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Procès des attentats de Bruxelles: le ministre de la Justice mis en demeure

La présidente de la cour d'assises de Bruxelles, Laurence Massart, a donné la parole aux procureurs mardi vers 10h15 pour la lecture de l'acte d'accusation dans le procès des attentats commis à Bruxelles et Zaventem le 22 mars 2016.


Contrairement à la veille, peu de parties civiles étaient présentes sur place à l'entame de cette deuxième journée d'audience. Possibilité leur était toutefois offerte de suivre les débats via une web radio. Après avoir annoncé lundi le dépôt de conclusions concernant les conditions de détention et de transfert des accusés, Me De Taye, l'avocat d'Ali El Haddad Asufi, a finalement décidé de temporiser. Il a toutefois confirmé avoir mis en demeure le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, ce matin. La cour a donc pu poursuivre son programme comme prévu.

La lecture de l'acte d'accusation débute après le remplacement d'un juré

Ce deuxième jour du procès a commencé par le remplacement de la deuxième jurée effective, couverte par un certificat médical, par un juré suppléant, réduisant le nombre de suppléants à 21, deux d'entre eux ayant déjà fait défaut la veille. Le premier juré effectif a également signalé avoir reconnu un nom, la veille, lors de l'identification des parties civiles. Il s'agissait vraisemblablement de l'ex-mari de l'une des victimes. Il a cependant précisé ignorer que cette personne s'était portée partie civile, ne plus l'avoir vue depuis six ans et ne pas connaitre la victime elle-même. Ce juré a considéré être toujours apte à siéger. Laurence Massart a interrogé le parquet et la défense à ce sujet, mais tout deux ont déclaré n'avoir pas d'objection à ce que le juré concerné soit maintenu.

Osama Krayem refuse toujours de répondre aux questions

La présidente de la cour a ensuite pris le temps d'expliquer au jury la signification du serment que tous ses membres avaient prêté lors de l'audience de composition du jury, la semaine dernière. Elle a notamment invité les jurés à ne pas se forger une opinion avant la fin du procès et leur a rappelé que le fait de trahir ses opinions, en ayant des gestes d'agacement durant un témoignage par exemple, pouvait être synonyme de récusation. Enfin, Laurence Massart a rappelé au jury qu'il se devait de respecter le secret professionnel concernant ses délibérations. Elle a aussi précisé que les membres qui le souhaitent pourraient bénéficier d'un soutien psychologique après le procès.

Parole a ensuite été donnée, vers 10h15, à Paule Somers et Bernard Michel, qui représentent le parquet, pour la lecture de l'acte d'accusation. Ceux-ci ont donc détaillé les identités et les alias des accusés, évoqué la situation en Syrie à l'époque ainsi que les attentats de Paris avant de passer aux événements ayant mené aux attentats du 22 mars 2016 à Zaventem et Bruxelles.

Ils ont ensuite décrit le déroulement des faits ainsi que les résultats de la perquisition de l'appartement de la rue Max Roos et le contenu de l'ordinateur retrouvé sur place. L'accusé Osama Krayem s'est retiré avant le début de la lecture et a été reconduit dans une cellule du Justitia. Il avait déjà refusé lundi de répondre aux questions de la présidente.  L'audience a été suspendue vers 13h00 pour la pause de midi.

Plusieurs événements ont précipité la commission des attentats à Bruxelles le 22 mars 2016

La procureure Paule Somers a expliqué, mardi matin, devant la cour d'assises de Bruxelles, au travers de l'acte d'accusation du parquet dont la lecture est en cours depuis 10h15, que plusieurs éléments ont précipité la commission des attentats le 22 mars 2016 à Zaventem et à Bruxelles. C'est essentiellement l'identification de plusieurs suspects, au fur et à mesure que l'enquête sur les attentats à Paris avançait, qui a poussé les membres de la cellule terroriste encore en vie à agir.


Plusieurs suspects des attentats en France le 13 novembre 2015, à commencer par Mohamed Abrini et Salah Abdeslam, ont rapidement été identifiés et recherchés par les enquêteurs belges et français, a rappelé la procureure.

Une première arrestation importante intervient ensuite le 26 novembre 2015, celle d'un autre suspect, Mohamed Bakkali. "Il est suspecté notamment d'avoir loué plusieurs appartements "conspiratifs" et d'avoir "véhiculé les kamikazes", précise l'acte d'accusation. Ensuite, le 4 décembre, un avis de recherche avec les photos de Najim Laachraoui et de Mohamed Belkaïd est diffusé dans la presse. Ils sont présentés comme coordinateurs probables des attentats à Paris et sont alors connus seulement sous leurs faux noms, Soufiane Kayal et Samir Bouzid. Un peu plus de trois mois plus tard, le 15 mars 2016, a lieu ce qui est désormais connu sous le nom de "fusillade de la rue du Dries".

Course contre la montre 

Lors d'une perquisition dans un appartement de la rue du Dries à Forest, les enquêteurs, qui pensaient y découvrir une planque abandonnée de la cellule terroriste, sont accueillis par des tirs de kalachnikov. Après un fort chabrol de plusieurs heures, l'un des trois terroristes qui sont retranchés dans cette habitation, Mohamed Belkaïd, est tué par les unités spéciales. Les deux autres sont Salah Abdeslam et Sofien Ayari. Ils ont réussi à prendre la fuite. Le lendemain, 16 mars, certains médias divulguent alors les noms et les photos d'Ibrahim et Khalid El Bakraoui, comme étant ceux qui ont loué cet appartement à Forest. De nouveaux articles de presse seront publiés le 18 mars au sujet des deux frères, avec des informations les liant eux aussi aux attentats à Paris.

Ce même jour, Salah Abdelsam et Sofien Ayari sont arrêtés rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean. Enfin, le 21 mars, la veille des attentats, le vrai nom de Najim Laachraoui est publié dans la presse à la demande des autorités judiciaires. "Ces événements ont précipité la commission des attentats à Bruxelles. Identifiés au grand jour et craignant d'être arrêtés à leur tour, les membres survivants de la cellule terroriste, reformée après les attentats à Paris, décident d'agir le 22 mars 2016", ont écrit les procureurs. Cette réalité ressort en effet de documents retrouvés dans un ordinateur abandonné par les kamikazes, à proximité de la rue Max Roos à Schaerbeek. L'accusé Mohamed Abrini a par ailleurs déclaré que "l'étau se resserrait".

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