool. "Quand on habitait Farciennes, Jimmy était enfermé dans sa chambre et je jouais avec mes deux autres frères à la Playstation. Le soir, on ne mangeait pas ou alors on mangeait des tartines pourries, avec des asticots dedans". Elle a décrit l'état déplorable de la chambre de Jimmy, bien avant l'arrivée de Gaëtan Massin dans la vie de sa mère, comme l'avait fait plus tôt son frère Dylan.

A l'époque, l'enfant autiste vivait dejà au milieu des excréments canins. "Gaëtan est arrivé quand nous vivions encore à la rue Clément Daix. Au niveau nourriture, c'était dix fois plus pire quand Gaëtan est arrivé", dit Alyson avec toute l'innocence d'un enfant de son âge, "on avait plus rien à manger et on allait presque plus jamais à l'école".


"Gaëtan a aussi tué mon chat en lui shootant dedans"

La petite Alyson confirme que Gaëtan Massin a été violent avec son frère Jimmy, en l'agressant avec un tournevis ou en lui portant des claques en s'asseyant sur ses jambes, car l'enfant autiste criait ou pleurait. "Gaëtan a aussi tué mon chat en lui shootant dedans quand nous étions à la rue Clément Daix". Selon la petite fille, Gaëtan a changé de comportement quand il était avec sa maman, "il jouait parfois avec nous mais il a arrêté ensuite". La petite fille ne souhaite plus vivre chez sa maman, "je n'ai plus envie de vivre ça", dit la petite fille qui était suivie par un psychologue au moment de son audition.


Contrairement à Jimmy, "les chiens étaient bien portants"

Selon les enquêteurs, seuls Isabelle Dantand et Gaetan Massin ont eu un accès direct à l'enfant dans les mois qui ont précédé la découverte de l'adolescent rachitique le 27 septembre 2013 au milieu de vingt kilos de déjections canines. En se basant sur les rapports de moralité, les enquêteurs ont dressé un portrait très noir de l'accusé Gaetan Massin, "un homme colérique, oisif et sans hygiène". Ce dernier maintient que les deux chiens vivaient à l'étage avec Jimmy, "mais contrairement à lui, les deux chiens étaient bien portants", note un policier.


"L'odeur était telle qu'il était impossible pour moi de faire des photos"

Un policier arrivé rapidement sur les lieux le 27 septembre 2013, évoque "une odeur insupportable" au sein de cette minuscule habitation située le long de la rue Lardinois à Jumet. "L'odeur était telle qu'il était impossible pour moi de faire des photos", a commenté un policier qui dit avoir vu des images "dignes d'un camp de concentration". A l'intérieur de cette maison il n'y avait pas d'électricité, sauf une rallonge qui venait de la maison voisine, et d'eau chaude.


Une découverte hasardeuse

Pendant plusieurs heures, les enquêteurs ont détaillé leur enquête qui fut particulière car elle a démarré par une découverte hasardeuse. C'est lors d'un déménagement que Jimmy a été découvert par un homme. L'enquête sanitaire s'est avérée plus dramatique. Des dizaines de personnes ont été entendues dans le cadre de cette enquête, même parfois plusieurs fois, durant plusieurs mois. Les dépenses opérées par le couple ont aussi été épluchées par les enquêteurs.


Il y a une "nette évolution" pour Jimmy

L'expert en toxicologie a analysé le sang de l'adolescent autiste et confirme que seul le taux de diazépam, appelé communément le Valium, était en taux thérapeutique alors que le taux des autres médicaments administrés pour Jimmy était au taux inférieur thérapeutique. Ce qui confirme que l'adolescent n'a pas été soigné comme il devait l'être. Le médecin légiste a pu voir Jimmy a trois reprises, ce qui lui a permis de voir son évolution après un dosage de son traitement par l'hôpital. "Jimmy marche mieux avec une stature plus normale et il perçoit mieux ce qu'on lui dit, il y a un contact physique avec autrui. Les troubles du comportement sont toujours là mais il y a une nette évolution", note le médecin légiste qui a pu constater des cicatrices arrondies "en cocarde" sur le corps de Jimmy, compatibles avec des brûlures de cigarettes, mais qu'il ne peut dater.


L'accusé "constitue un danger social"

Enfin, le psychiatre qui a rencontré les accusés note qu'Isabelle Dantand, enceinte à ce moment à la prison de Bruges, se retranche derrière une amnésie lacunaire et sélective. "Il s'agit surtout d'un refoulement de souvenirs probablement trop désagréables à retenir", note l'expert qui estime "qu'elle est socialement dangereuse pour les mineurs dont elle a la charge vu son manque de prise de responsabilités".

Au sujet de l'accusé, le médecin note que "l'état de l'intéressé constitue un danger social pour les mineurs dont il aurait la garde et la charge dans la mesure où il n'a guère beaucoup de compétences et semble dénué de toute sollicitude. Vivant au gré des circonstances comme en témoignent ses attachements affectifs des plus hasardeux". Les accusés sont responsables de leurs actes.

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