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Trafic de drogue sophistiqué à partir de Bruges: vente sur le "dark web" et utilisation de la monnaie "Bitcoins"

Impressionnante et fructueuse opération de police que celle de la police judiciaire de Flandre orientale démarrée il y a plus de deux ans et qui a mené au démantèlement d'une filière de drogue entre la Belgique et les États-Unis, principalement organisée depuis Bruges. La police fédérale a décrit le fonctionnement du trafic, particulièrement élaboré. Voici le communiqué.

De concert avec les États-Unis et la Roumanie, la police judiciaire fédérale de Flandre orientale a procédé à l'arrestation de 12 membres d'une bande de trafiquants de drogue.


Drogue vendue sur le dark web

Tout a commencé en février 2014, lorsque des sociétés se sont vu renvoyer, depuis les États-Unis, des colis qu'elles n'avaient jamais envoyés. La bande de trafiquants vendait de la drogue sur le dark web et envoyait les commandes par colis postal aux États-Unis, en mentionnant comme expéditeur le nom d'une entreprise située, entre autres, en Belgique, en France ou en Allemagne. La bande a été démantelée au début du mois de mai au cours d'une action internationale.


Expéditeur incorrect

Le 20 février 2014, une entreprise de Sint-Niklaas a signalé à la police qu'un colis postal non livré lui avait été renvoyé depuis les États-Unis. Or, l'entreprise concernée n'avait pas expédié ce colis, qui contenait par ailleurs des espèces de cristaux.

Le parquet de Flandre orientale a alors demandé à la police judiciaire fédérale (PJF) de Flandre orientale (section drogues) de mener une enquête sur cette affaire. Lorsqu'une des personnes lésées s'est constituée partie civile, le juge d'instruction de Termonde a repris l'enquête.

Il s'est avéré que d'autres sociétés, entre autres à Bruges, Anvers et Bruxelles, ont été lésées et que leurs données ont été utilisées de manière abusive.


Cristaux de MDMA

Une première analyse a révélé que les cristaux contenus dans les colis étaient du MDMA, qui sont consommés en tant que drogue pure dans le milieu de la nuit et servent à la fabrication de l'ecstasy. Un kilo de MDMA permet de fabriquer pas moins de 10 000 pilules d'ecstasy.

L'enquête subséquente a révélé que la bande utilisait les données de sociétés existantes à leur insu. Les trafiquants cherchaient des sociétés qui vendaient des " produits semblables " (ex. : des sels de bain ou du matériel pour trains miniatures). Ils mentionnaient ensuite ces sociétés en tant qu'expéditeurs et établissaient de fausses factures afin de ne pas éveiller les soupçons lors du contrôle des colis et de rester hors d'atteinte.

La PJF de Flandre orientale a mené l'enquête subséquente en collaboration étroite avec les autorités américaines, roumaines et européennes.


"Italian Maffia Brussels"

L’enquête conjointe a par ailleurs montré que le chef de l’organisation recourait au dark web pour commercialiser ses produits. Sous le pseudonyme " Italian Maffia Brussels ", les auteurs vendaient divers types de drogues sur les market places. L’organisateur se faisait payer en bitcoins (monnaie électronique).

Il est apparu durant l’enquête que la bande changeait régulièrement de pays pour envoyer ses colis. Ceux-ci étaient expédiés de Belgique, mais aussi de France et d’Allemagne.

D’autres services de police furent dès lors impliqués dans l’enquête : la Police judiciaire de Lille, la Kriminalpolizei (KRIPO) d’Aix-la-Chapelle, le Landeskriminalamt (LKA) de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le Bundeskriminalamt (BKA) de Wiesbaden.

De manière systématique, les auteurs utilisaient abusivement les données de sociétés existantes afin d’envoyer de la drogue à leur insu. Les colis étaient expédiés depuis les pays respectifs de ces sociétés. Les envois contenaient souvent du MDMA (ex. : 250 g), mais aussi de l’ecstasy (ex. : 1 000 pilules) ; ils étaient expédiés par la poste.


L'organisateur: un Belgo-roumain de 23 ans habitant à Bruges

Grâce à leurs efforts intensifs, les enquêteurs ont finalement réussi à identifier plusieurs suspects. Le trafic était organisé par un Belgo-roumain de 23 ans vivant à Bruges et par ses complices. Les envois étaient préparés dans un box de garage, loué par un complice de 24 ans, Brugeois lui aussi. Avec un troisième suspect de 26 ans, vivant également à Bruges, les trois individus étaient chargés de l’envoi des colis de drogue. Deux frères âgés de 29 et 22 ans, originaires de Gand et de Maldegem, sont par ailleurs soupçonnés de faire partie de l’organisation, tout comme deux autres individus (âgés tous les deux de 24 ans) de Bruges et un Roumain de 20 ans.


Démantèlement de l’organisation au début du mois de mai

Les 3 et 4 mai 2016, la PJF de Flandre orientale a réussi, en étroite collaboration avec leurs collègues américains de l’ICE et le Central Anti Drugs Service roumain de Bucarest, à mettre la bande sous les verrous. Huit suspects ont été arrêtés en Belgique, et deux en Roumanie. Les autorités américaines ont demandé l’extradition des deux suspects appréhendés en Roumanie. Deux autres suspects ont été arrêtés à la fin du mois de mai. Sur les dix suspects arrêtés en Belgique, six ont été placés sous mandat d’arrêt et un a été mis en liberté conditionnelle par le juge d’instruction de Termonde.

Dix-sept perquisitions ont été menées en Belgique, essentiellement à Bruges mais aussi à Beernem, Gand et Maldegem, en collaboration avec la police judiciaire fédérale de Flandre occidentale, la police locale de Gand et la zone de police Het Houtsche.

Ces perquisitions ont permis la découverte de drogue (plus de 2 kg de MDMA et plus de 4 000 pilules d’ecstasy) et de matériel d’emballage pour les envois par la poste. Plus de 10 000 euros en argent liquide ont été saisis, de même que 3 voitures (BMW 520d, Peugeot 308 et Volkswagen Golf).

L’organisation est soupçonnée d’avoir expédié des centaines de colis vers les États-Unis. Son chiffre d’affaires sur la plate-forme de vente de drogue en ligne Silkroad dépasse 2,4 millions de dollars.

Aux États-Unis, les services de police ont également arrêté plusieurs suspects et saisi d’importantes quantités de MDMA. Le fondateur de Silkroad, un homme de 31 ans, a été appréhendé fin 2014 par les services de l’administration américaine au terme d’une opération d’infiltration ; il a été condamné à la prison à vie en 2015.

L’organisation belgo-roumaine qui vient d’être démantelée était notamment active sur cette plate-forme en ligne.

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