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Une des bombes de l'aéroport de Bruxelles National a explosé à 5 mètres de Mathieu: "J'ai vu tout le monde tomber autour de moi, mais je suis resté debout"

Alors que la Belgique essaie lentement de se remettre des dramatiques évènements de mardi passé, l'heure est au recueillement et aux témoignages des rescapés, forcément choqués. Mathieu est Bruxellois et a participé à l'émission "Belgique Attaquée – Le Jour d'Après", présentée par Christophe Deborsu, mercredi soir. Il était au cœur des attentats, mais s'en est sorti pratiquement indemne.

Mathieu Fescher était à l'aéroport de Bruxelles National mardi matin, au moment où les attaques terroristes, qui ont fait 31 morts et 300 blessés, ont été perpétrées. Il se rendait à New-York, pour des vacances.

L'une des deux bombes a explosé près de lui. La distance "est très difficile à évaluer", mais "en y repensant et en revivant la scène", il pense que c'était "entre 5 et 10 mètres", a-t-il précisé dans l'émission spéciale de Christophe Deborsu "Belgique Attaquée – Le Jour d'Après", diffusée mercredi soir (VOIR L'INTEGRALITE DE L'EMISSION).

Comment décide-t-on "Je me couche, ou je cours"

"J'ai vu un éclair, une déflagration. J'ai vu quasiment tout le monde autour de moi tomber. Et moi je suis resté debout, comme ça, un dixième de seconde. Et puis, je me suis vite couché. J'ai attendu un peu".

Pourquoi cette décision de se coucher au lieu de courir ? "C'est une question d'instinct. Je n'ai pas réfléchi, mais j'ai pensé tout de suite que c'était un attentat. Et que s'il y avait d'autres bombes, ou que cela allait tirer encore, il valait mieux que je me couche, et que je fasse le mort".


Du sang partout, mais "ça n'était pas le mien"

"Après deux ou trois minutes, je me suis relevé, j'ai regardé si j'avais encore mes bras et mes jambes, si je saignais... J'avais du sang partout, sur ma veste, mais ça n'était pas le mien".

"On se rend compte qu'on est en vie quand, par instinct, on se relève, et on décide de quitter les lieux, vers une porte... L'instinct de survie est en marche".

Il quitte les lieux et trouve un taxi, qui l'aide

Pour partir, Mathieu a du "enjamber les corps", une épreuve terrible. "Il y avait de la poussière, des panneaux partout. Il y avait un périmètre de sécurité mis en place, déjà. Comme je n'avais rien, j'ai demandé de l'aide à un taxi, que je voudrais remercier".

"C'était un Marocain musulman, il m'a un peu parlé. Il m'a dit qu'on allait faire demi-tour, et qu'il allait m'amener quelque part pour des soins. Il n'a pas hésité, il a fait demi-tour sur la route. Je ne sais pas s'il me regarde, mais je voudrais vraiment le remercier".

"Je suis donc reparti en taxi, j'ai été voir quelqu'un pour me soigner, puis j'ai été voir un psy".

Mathieu culpabilise: il connait une victime

Le jour d'après, Mathieu a ressenti de la culpabilité, car il connait une personne. "Malheureusement, je connais indirectement un jeune homme, je connais sa mère. Mon fils le connait. Je n'ai pas trop regardé les nouvelles, mais j'ai appris par SMS qu'il était décédé à Erasme pendant la nuit".

"Il avait 20 ans, la vie devant lui. Moi je ne suis pas encore tout-à-fait vieux, mais... c'est à ça qu'on pense. Pourquoi lui et pas moi ? Il parait que c'est une réaction psychologique normale, mais je pense vraiment fort à lui, parce que moi... j'ai eu de la chance".

Au final, Mathieu n'a presque pas de blessures. "J'entends mal. Un tympan perforé, une perte d'ouïe, c'est peut-être réversible, je ne sais pas. Mais à côté de ce qu'il s'est passé autour de moi, c'est dérisoire".

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